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Cooper Webb se raconte – Partie 2

Cooper Webb se raconte – Partie 2

Zach Osborne s’est entretenu dans un podcast d’une heure avec son coéquipier d’entraînement, et champion de Supercross 2019 Cooper Webb. Lors de cet entretien Cooper Webb est revenu sur ses débuts chez les pros, ses années Yamaha, son passage chez KTM. L’entretien étant particulièrement long, ce dernier est découpé en parties à thèmes (lire la partie 1). Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Cooper Webb, c’est le moment …

Cooper Webb

“[…] Je savais que pour moi, ce ne serait pas facile. Chez les amateurs, j’ai été dans l’ombre de certains pilotes. Pourtant, la plupart des amateurs ne connaissent pas un grand succès lors de leur arrivée chez les pros. Villopoto et Dungey n’était pas les superstars chez les amateurs et ils ont mis un peu de temps à trouver leur place une fois arrivé chez les pros. Plus le chemin est difficile, plus ça te motive à faire de grandes choses.

Moi, j’avais signé un contrat d’une année chez les professionnels avec Star Yamaha, ce qui voulait dire que j’avais un an pour faire mes preuves, et que si je ne les faisais pas, je sortais. En plus, ils venaient aussi de signer Jeremy Martin dans le même temps, l’équipe avait un petit budget et ils ne savaient pas trop dans quelle direction ils voulaient aller. Ils nous ont mis dans la situation dans laquelle il fallait qu’on prouve qu’on méritait d’être dans l’équipe même s’ils ne nous demandaient pas de gagner des courses ou des championnats.

C’était de la pression, mais pour moi, c’était plus de la motivation, pour prouver à Bobby Regan qu’il fallait me signer pour plus longtemps. Avec le recul, je me rends compte que je n’aurais jamais pu gagner de l’argent avec ce contrat mais tout a bien fonctionné pour moi quand même. […]

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Cooper Webb et Jeremy Martin – 2016

Pour ma première saison en Supercross, j’ai signé quelques podiums. Pour la saison d’outdoor, je ne saurais même pas te dire ce qu’il s’est passé tellement tout se déroulait bien. C’est Jeremy qui gagne le titre, mais je remporte des courses, je monte sur les podiums, termine 3ème du championnat… C’est cool de voir que ce sont les mêmes mecs qui bossent dans l’équipe Star depuis que j’y ai signé en 2013, ils sont toujours motivé, ils travaillent toujours aussi dur, c’est bon à voir.

Plessinger, je le connais depuis que je suis gamin, mais lui il faisait les GNCC, les enduros. Sachant d’où il vient, de le voir gagner des championnats, c’est dingue. Je me souviens du premier entraînement en vélo avec Aaron et Swanepoel. Il s’est pointé en cuissard et sans tee-shirt, il ne savait pas du tout à quoi s’attendre, c’était drôle à voir. Colt Nichols aussi revient de lui. Je pense que beaucoup de personnes ne s’attendaient pas à ce que Dylan Ferrandis atteigne ce niveau en venant des grands prix et il a tout déchiré. C’est cool de voir ces mecs qui ont bossé avec Star Yamaha et ont ramené des résultats. […]

Je suis passé pro quand j’ai eu 17 ans, j’ai connu du succès mais je ne suis pas resté bien longtemps en 250. En 2016 j’ai connu une excellente année, j’étais au top, peut-être pas au niveau de la maturité, mais au niveau de ma vitesse et de mon pilotage.  J’ai beaucoup galéré lors de l’intersaison 2016-2017 sur la 450, je manquais d’expérience. En 2016, j’ai gagné plus que ce que je ne pouvais imaginer, le Supercross, l’outdoor, le GP à Charlotte, je me disais que tout irait de mieux en mieux et que j’allais gagner encore plus de courses, avoir plus d’argent, que je serais un grand champion et que ce serait cool, que j’aurais ce guidon en 450 sans pression, et j’ai vite vu que c’était idiot de penser comme ça.

Deux saisons 450 difficiles pour Cooper Webb sur la 450YZF

À cette époque, je pensais que la moto, c’était une façon de vivre sa vie en étant heureux, et je me suis vite rendu compte que c’était un travail, une passion, que c’était cool de pouvoir en vivre, mais qu’il y avait bien plus que juste la moto dans la vie. Quand j’ai fait la transition de la 250 sur la 450, je me suis dit que c’était dans la poche car j’avais tellement l’habitude de gagner que je pensais que tout se passerait bien.

Je venais d’avoir 21 ans, j’étais encore un gamin, je n’étais pas entouré des meilleures personnes, je n’arrivais pas à m’adapter à la 450, on faisait beaucoup de testings. C’était une nouvelle équipe, une nouvelle moto, j’étais dans une position inconfortable car j’avais eu la meilleure des 250 et je ne me sentais pas capable de rouler à mon niveau sur cette 450. Ma motivation en a pris un coup, j’ai pris de mauvaises décisions et je faisais le minimum. Je faisais ce qu’on me disait de faire, rien de plus. En Janvier, j’ai vite compris que ça n’allait pas fonctionner […]

Si le gamin que j’étais me voyais aujourd’hui, je pense que je serais super content de voir où j’en suis. Je me souviens du premier championnat que j’ai gagné en 2015. Je pensais sincèrement que je ne serais jamais champion, à 16 ans, à 17 ans, je n’avais aucune idée de ce dont j’étais capable, surement car je n’avais jamais rencontré le succès espéré chez les amateurs. Je ne me suis jamais imaginé être un pilote de motocross à succès. Gagner ce championnat en 2015, c’était pour moi la plus grande récompense que je pouvais décrocher de toute ma vie. Je me suis dit que je ne pourrais jamais faire mieux. Je dois encore me pincer pour réaliser que j’ai gagné un championnat dans la catégorie reine. […]

3 titres 250 pour Cooper Webb (2015 SX et 2016 SX +MX)

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Le fait que Carlos Rivera ait bien voulu travailler avec moi après Dungey, c’était énorme. Se dire qu’on a le meilleur mécanicien, le meilleur technicien, savoir qu’on est entouré des meilleurs, ça change tout. Il avait pris une année de repos car il ne savait pas trop ce qu’il voulait faire, et finalement, il a bien voulu travailler avec moi. Je savais qu’il pouvait m’aider, m’apprendre, m’amener au plus haut niveau. Vu leur expérience et le succès rencontré dans la moto et dans les autres domaines, je savais que si je les écoutais, je ferais de bons résultats. Avoir l’opportunité de rouler chez KTM, c’était énorme. Non seulement tu roules sur – de mon point de vue – la meilleure moto mais en plus tu es entouré des meilleurs, tu ne peux pas demander plus que ça. […]

Carlos Rivera (Ancien mécanicien de Ryan Dungey) et Cooper Webb

En 2018, je me suis fracturé la jambe, j’étais au plus bas de ma carrière, je me suis dit que je ferais n’importe quoi pour ne plus jamais me sentir comme ça, que je ferais tout ce qu’il faudrait pour m’en sortir et que je savais que je pouvais être bien meilleur. Je venais de me faire opérer de la jambe, j’étais au fond du trou, dégoûté. Certaines personnes viennent prendre de tes nouvelles, mais jamais autant que ce que tu n’espérais. Et puis j’ai reçu un appel, c’était Roger de Coster et il m’a dit « On espère que tu vas bien, que tu reviendras vite sur pied, on te veut avec nous ». Mes résultats n’avaient pas été bon, j’étais choqué d’entendre ça mais dans mon esprit, c’était assez pour me donner la motivation nécessaire pour m’en sortir, revenir.

J’étais prêt à faire tout ce qu’il fallait, aller chez KTM, travailler avec Aldon Baker, peu importe. Je me suis retapé, on a signé ce contrat, ça a été un énorme changement. J’ai dû vendre ma maison en Caroline du nord et celle que j’avais en Californie, j’ai déménagé en Floride, j’étais intimidé par Aldon Baker, je ne savais pas si je pourrais tenir le coup. J’arrivais alors qu’il y avait déjà 3 pilotes dans le programme. J’étais un peu nerveux, je me disais qu’Aldon devait penser « Put*in je dois en pus m’occuper de ce gamin ». Je pense qu’il n’était pas le plus emballé à l’idée de travailler avec moi.

Avec Roger et Ian de chez KTM, je me demandais ce qu’ils attendaient de moi. Ils m’ont dit que c’était une première année pour me reconstruire. Beaucoup de choses ont changé pour moi. J’ai changé d’équipe, d’entraîneur, j’ai vendu mes maisons, j’ai emménagé en Floride où je ne connaissais personne. Il y avait ma copine, mon chien, et on se demandait comment ça se passerait pour nous.

Je suis arrivé en Septembre, j’ai rencontré Aldon, j’avais peur, j’étais nerveux. Lors de la première sortie vélo avec Aldon, il faisait très chaud, je me suis écroulé par terre et je me suis dit « Je n’y arriverais jamais » et pourtant, j’y suis arrivé …”

“Et pourtant, j’y suis arrivé”


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