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Hunter Lawrence “Chad Reed, c’était mon modèle à moi”

Première victoire de manche outre Atlantique pour Hunter Lawrence.

Tout droit sorti du MX2 et débarqué aux USA avant la saison 2019, c’est sur le tard qu’Hunter Lawrence a débuté sa campagne Américaine. Blessé avant l’ouverture de la saison de Supercross, l’aîné des Lawrence a mis toutes les chances de son côté en se préparant exclusivement pour l’outdoor. Les efforts ont payé puisqu’en seulement 4 épreuves, Hunter est parvenu à remporter sa toute première manche de motocross US au nez et à la barbe des ricains.

Au programme de cette interview réalisée par MotocrossActionMag, le début de la saison outdoor, les différences avec la scène MXGP, les nations, Geico Honda et bien plus encore …

Tu loupes toute la saison de Supercross, comment s’est déroulé ta première épreuve à Hangtown ?

Ce ne s’est pas passé comme prévu. Mais la matinée avait bien débuté. J’étais 5ème de mon groupe de qualification, c’était cool. J’étais content avec ça car je n’avais eu que 30 minutes lors de la conférence de presse pour imprégner le circuit. Et encore, on n’avait pas le tracé en entier. Des chutes en manches, des départs qui m’ont ralenti. On a bossé là-dessus et après Hangtown on a commencé à changer les réglages. On a changé beaucoup de choses sur la moto et je suis allé à Pala un peu plus satisfait. Je roulais vraiment bien à Pala. J’ai été malchanceux et mon bouchon d’huile a pété en première manche. Je n’ai rien pu faire; c’était dommage. Thunder Valley, ça allait, High Point, c’était top, en gagnant une manche, second de la journée. J’espère que je peux continuer comme ça et faire deux bonnes manches avec deux bons départs. C’est ce que je vise.

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Lors de cette seconde manche à Pala tu étais le pilote le plus rapide.

J’aime l’idée ! En première manche, j’étais vraiment déçu. Je me suis mis dans une bonne position. J’ai pris un bon départ grâce à ma Honda. C’était cool, mais j’ai perdu l’huile moteur ensuite …. J’arrêtais pas de me dire que sans ça, ça aurait été une bonne journée. J’aurais pu finir sur le podium voir gagner. Tu ne sais jamais, mais bon, c’est le passé. High Point s’est bien déroulé. Je suis vraiment content bien que j’aurais aimé faire un meilleur départ en seconde manche et signer la victoire de journée. Chaque weekend est un nouveau wekend.

C’est dur de prétendre au championnat dès la première année dans un nouveau pays ?

C’est difficile. Je n’essaye pas de terminer 4ème ou 5ème, je ne suis pas satisfait avec ça. Je veux gagner, comme tous les autres mecs. Pour l’heure, on a déjà un abandon et quelques mauvaises courses. Ce n’est pas simple. Je suis loin aux points. À partir de maintenant, c’est weekend par weekend.

Quelle est la plus grosse différence entre l’Europe et les USA ?

On avait beaucoup plus de temps sur le circuit en GP. Le samedi, on avait 20 minutes d’essais libres et 20 minutes d’essais chronos. Le dimanche, on avait 15 minutes d’échauffement et les deux manches. Les circuits sont préparés de façons différentes. Les circuits en GP offrent plus de flow, il y a beaucoup de tracés qui sont difficiles à griffer. Vu qu’ils ne peuvent pas passer les machines, ils arrosent juste et ça créer plein de traces différentes.

Je n’avais jamais roulé sur un circuit comme ceux qu’on trouve aux US auparavant quand j’étais en Europe, donc je galère un peu. J’y vais à l’aveugle car je n’ai jamais roulé sur la plupart de ces circuits. En Europe, tu ne te souciais même pas de faire la reconnaissance à pied car tu savais que tu avais une heure pour l’imprégner. C’est différent.

Les pilotes Geico Honda ont tous leurs propres programmes. Le tien, il ressemble à quoi ?

C’est super. Le team nous laisse faire ce qu’on veut. Si je dis que je veux déménager dans l’Illinois par exemple, ils seraient d’accord. C’est vraiment bon de voir qu’ils font confiance en leurs pilotes. Un pilote content est un pilote qui va ramener de bons résultats.

Il y a deux pilotes Geico en Floride, moi je suis en Californie, mais mon entraînement global est bien différent de ce qu’il était en Europe. Honnêtement, c’est principalement dû à la météo en Europe, c’est presque comme si ici ton corps pouvait endurer plus, car la météo est meilleure. Il faisait toujours tellement froid en Europe

Pour l’instant, être en Californie, proche des bureaux de l’équipe, c’est probablement le meilleur endroit pour toi.

Oui, je le pense, même si c’est discutable. Quoi qu’il en soit, en Californie on ne retrouve pas les circuits défoncés qu’on peut avoir en Floride. L’humidité n’est pas présente de la même façon, la chaleur non plus. C’est une chaleur sèche en Californie, il y a plus d’humidité en Floride. Evidemment, être près des bureaux de l’équipe aide beaucoup. Ils ont une salle de sport superbe, mais pour le motocross, c’est plutôt compliqué.

Compliqué dans quel sens ?

Honnêtement, ça a été compliqué de trouver les réglages idéaux pour un circuit avec les trajectoires, les lignes et les trous que tu vas retrouver lors d’une épreuve en Californie. C’est difficile de trouver des terrains comme ça en Californie du sud quand tu roules parmi 30 amateurs. Le circuit ne devient jamais vraiment aussi technique et défoncé que lors d’un national, car le circuit ne se creuse pas assez. Si c’était comme à la Baker’s Factory par exemple, où il y a la majorité des pilotes usines, des pilotes pros, les circuits se défonceraient plus et deviendraient plus compliqués. C’est mon opinion.

Est-ce qu’il y a un mentor qui traîne avec toi pour te montrer les ficelles aux USA ?

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Non, en Europe, je travaillais avec le père de Ken Roczen. J’ai vécu avec lui pendant 2 ans et demi mais il était plus concentré sur l’aspect physique, et forcément de la façon dont Kenny avait fait. Je viens d’Australie et j’ai été balancé directement dans le grand bain du MXGP. Je ne savais pas à quoi m’attendre, donc il m’a montré un peu les ficelles, mais si on parle de mentor, c’est mon père et moi. On fait toujours tout ensemble sur le terrain et on rebondit sur les idées de l’un et de l’autre. Je n’ai jamais engagé d’entraîneur, de coach, de mentor, ou quoi que ce soit.

Les fans Américains ne suivent pas vraiment le MXGP. Tu as créé le buzz en 2018 lors des Nations. Beaucoup ont alors admiré ton talent. Est-ce que tu as beaucoup de fans Américains ?

Je n’ai pas beaucoup de fans pour l’instant, mais je me construit une petite base. Il y a toujours cette rivalité entre les Américains et les Européens. Je pense qu’on est tous compétitive et qu’on veut tous être les meilleurs, le “USA vs Europe” ça doit cesser. Les Européens roulent en motocross tout le temps, c’est ce qu’ils font. Les USA sont plus concentrés sur le Supercross. Au final, il faudrait développer chaque championnat mondialement, ça fera grandir notre sport. De cette façon plus d’Américains s’intéresseront au MXGP et plus d’Européens regarderont les courses aux USA. Je pense que ce serait cool, j’ai expérimenté les deux côtés. Il y a tellement de rivalité.

Le motocross des nations, c’est les USA contre le reste du monde. Si tu demandes à un Européen, il te dira toujours “peu importe qui gagne du moment que ce n’est pas les USA”. Ça ne devrait pas être comme ça.

L’an dernier tu termines second des nations en catégorie 250. Racontes nous.

C’était un événement de dingue. Je vais m’avancer et dire que ça favorisait à 100% les Européens. Tu ne peux pas te préparer pour ce type de circuit quand tu roules aux USA. Tu ne peux pas t’entraîner dans le sable Européen et dans les conditions Européennes car ce sont des mondes différents. Ici, tu ne trouveras jamais le même sable qu’en Europe. Tu ne peux pas expliquer le sable Européen, il faut y aller, et expérimenter la chose par soi-même. L’an dernier, j’ai eu de la chance de pouvoir aller à l’épreuve de Red Bud et le tracé était complètement différent du tracé de Red Bud du motocross des Nations. C’est la course, il y a toujours des surprises.

Peux-tu comparer Geico Honda de l’équipe usine Suzuki pour laquelle tu roulais en GP ?

C’était comparable, jusqu’au moment où le manque de budget nous a vraiment affecté. Chez Geico, je ne pense même pas qu’il y ait une limite de budget. Chez Suzuki, la priorité, c’était les 450, tout le reste, on le refilait aux équipes 250. Stefan Everts devait faire avec un budget très serré, comparé à KTM en Europe par exemple. C’était une équipe usine. C’était top et tout était fait au plus haut niveau, jusqu’à ce que les Japonais arrêtent le développement et que le team ferme.

À ce moment-là tu avais déjà décidé de venir aux Etats-Unis ?

Oui, mon contrat avec Geico a débuté en 2019 et mon contrat avec Suzuki s’est terminé en 2018. Théoriquement, j’avais une année supplémentaire chez Suzuki après leur fermeture. J’étais censé rouler Suzuki en 2017 et 2018 avant d’aller aux USA en 2019. Quand Suzuki s’est retiré de la compétition, j’ai signé avec le team 114 Honda en Europe et j’ai roulé la plupart des grands prix. C’était une équipe nouvelle, on a eu quelques problèmes.

Donne-nous ton avis sur le système de points aux USA ou sur la règle de l’âge en MX2.

Je ne suis pas très familier avec les règles de l’AMA car c’est ma première année ici, mais ce n’est pas une mauvaise chose. Evidemment, c’est difficile de forcer les pilotes à changer de catégorie en Europe comme aux USA, surtout quand il n’y a pas beaucoup d’endroits ou signer un contrat. Ça ne me perturbe pas trop pour l’instant. Je suis vraiment content d’être enfin ici aux USA. Mon contrat avec Geico dure 3 ans.

Va-t-on voir beaucoup d’Australiens venir aux USA ?

Oui, on va en voir venir, c’est certain. Je suis allé en Europe et maintenant je suis aux USA. Tout le monde a vu le chemin emprunté et se dit “je peux le faire aussi”. On a Mitch Evans et Jed Beaton en Europe. On a Dean Ferris, Todd Waters et Wilson Todd ici aux USA pour quelques épreuves, c’est bon pour notre sport. L’industrie n’est pas très grosse en Australie, c’est bon pour le développement de notre sport en Australie, ça donne aux jeunes quelque chose à quoi se raccrocher. Je pense que c’est important pour l’Australie d’avoir des pilotes qui roulent aux USA. C’est toujours bon de se rappeler que le motocross, c’est partout dans le monde.

Il y a des types en Australie qui roulent seulement en championnat Australien et qui défoncent tout, et c’est bien comme ça aussi. Certains veulent faire ça, et simplement ça mais c’est facile de faire preuve de complaisance quand on est là-bas, parce que c’est un petit milieu. Il est donc toujours bon d’avoir un modèle que vous pouvez tenter d’imiter. Chad Reed, c’était mon modèle à moi; Je veux battre ses records. Je ne sais pas si je pourrais rouler aussi longtemps qu’il l’a fait, mais cela me donne la flamme et un objectif à atteindre.

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