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Cooper Webb “2017 était une année difficile, 2018 encore pire”

Si tout le monde parle des performances de Cooper Webb cette année au guidon de la KTM , beaucoup ont déjà oublié les galères de Cooper lors de ses deux premières saisons en 450 chez Yamaha.

Encore une fois, il nous aura fallu attendre …. Attendre que Cooper change d’équipe, retrouve le succès et surtout, se délie la langue – 2017 & 2018, une vraie galère pour Cooper Webb.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les deux années compliquées de Cooper Webb chez Yamaha, vous n’allez probablement pas être déçu par cette interview réalisée par MotocrossActionMag & traduite par mes soins.


Cooper, tu gagnes ton second titre de Supercross et Motocross 250 en 2016, est-ce que tu avais déjà ton contrat 450 signé avec Yamaha en ce début de saison ?

Oui, j’avais déjà le contrat signé pour rouler en 450 pour Yamaha avant même le début de la saison 2016. J’étais chanceux. Tout ce que j’avais à faire en 2016 en gros, c’était me pointer et rouler, c’était cool.

Est-ce que les teams se battaient pour t’avoir ?

Fin 2015, je gagne mon premier championnat 250.

Je pense que ce qui a le plus joué en ma faveur, c’est de rouler au GP des USA en 450, puis rouler aux Nations sur une 450. J’ai prouvé à beaucoup de personnes que je pouvais rouler en 450…

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Fin 2015, j’ai reçu beaucoup d’offres, j’avais plusieurs options. Yamaha n’arrêtait pas de me dire qu’ils allaient remettre en route leur team usine en 2016 avec Chad Reed, et que Monster Energy allait faire partie de l’aventure.

JGR était susceptible de changer de marque. À l’époque, JGR avait signé Justin Barcia pour un gros montant & pour plusieurs années. Mais ils s’intéressaient à moi. J’ai même été tester leur moto.

Mais à ce moment-là, rouler pour l’équipe usine Yamaha était la meilleure option.

Yamaha ne voulait pas te laisser partir, n’est-ce pas ?

Il allaient faire venir Chad  Reed dans l’équipe pour être mon coéquipier, mon mentor, et faire des testings.

Monster Energy allait se joindre à l’équipe, et c’était pour un contrat de 2 ans.

C’était vraiment une bonne opportunité pour moi. J’ai roulé sur la Yamaha usine et fait quelques courses en 450, j’ai apprécié la moto, donc on est parti sur ce fameux contrat de deux ans.

Tu as roulé pour JGR en tant qu’amateur, beaucoup de personnes pensaient que tu irais chez eux.

C’est compréhensible. L’option d’aller chez JGR était excitante car à ce moment-là ils roulaient aussi sur  Yamaha.

En fait, Yamaha me voulait, et ils ne voulaient pas que JGR finisse par m’avoir.

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Ils avaient prévu d’arrêter de soutenir l’équipe JGR, donc ils me voulaient dans l’équipe usine.

JGR aurait été une bonne opportunité pour être en Caroline du nord. C’est là que je voulais être.

Chez les amateurs, j’ai roulé pour JGR, ils faisaient mes moteurs, mes suspensions, pendant des années, donc ça aurait eu un sens d’aller chez eux.

Racontes-nous l’année 2016.

C’était une bonne année. Même si la moto est tombée en rad’ et que je me suis cassé le poignet.

J’ai dû rouler à Vegas avec le scaphoïde, un petit os du poignet, cassé. 90% du temps cette blessure nécessite une opération, mais heureusement, je n’ai pas eu besoin de me faire opérer.

Donc je me casse le poignet 2 semaines avant la finale de Las Vegas & j’ai quand même roulé…

Mes parents étaient présents et je voulais gagner le championnat. Après Las Vegas, j’ai arrêté de rouler, je pensais sérieusement à ne pas rouler les premières épreuves d’outdoor pour laisser mon poignet guérir, mais j’ai fini par m’engager quelques semaines plus tard à Hangtown.

Je pouvais rouler, j’ai même fini sur le podium ce jour-là.

Je ne roulais pas pendant la semaine, seulement les week-ends lors des courses. Après l’épreuve du Colorado, on a eu une semaine de repos, et j’ai soigné mon poignet.

C’était une saison spéciale, c’est clair. Pour dire vrai, j’ai vraiment bien roulé avec mon poignet dans le sac. Je n’avais encore jamais gagné de titre outdoor 250, donc ça représentait beaucoup pour moi.

Je voulais vraiment le gagner cette année-là, surtout que mon coéquipier Jeremy Martin m’avait battu les deux années précédentes.

Je voulais désespérément gagner, donc c’était cool de réussir à accomplir ça. Une très bonne façon de mettre fin à ma carrière 250.

C’était comment d’avoir Chad Reed en tant que coéquipier en 2017 ?

C’était cool, mais ça n’a pas fonctionné comme on le voulait. Il était en Floride, et moi en Californie. J’ai senti que Yamaha, pour une certaine raison, voulait nous séparer.

On n’a pas vraiment bossé ensemble plus que ça. Il voulait encore gagner des courses, être sur le podium, me battre, protéger sa place dans l’équipe.

Donc je pense que ça n’a pas vraiment fonctionné comme tout le monde aurait aimé que ça fonctionne, mais c’était un bon coéquipier. Je le respecte beaucoup et c’était sympa de l’avoir autour de moi pour pouvoir lui poser des questions.

Ta première saison sur la 450 démarre pas trop mal, mais tu semblais galérer.

Beaucoup de gens n’étaient pas au courant, mais je me suis cassé la main avec un caillou projeté par la roue arrière de Jeffrey Herlings au GP des USA. Je suis allé aux Nations avec une main cassée.

Après les Nations, je n’ai pas roulé jusqu’à fin octobre. La moto était nouvelle et je n’ai pas vraiment accroché dès le début. J’ai seulement pu tester, m’entraîner et rouler en novembre et décembre.

Je n’ai pas réussi à trouver le bon équilibre, j’ai fait beaucoup de testings, mais ce n’était pas vraiment efficace..

Tu t’es blessé en Supercross en 2017, pas vrai ?

Je me suis disloqué l’épaule à Minneapolis. Un simple incident de course, la faute à personne.
J’ai pris 5 semaines de repos, et j’aurais vraiment dû attendre d’être totalement guéri avant de remonter sur la moto.


Mais j’ai été forcé à rouler … Donc j’ai roulé…


Je n’étais toujours pas prêt, toujours pas guéri, et j’ai vraiment galéré.


Cette année-là, l’état de mon épaule ne s’est jamais vraiment amélioré. J’ai roulé en Outdoor avec cette épaule qui m’handicapait.


C’était un début de carrière 450 difficile.

Tu dirais que 2018 était mieux ou pire que 2017 ?

Malheureusement, c’était encore pire en 2018….

Outdoor, 2017, Yamaha n’arrêtait pas de me dire que j’allais rouler sur la 450 de 2018 après les 4 premières épreuves, et puis ensuite c’était “à la prochaine épreuve, tu rouleras dessus”, et ça a continué comme ça tout l’été.

J’avais arrêté de tester sur ma 450 de 2017 car je pensais que j’allais rouler avec le modèle 2018… Mais la moto n’arrivait pas.

Finalement, le week-end après le dernier outdoor de la saison, on m’a dit que j’allais pouvoir rouler sur la 450 de 2018 lors du GP des USA en Floride ….. Yamaha s’est pointé avec une moto d’origine….


Je suis tombé, je me suis pété le ligament qui tient le pouce en place, et j’ai fini par devoir me faire opérer.


J’ai été dans le plâtre pendant 2 mois, donc je n’ai pu faire qu’une certaine partie de mon programme d’entraînement durant l’intersaison, et je n’ai pas pu rouler à moto avant Thanksgiving.

Pourtant tu finis sur le podium au Supercross de Daytona en 2018.

J’ai fait du mieux que j’ai pu. J’étais beaucoup en Californie, je faisais beaucoup de testings, et je ne m’en sortais pas trop.

J’ai ensuite déménagé en Caroline du Nord une fois le championnat arrivé sur la côte EST et c’est là que j’ai commencé à inverser la tendance.

Je fais 6 à Dallas, 4 à Tampa, 2 & 3 dans les manches de triple crown d’Atlanta, puis un podium à Daytona.

Tout se goupillait bien, Yamaha m’a proposé de tester de nouveaux réglages qu’ils pensaient meilleurs, mais ils ne l’étaient pas …

Je me suis déboîté l’épaule une nouvelle fois. J’ai chuté à St. Louis et je me suis fait mal à nouveau….

Ensuite je finis 7ème à Indy et 5ème à Seattle.  Puis, lors de la première manche du triple crown dans le Minnesota, je chute au départ …. Résultat:  une triple fracture de la jambe.

Ça ne pouvait pas être pire, n’est-ce pas ?

En réalité, je suis revenu pour l’outdoor 2018, bien plus tôt que je n’aurais dû revenir … Je ne marchais que depuis 3 semaines et je m’alignais en Motocross …. C’était une décision stupide en y repensant.

Je me suis pointé, j’ai essayé de rouler, et j’ai vraiment galéré. J’ai fini par m’améliorer durant l’outdoor, mais j’étais vraiment frustré par ces 2 années, par toutes ces blessures. Certaines étaient de ma faute, d’autres non …. C’était 2 années compliquées.

Il semblait alors évident que tu avais franchi le point de non-retour avec Yamaha.

KTM me montrait toujours de l’intérêt. Certaines clauses du contrat avec Yamaha stipulaient que je ne pouvais pas négocier avec d’autres équipes avant que certaines conditions soient remplies.

J’ai donné à Yamaha l’opportunité de m’avoir de nouveau, le contrat qu’ils m’ont proposé n’était que pour une année, et pour beaucoup moins d’argent que ce que je ne gagnais avant… Et bien moins d’argent que ce que KTM me proposait.

J’avais alors un contrat de 2 ans avec KTM pour plus d’argent…

As-tu des regrets quant aux choix de tes contrats ?

C’est facile à dire, mais j’aurais aimé pouvoir directement signer chez KTM.
Après toutes les galères de 2017 & 2018, j’étais vraiment surpris que KTM soit toujours intéressé.


Ils ne m’ont pas rayé de la liste comme les autres l’ont fait.

Tu as eu beaucoup de succès dans ta carrière, mais 2018 a dû être une année difficile mentalement.

Oui, c’était difficile du point de vue des blessures, du manque de préparation, du manque de confiance… C’est difficile de rouler quand tu doutes.

Signer chez Yamaha a sauvé la carrière de Justin Barcia, penses-tu que le fait que tu signes chez KTM ait sauvé la tienne ?

J’étais au plus bas, mais je gardais espoir, je savais que ça allait finir par fonctionner, d’une façon ou d’une autre. C’était bon de monter sur une nouvelle moto, de faire le tour d’une nouvelle l’équipe, d’amener du changement, de pouvoir y croire à nouveau.

Dès que je suis monté sur la KTM, j’ai adoré. C’est pas cool à dire, mais en 3 tours, je me sentais plus à l’aise sur la KTM que je ne l’avais été pendant les 2 ans sur la Yamaha.

C’était un sentiment incroyable, je croyais de nouveau en moi, je savais que j’avais pris la bonne décision.

Est-ce que tu pensais que tu ferais d’aussi bons résultats cette année ?

Pas du tout, je savais que ce serait une meilleure année, mais je ne pensais pas qu’elle serait meilleure à ce point. Je n’aurais rien pu demander de plus.

C’est une longue saison, je continue mon apprentissage, je m’améliore.

Il y a encore beaucoup de points sur lesquels je peux m’améliorer, je prends les choses comme elles viennent, semaines après semaines, je peaufine ce que je peux, j’essaye d’appliquer les changements durant le week-end.

Mais non, je ne m’attendais pas à faire aussi bien, c’est certain.


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