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Arnaud Tonus “le docteur n’était pas sûr que je puisse rouler de nouveau”

Arnaud n’est pas passé loin de la victoire de GP à Kegums.

Après des saisons marquées par les blessures, Arnaud Tonus reprend des couleurs et s’impose comme la révélation de l’année. Auteur de 4 podiums de Grand Prix consécutifs, Arnaud n’est pas passé loin de remporter l’épreuve de Kegums. Le tout, dans le sable, qui n’est pas la surface de prédilection du pilote Suisse.

S’il fallait nommer un nouveau vainqueur de Grand Prix cette saison, il ne fait aucun doute que beaucoup miseraient sur Arnaud – avec raison. Pourtant, en 2018, Arnaud n’est pas passé loin de raccrocher les gants.

Le pilote Yamaha est d’ailleurs sélectionné avec Jeremy Seewer et Valentin Guillod pour représenter l’équipe Suisse lors du prochain Motocross des Nations d’Assen.

Une interview réalisée par MXLarge

Tu dois te sentir bien. Tu roules vraiment bien, tu as presque gagné le GP.

Tu te souviens de l’interview qu’on a faite durant l’hiver ? [Une interview où Arnaud revenait suite à une année de blessure]. C’est dur d’y repenser, mais je sentais que j’avais ce qu’il fallait en moi, pour y arriver. Il a fallu être patient à cause de ces blessures, et c’était dur à avaler. Revenir de ces blessures, de cette façon ça fait vraiment du bien. Je suis très reconnaissant.

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Quand tu as pris la tête de la course, ils ont montré ta copine à la télévision, et elle avait l’air tellement fière, comme si elle savait que tu pouvais le faire. Les gens qui t’entourent doivent t’être d’une aide précieuse.

Ma copine me connaît mieux que personne car elle était là durant les moments difficiles. Elle sait ce que j’ai traversé. Je ne suis pas un type qui s’exprime beaucoup et pourtant c’était vraiment compliqué. Je ne pense pas qu’elle était fière de moi parce que je menais la course, mais peut-être que c’est ce que tu as compris en voyant l’expression sur son visage.

Elle est très calme et humble et que je sois 20ème ou 1er elle me soutient de la même façon. C’est vraiment top de sa part, c’est incroyable et je peux voir sur son visage quand les choses ne vont pas qu’elle me soutient, elle ne me juge jamais et c’est vraiment cool, je suis très reconnaissant pour ça. Je suis content de l’avoir à mes côtés.

Les gens qui ne sont pas compétiteurs, ou qui ne passent pas par ces blessures, ne réalisent pas ce par quoi vous passez avec les blessures. Est-ce qu’à un moment tu as arrêté d’y croire ?

Bien sur, surtout lors de ma dernière blessure à l’épaule. Même le docteur m’a dit qu’il n’était même pas sûr que je puisse rouler de nouveau. C’était le foutoir là-dedans, tout était en vrac et à ce moment-là je pensais que c’était terminé. Tu as la douleur et tu n’y crois plus, tu souffres juste. Tu ne veux plus rouler dans ces moments-là.

J’étais entouré des bonnes personnes, Louis – le propriétaire du team – me soutenais.

Il aurait pu choisir la facilité en resignant Shaun ?

Je ne roulais pas et pourtant il croyait toujours en moi, je suis vraiment reconnaissant envers Yamaha et Louis. Il y avait beaucoup d’émotions quand je suis remonté sur la moto, j’avais peur, il m’a fallu du temps pour redevenir moi-même.

Pendant longtemps, j’étais tendu sur la moto. Maintenant je suis content car je suis détendu et je suis content de rouler.

À un moment à Kegums je me suis dit que je ne t’avais jamais vu rouler à ce niveau. Est-ce que c’est le meilleur niveau que tu n’as jamais affiché ?

Difficile à dire. Dans ces conditions, je dirais oui. Je ne suis pas spécialement à l’aise d’habitude dans le sable, je ne suis pas né sur ces circuits. La Russie c’est plus mon style de tracé, mais j’étais vraiment content de rouler comme ça dans ces conditions à Kegums.

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Pour moi, le mieux que je me suis senti sur une moto, c’était à Arco en 2014. J’étais dernier dans le premier virage avec un problème mécanique et je suis remonté pour terminer second dans la roue de Jeffrey Herlings, je crois que c’était le sentiment le plus fort de toute ma carrière.

Tout le monde parle des circuits qui vont favoriser Tim, mais tu aimes aussi les terrains bétons, comme l’Allemagne, l’Indonésie, Loket. Tu dois avoir hâte vu ta forme actuelle de rouler sur ces circuits.

Bien sûr, mais j’essaye de prendre chaque course comme un cadeau. Je ne me disais pas que je roulais dans du sable à Kegums, j’étais juste content de rouler. Je vois ça comme un cadeau [de pouvoir rouler], c’est de cette façon-là que je me suis entraîné mentalement et il me semble que ça fonctionne.

Tu as presque gagné le grand prix et tu as l’air vraiment calme et détendu. Est-ce le plus calme que tu n’as jamais été ?

Je ne sais pas, je pense que j’ai toujours été quelqu’un de très calme, mais quand tout se déroule comme ça, c’est facile d’être détendu. Aujourd’hui, c’était chargé émotionnellement pour moi car j’étais en tête de la course et j’ai utilisé beaucoup d’énergie, c’est surement pour ça que j’ai l’air détendu, mais c’est surtout de la fatigue émotionnelle, si tu vois de quoi je parle.


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