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Colton Aeck “On m’a donné une seconde chance”

Il est des histoires qui vous marquent, qui vous touchent, celle de Colton Aeck est une d’entre-elles.

À l’âge de 21 ans, Colton Aeck n’est pas passé loin de la catastrophe et ses rêves de Supercross ont bien failli s’envoler.

Le 11 février 2017, Colton était loin d’imaginer un seul instant que sa vie basculerait alors qu’il s’élance sur la piste d’Arlington pour un énième Supercross.

L’histoire de Colton Aeck vous inspire et connaît une fin heureuse. Colton sera le premier à vous dire qu’une seconde chance lui a été octroyée. Partiellement paralysé, il a dû réapprendre tous les gestes de la vie, tous ces gestes anodins qui sont pris pour acquis au quotidien…

Suite à l’engouement général autour des pilotes privés, j’ai décidé de contacter Colton pour lui proposer de nous expliquer un peu plus sa vie de pilote privé, son accident, son parcours …

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Colton était plus qu’emballé par l’idée de se faire connaître auprès du public Français, assurément pas autant que moi…

Colton, comment va ton dos 2 ans après ton accident d’Arlington ?

Cet accident d’Arlington a changé ma vie pour toujours. Ça a été deux longues années et pour être franc, je suis toujours en phase de récupération.

Après ma chute, il m’a fallu environ 2 mois pour réapprendre à marcher et je suis toujours en train de me reconstruire musculairement, de travailler sur ma coordination.

Je dirais que je suis de retour à 80% de mes capacités habituelles, mais ça s’améliore.

Suite à cet accident, tu as quand même tenté de revenir en 2018. N’était-ce pas trop tôt ?

Si je pouvais revenir dans le temps, c’est clair que j’attendrais plus longtemps avant de recommencer à rouler.

Je n’étais pas assez fort physiquement, à l’époque j’avais encore du mal avec les sensations dans les pieds et je galérais à avoir un ressenti avec le sélecteur et le frein arrière.

Je suis tombé beaucoup de fois, j’ai commis beaucoup d’erreurs stupides que j’aurais pu éviter si j’avais attendu plus longtemps.

Mais d’un autre côté, je suis content d’être revenu tôt.

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Revenir à la compétition, c’était ce qui me motivait à travailler dur pour récupérer pendant ma convalescence. Sans cet objectif, je ne suis pas certain que j’aurais donné autant et que j’aurais récupéré comme j’ai récupéré.

As-tu pensé à tout plaquer ? Si oui, qu’aurais-tu fait ?

J’ai pensé à raccrocher plusieurs fois depuis ma blessure. Je pense que le jour ou j’arrête de rouler, je me lancerais dans la rééducation et la réhabilitation pour les personnes qui ont subi de graves blessures au dos comme moi.

Ma propre blessure m’a fait découvrir une réelle envie d’aider les gens qui sont dans la même situation que moi.

Chaque fois que je pense à tout plaquer, je pense aussi à tous mes amis qui se sont gravement blessés et qui ne peuvent plus rouler.

On m’a donné une seconde chance pour pouvoir vivre mes rêves et je ne veux pas la gâcher

Monster Energy Cup, Straight Rythm, tu devais revenir en ce début de saison 2019 mais tu as dû repousser, pourquoi ?

J’ai passé une inter-saison de folie ! Je me qualifie pour la finale 450 à la Monster Energy Cup, et je me suis vraiment éclaté à la Red Bull Straight Rythm.

Je me sentais vraiment bien sur ma moto et j’étais vraiment excité à l’idée de débuter enfin une nouvelle saison.

Le samedi avant Anaheim 1 à l’entraînement je crève de l’avant et je tombe, je me suis vraiment bien éclaté par terre, résultat: une commotion cérébrale.

J’ai pris un peu de repos et j’ai essayé de revenir à Anaheim 2 mais ma tête me faisait encore terriblement mal, j’avais besoin de plus de temps.

J’ai vu ta story Instagram avec les motos dans les vans, tu peux m’en dire plus ?

Haha ! Seattle c’était une vraie aventure pour nous ! On a pris 2 vans, et on a entassé mes deux motos, celles de Carlen Gardner, celles de Tyler Enticknap & RJ Wageman.

On a tous participé aux frais d’essence pour faire le déplacement, financièrement ça nous a bien facilité la tâche.

Tu sais, c’est dur quand tu es un pilote privé, donc on essaye tous de se soutenir et on s’organise ensemble.

On a eu de la chance, les gars de Bolt Hardware nous ont laissé utiliser leur van pour la course pour qu’on puisse faire rentrer toutes les motos.

Beaucoup de gens se demandent comment c’est possible de joindre les deux bouts en tant que pilote privé, comment fais-tu ?

Honnêtement, c’est vraiment dur quand tu es un pilote privé, il faut que tu gères tout tout seul. Tu ne gagnes pas assez d’argent pour pouvoir payer quelqu’un pour t’aider.

La plupart du temps je me rends aux courses seul et par mes propres moyens, il m’arrive même de ne pas avoir de mécanicien avec moi le jour de la course.

En général je trouve quand même un ami pour venir avec moi, il m’est déjà arrivé de me faire aider par des étrangers que j’avais rencontrés le jour de la course !

J’ai quelques sponsors qui m’aident avec mes dépenses, mais c’est tout de même hyper difficile de joindre les deux bouts.

L’objectif de n’importe quel pilote privé est de se faire engager par une petite équipe, comme ça, on peut réussir à en vivre, parce que quand tu es un privé comme moi tu le fais pour l’amour du sport, pas pour l’argent …

“À peu près tout ce que tu peux faire rentrer dans un van”

Nous voilà à Seattle pour ton retour. Pas trop nerveux ? Comment c’était ?

Seattle, c’était que du fun ! Je n’avais pas roulé en Supercross depuis la Monster Energy Cup donc c’était génial d’être de retour.

Mais je dois avouer que c’est vraiment dur de prendre le train en route, de trouver le rythme. Tous les autres pilotes roulent depuis le début de l’année alors que moi j’étais assis sur le canapé en train de guérir.

Il va me falloir quelques courses pour me remettre dedans, retrouver la vitesse, mais je pense que je suis capable de me qualifier pour une finale avant la fin de la saison !

Quand tu te retrouves sur la grille de départ, il t’arrive de penser à ton accident ?

Ma blessure est toujours présente dans un coin de ma tête quand je roule, c’est quelque chose que je n’oublierais jamais.

Çà me freine parfois. Le premier tour de chaque course est toujours le plus flippant, tout le monde est hyper proche et on se bat pour les positions.

Ça fait vraiment peur de sauter les enchaînements quand tu es entouré de 20 pilotes.

Quand les pilotes se séparent après quelques virages je suis bien plus à l’aise et alors je peux trouver mon rythme de course.

Ce n’est pas que moi crois moi, tout le monde passe par cette étape là, il faut faire confiance aux pilotes qui t’entourent.

On est des professionnels, donc la plupart du temps, tout se passe bien …

Quels sont tes plans pour le reste de la saison ?

J’ai prévu de finir la saison de supercross et de rouler au moins les 5 épreuves d’outdoor sur la côte Ouest.

C’est hyper compliqué de se faire de l’argent en outdoor quand tu es un pilote privé, donc il va probablement falloir que j’aille travailler la plupart de l’été pour mettre de l’argent de côté pour pouvoir rouler en Supercross en 2020.

On connaît ton pire souvenir en course, c’est quoi ton meilleur souvenir ?

Mon meilleur souvenir c’est à Houston en 2018. C’était la première fois que je me qualifiais pour une finale 450 après ma blessure au dos en 2017.

J’ai dû travailler comme un dératé pour pouvoir revenir à ce niveau, la charge de travail était folle.

C’était un des trucs les plus fort que je n’ai jamais ressentis. J’étais de retour sur une moto, à faire ce que j’aimais…

Quand je me suis blessé j’ai cru que je ne pourrais plus jamais rouler … Donc c’était vraiment quelque chose de pouvoir me qualifier à cette finale.

Tu es un fan de 2 temps et tu roules Honda. Et justement Honda a dévoilé un modèle électrique, tu penses que c’est l’avenir du sport dans les prochaines années ?

J’adore le 2 temps ! La Red Bull Straight Rythm était une des courses les plus funs de l’année 2018 pour moi.

En ce qui concerne les motos électriques, moi je trouve ça super !

Rouler avec des motos électriques nous permettrait de rouler dans bien plus d’endroits et ça aurait moins d’impact sur l’environnement.

Bon après ça nous prendrait du temps de s’y habituer …. Mais je pense que c’est une bonne chose pour le sport.

Des remerciements ?

J’aimerais remercier Road2Recovery et Charity Air Ambulance pour m’avoir aidé quand j’en avais le plus besoin après ma blessure.

J’aimerais aussi remercier tous mes sponsors actuels.

Tri-County Powersports – Complete Electric – The Racers Edge – Pasha Racing – Three Amigos Transportation – Fastlane MotorFuels – O’Neal – Bell Helmets – Rekluse – FMF – Elusive Graphics – XPR Motorsport – Blud Lubricants – Bolt Hardware – Dirt Tricks – No Toil – Dubya – Keefer Inc Testing – X Brand Goggles – Moto Seat – Acerbis – Works Connection


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