La saison 2019 n’a pas été tendre avec Evgeny Bobryshev.
Blessé avant le début de la saison, Evgeny Bobryshev a dû se tenir éloigné des circuits de longs mois avant de pouvoir espérer faire un retour en compétition en France, mais c’est dans la douleur que le pilote BOS GP Kawasaki a participé à ses premières manches de l’année en catégorie MXGP, toujours handicapé par son poignet meurtri.
Contraint à l’abandon dans les deux manches, le Russe avait finalement trouvé des réponses médicales dans la foulée et prévoyait de passer sur le billard, non sans rouler préalablement devant son public, à Orlyonok.
Malheureusement, une chute en première manche en Russie a contraint Evgeny à revoir une nouvelle fois ses plans. Dans l’incident, Evgeny se fracture le tibia et le péroné droit, mettant un terme définitif à sa saison 2019.
Pour 2020, rien n’est encore trop certain. Des nouvelles, le temps d’un entretien avec Evgeny Bobryshev.
Evgeny, pourquoi avoir pris cette décision de revenir en France ? N’était-ce pas trop tôt pour faire ton retour ?
Pour le grand prix de France, c’est vrai que c’était difficile pour moi. En Janvier, je me suis blessé au poignet et aucun des docteurs que j’ai vu n’a pu identifier le problème. Je récupérais un peu, très lentement, et surtout, j’avais toujours mal.
Avant la France, j’ai pris un peu de repos pour laisser à mon poignet encore plus de temps pour récupérer et je sentais que ça allait mieux donc j’ai repris l’entraînement à quelques occasions. J’avais un peu moins mal et j’ai décidé de venir rouler en France.
Le problème, c’est que le circuit était vraiment défoncé et c’était vraiment difficile avec mon poignet, les gros chocs, les impacts, je ne pouvais pas tenir à cause de la douleur.
Tu décides de te faire opérer après la Russie, comment se fait-il que cette décision ait été prise si longtemps après la blessure ?
En fait comme je l’ai dit, j’ai été consulter 4 docteurs en Europe, et aucun d’eux ne m’a dit qu’une opération était nécessaire car ils ne voyaient rien de particulier. J’ai suivi des traitements spéciaux mais ces derniers n’ont pas du tout aidé.
Après le Grand Prix de France, j’ai décidé de retourner en Russie pour aller voir un médecin. Sur place et après examen, ce dernier m’a dit qu’il fallait m’opérer au niveau du ligament.
Je ne pouvais pas louper mon grand prix à domicile donc j’ai décidé de passer sur le billard juste après celui-ci.
En Russie, tout ne se déroule malheureusement pas comme prévu, pourtant, en serrant les dents, en revenant de blessure, tu parviens presque à finir dans les 10 de la manche qualificative, ça devait être vraiment positif pour toi.
Ouais, le samedi était une journée positive pour moi bien que difficile. J’étais encore très faible physiquement.
Au niveau du poignet, ce n’était pas aussi douloureux que lors du GP de France. Le circuit était un peu moins défoncé et j’avais eu des injections pour combattre les douleurs.
Avec ma manche qualificative, en fin de journée, j’étais satisfait.
Est-ce que tu sais ce qu’il s’est passé lors de cette première manche ?
Dans la toute première descente de la première manche, un pilote m’a balayé la roue avant.
J’ai essayé de me retenir en sortant la jambe droite et j’ai percuté le sol si fort que mes deux os de la jambe se sont fracturés et disloqués sous l’impact.
Je me suis cassé le tibia et le péroné, je peux t’assurer que c’était vraiment douloureux.
Tu es passé par la case opération pour ta jambe et ton poignet ? Combien de temps avant de te revoir sur une moto ?
Je me suis fait opérer de la jambe oui il y a de ça quelques jours. La guérison ne va pas être rapide, je vais louper tout le reste de la saison, c’est certain. On doit voir pour rouler le Motocross des Nations, rien n’est sûr, c’est une grosse incertitude.
En ce qui concerne mon poignet, je dois d’abord attendre que ma jambe se stabilise car j’ai encore très mal quand je bouge, il va falloir que je m’occupe de ça un peu plus tard.
Tu n’as pas pu rouler pendant longtemps en début de saison, est-ce que tu utilises ce temps de repos forcé pour remettre les choses au clair et peut-être profiter un peu plus d’un autre aspect de ta vie, comme ta famille par exemple ? Comment approches-tu ces périodes de convalescence ?
Quand je suis tombé et que je me suis blessé en Janvier, j’étais vraiment en colère car j’avais vraiment carburé pour être prêt pour la saison 2019.
Honnêtement, ces derniers temps, tout le plus clair de mon temps je m’occupais de mon poignet pour tenter de guérir le plus rapidement possible. Maintenant, avec la nouvelle blessure, je veux faire un nouveau départ, un reset.
Je veux profiter un peu plus du temps avec ma famille, je vais profiter d’une autre façon pour revenir plus frais et avoir encore plus la niaque après ma guérison, pour mon retour.
Tu as suivi tout le MXGP ? Que penses-tu de cette saison ?
Je suis les courses bien sûr, et c’est triste de voir le nombre de pilotes blessés à ce stade de la saison. Je ne me souviens pas d’une saison où autant de pilotes se sont blessés.
Pour l’an prochain, à quoi penses-tu ? Le MXGP ? Un retour en championnat national comme par le passé?
Je ne sais pas du tout, je ne peux pas parler de 2020 pour l’instant car je ne sais pas encore ce que je vais faire.
Il est peut-être trop tôt pour en parler, mais as-tu pensé à l’après carrière ? Qu’est-ce que tu te verrais faire, que ce soit dans 2 ou 5 ans ?
Ça, c’est toujours une bonne question.
En ce moment j’ai quelques petits business en place à côté de la moto.
Plus tard, ce serait bien de pouvoir créer une équipe, pour aider le développement de jeunes pilotes.
Si tu pouvais tirer quelques ficelles, que ferais-tu pour rendre le sport moins dangereux ?
Difficile à dire, il y a beaucoup de tracés différents, beaucoup de sols différents.
Par exemple en Russie, la nature du sol est très piégeuse. Il y a de très gros cailloux avec des endroits où la terre est très dure, ce qui rend les choses difficiles, on est plus limité sur ce type de tracé.
Je pense qu’il faudrait apporter plus d’attention sur les portions dangereuses de certains circuits. Il faut que ces portions soient enlevées ou pour la plupart, au moins refaites.
