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James Stewart “L’arrivée de Tomac, c’était la seule chose qui m’inquiétait”

James Stewart – Episode 1 – Part 2

Comme la vidéo, c’est brut, sans mise en forme, les mots de James Stewart qui sort de son silence après des années d’absence, les 15 dernières minutes du premier épisode, la lecture du samedi pour les passionnés moins à l’aise avec l’anglais.

Retrouvez la première partie de l’interview ici

[…] Je n’ai jamais eu l’occasion de rouler contre Ricky en Outdoor de façon confortable, on s’est battu quelques fois, je gagnais la première manche, puis en seconde manche il se passait toujours quelque chose …

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Je me souviens à Budds Creek j’ai fait une intoxication alimentaire entre les manches, je vomissais tout, je ne pouvais rien boire, j’ai vomi 2 fois sur la grille de départ…. J’ai mené la course pendant 27 minutes avant de manquer d’énergie et c’est Ricky qui a gagné.

La dernière course à RedBud, c’est la première fois que j’ai vraiment pu me mesurer à lui, je gagne la première manche, mène la seconde, tombe alors qu’il me reste deux tours en perdant l’avant dans un virage… Pleins de petites choses comme ça

Je ne veux rien lui enlever, quand il était sur le coup …. Il était sur le coup.

En 2009 – non pardon 2008 …. Je l’aurais enfumé ! On aurait eu de belles courses.

J’ai beaucoup appris quand j’ai rencontré Aldon Baker. Il n’était plus question de donuts et d’eau sucrée mais de Cidermax et de barres granola …

Mon entrainement était alors à un niveau différent et la moto était bien mieux; j’étais plus vieux donc je pense que beaucoup de choses ont changé cette année-là.

Mais rouler contre Ricky c’était cool, je voulais toujours le battre en Supercross, il avait des petites jambes, pas pratique dans les whoops, donc je le passais dans les whoops. Il ne voulait jamais sauter les enchaînements …. Mais il le faisait !

Un jour il est même rentré dans un bateau [en bord de piste de SX] c’était hilarant, moi je suis tombé le tour d’après.

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Il était fun, il était propre, on s’est un peu fritté à Washougal une fois, il m’a sorti de la piste, j’ai essayé de lui péter la jambe, quelques histoires comme ça, mais à part ça, c’était cool.

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Toute ma carrière a tourné autour de la victoire. Mon père m’a toujours poussé à être le meilleur. Gagner, gagner, gagner !

Je pense que je me suis fait prendre dans cette spirale de victoire, je voulais gagner, c’est comme ça que je pensais tout le temps.

Je pensais comme ça parce que moi, mes équipes, mes fans et toutes les personnes avec qui j’étais en contact attendaient que je gagne.

Si Reed gagnait – ou quelqu’un d’autre – on me demandait « qu’est-ce qu’il s’est passé ? tu es tombé ? » ça se passait toujours comme ça. Cette pression de toujours devoir gagner m’a probablement coûté quelques titres parce que je sentais que finir second ou troisième n’était pas assez bon. Si je finissais second ou troisième, les gens étaient déçus, le team aussi, personne ne voulait faire la fête.

 

La saison parfaite, c’était dur mentalement. Ce n’était pas si dur à faire en soi, j’étais en bonne forme physique, j’avais faim de victoire, la moto était au top, donc rouler et gagner ce n’était pas le plus dur, mais mentalement c’était chaud.

J’en étais au point où il fallait que je trouve des choses pour me motiver : j’essayais de gagner avec une minute d’avance, de faire les meilleurs temps en piste, et ça m’a permis de rester concentré pendant toute la saison, faire le 24-0, la moto n’a pas cassé, même si je tombais dans le premier virage je savais que je pouvais revenir et gagner.

C’était mental, il y avait pas mal de choses qui se passaient derrière en coulisses …

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Pour être honnête la compétition ça a changé maintenant – mentalement c’est différent – Je pensais que Tomac allait les fumer, et il devrait les fumer, il devrait être loin devant.

Je me souviens quand je roulais, je disais que c’était le prochain mec qui allait arriver sur les devants de la scène ; L’arrivée de Tomac … c’était le seul qui m’inquiétait. Il avait une vitesse qui le séparait de tous les autres quand il était en 250. Et puis j’ai vu ses points faibles, et c’était son mental.

Ce n’est pas un reproche, c’est un des pilotes les plus rapides sur une moto, mais il gagnait et ensuite il finissait 9ème, et quand il s’agissait de gagner les titres, je le voyais galérer avec cette pression.

Je pense que Moi, Ricky, Chad Reed on était fort mentalement.

Chad se faisait battre 99 fois et gagnait une fois et il était quand même confiant – Il faut être un sacré bonhomme pour se faire battre autant de fois et toujours croire en soi, je ne sais pas comment il a fait.

J’ai galéré lors de ma dernière année et lui il a gagné une course, moi je n’arrivais plus à gagner.

Mentalement il était fort, et Villopoto était pareil,  je crois que c’est la dernière personne qui était comme ça, genre « Je mourrais s’il le faut mais je vais essayer de gagner cette course ».

Dungey était solide aussi. Quand je dis mentalement je ne dis pas qu’ils étaient faibles ou pas bons, mais c’est leur attitude.

Ils sont d’accord avec le fait de gagner une ou deux courses et finir avec le titre. Pour moi, ce n’était pas assez bon. Même Ricky pensait comme ça. Ricky il voulait gagner, quand il finissait second 6 fois d’affilée, lui voulait gagner. On se croisait dans les paddocks, ce mec était là pour gagner, par pour finir second.

Ça a changé, c’est pour ça que tu vois des gars comme Anderson gagner le titre l’an dernier, il a la mentalité du mec qui veut gagner, il n’a peut-être pas le talent d’un gars comme Eli mais il a pris le meilleur. Ça rend les choses plus intéressantes pour les fans, de nouveaux mecs gagnent chaque semaine mais en réalité, quand je regarde les courses, je ne comprends pas pourquoi Tomac ne gagne pas chaque course.

Ils veulent tous gagner, mais je ne pense pas qu’ils aient la bonne méthode, si tu roules avec une cuillère dans la bouche …. – Les temps sont différents, les enfants sont élevés différemment, il y a les réseaux sociaux … – Le « si je ne roule pas, on ne mange pas »  n’existe plus.

Quand tu vois les enfants, ils ont des contrats usines en PW, toutes les équipes, Honda, Suzuki, elles ont toutes un programme pour les amateurs et je crois que c’est une mentalité bien différente de venir des amateurs avec un programme comme ça, tout t’est déjà donné.

Je pense que c’est ça qui a changé la façon dont les mecs roulent, ça ne rend pas forcément le sport plus ou moins intéressant, peut-être que tu n’as plus de types qui sautent les quadruples donc en tant que fan je peux comprendre.

Je regarde toutes les courses depuis 3 ans, je regarde tous les essais, je regarde tout, je suis un gros fan. Je vois que c’est différent.

 

Tu deviens comme les gens qui t’entourent, si t’es entouré de porcs, tu deviens un porc.

Heureusement pour moi mes parents étaient vraiment stricts. J’ai été élevé dans un ghetto et on n’avait pas d’argent mais mes parents ont vraiment poussé pour que je roule. Je n’avais pas le temps de sortir avec mes amis et faire certaines choses. J’étais toujours concentré sur la compétition pendant mon enfance et une fois que tu tombes amoureux du sport, c’est la seule chose que tu veux faire.

Je ne traînais pas au coin de la rue avec certains enfants, j’avais des amis qui vendaient de la drogue, qui se battaient tout le temps. Je ne voulais pas faire partie de ça parce que je ne voulais pas que ma carrière de pilote tombe à l’eau.

Bien sûr les notes à l’école étaient importantes, si j’avais de mauvaises notes mes parents m’enlevaient la seule chose que j’aimais, donc j’avais de bonnes notes.

Je suis resté en dehors des ennuis, mais être entouré de ça, ça m’a donné faim, je voulais mériter de gagner tout ce que j’ai aujourd’hui.

 

Je ne sais pas si les gens le savent, mais j’ai eu ma propriété via le biais de Fox Racing à l’époque, au lieu de me payer un salaire, ils payaient pour ma propriété, c’est comme ça qu’on a commencé le coumpound.

Je suis reconnaissant, ça a amené ma carrière à un autre niveau de ne plus avoir à conduire une ou deux heures pour aller m’entraîner. Tout était chez moi.

Avant on vivait dans une caravane – pendant 9 mois –  après on avait la maison. Ensuite on prenait la caravane pour aller aux courses, c’était devenu une maison qui voyageait !

C’est comme ça qu’a commencé le JS coumpound, c’est toujours là, on étend même la propriété. Les temps sont différents maintenant. Il y a des circuits partout, toutes les équipes usines ont leur propre circuit pour s’entrainer.  C’est un état d’esprit différent.

Je pense qu’il y a plus de bons pilotes maintenant qu’à l’époque quand je suis arrivé. Plus de compétition entre les pilotes, je ne sais pas s’ils sont meilleurs, mais il y a beaucoup de bons pilotes.

 

Pour Fox, je ne me souviens plus comment c’est arrivé, je crois que j’avais signé pour 5 ans c’est grâce à cet argent qu’on a eu le terrain après un ou deux ans, il fallait que j’achète le terrain, c’était dans le contrat, c’était un investissement. On avait le terrain, mais pour survivre et manger, il fallait que je gagne des courses, c’est aussi comme ça qu’on a pu se permettre de construire une piste dessus.

À l’époque, les terrains n’étaient pas très chers, je crois qu’on a acheté 12 hectares (30 acres)  pour 50.000 ou 60.000$. Maintenant tu achètes ça pour 5 millions …

C’est comme ça qu’on a eu le terrain, quand les gens voient ça ils pensent que je suis riche, ils pensent que mes parents avaient de l’argent, mais en réalité c’est Fox, ils ont investi en moi, j’étais devenu un investissement immobilier pour eux.

On ne crevait pas de faim …. Mais on était pauvre … Quand arrivait Noel, Thanksgiving, les anniversaires, il n’y avait qu’un seul cadeau. C’était comme ça.

Quand tu regardes les meilleurs dans n’importe quel sport, Lebron James, Tiger Woods, moi-même, Ricky Carmichael, tout le monde a connu une enfance compliquée, il faut en vouloir.

C’est un de mes cauchemars, que mes enfants deviennent de gros mollassons . Là c’est le papa qui parle, je leur explique à chaque fois pourquoi on a besoin de ça, comment on gagne ça, je sais qu’ils n’ont que 6 mois et 2 ans. Mais ils vont devoir aller bosser, c’est comme ça que je le vois.

Je donnerais la terre entière à mes enfants, mais ça va être dur pour eux, quand ils seront à l’école et qu’ils vont se rendre compte qui était leur père, qu’ils vont rentrer dans cette grande maison et que les autres enfants seront là « waou vous avez trop d’argent » … C’est un autre sujet.

Je dois m’assurer que mes enfants connaissent la valeur d’un dollar, autrement la vie sera dure pour eux.

Quand tu es parent, forcément, tu veux donner à tes enfants l’enfance que tu aurais aimé avoir.

Mais je crois que ce dont ils ont besoin c’est de l’amour et du respect, c’est ce dont a besoin n’importe quel enfant.

C’est dur de trouver le bon équilibre, et c’est là que la maman rentre en jeu « Ça va ça va » et je suis là « Non ça ne va pas, ramasse ! », ça va être dur pour eux, mais je les aime ces gamins.

 

La personne qui m’a le plus influencé ? Je dirais que c’était plusieurs personnes, j’aimais Jeff Matiasevitch, il avait la Kawasaki numéro 7, bon à cette époque ils changeaient de numéro tout le temps, mais le 7 c’était son numéro. Il était cool – On l’appelait chicken, mon surnom quand j’étais jeune, c’était baby chicken.

Et puis il y a eu Jeremy McGrath, le style, la pub 1-800-collect, l’émission showtime ….

Et puis Michael Jordan … Je regardais ces gars et je me disais que je voulais être plus que juste un pilote. Je voulais être un business man comme Jumpman, Puff Daddy, être impliqué dans le sport, pas juste être un pilote qui roule, mais redonner quelque chose au sport.

Quand tu roules, tu te fermes d’esprit et c’est dommage. Quand tu regardes Tiger Woods, tu vois tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a redonné à la communauté, au sport.

Et je voulais être comme ça. Je voulais pouvoir rouler et aider les gens, leur donner envie de s’acheter une moto et de venir rouler parce qu’ils voulaient devenir comme moi.

Je joue au golf parce que je veux être comme Tiger Woods, les gens jouent au basket-ball parce qu’ils veulent être comme Lebron James.

C’est dur de ne citer qu’un athlète, mais je dirais ceux-là.

Bubbas world, la série TV, c’était …. Intéressant !

C’était censé être bien meilleur que ça ne l’a finalement été. Je crois que la seconde saison a été meilleure que la première. Je n’étais pas un gros fêtard, lors de la première saison, il y a plein de choses qu’ils m’ont demandé de faire – comme un lap dance – Il y avait une soirée, je me suis pointé quand c’était l’heure de filmer, on a filmé la scène et je me suis barré directement.

C’était toujours un peu étrange parce qu’ils passaient le teaser sur les écrans géants et moi j’étais sur la grille de départ à me voir en train de recevoir un lap dance …. Mon dieu c’était débile.

La deuxième saison était bien meilleure, mais du coup, tu apprends beaucoup à propos des séries TV, tu vois à quel point tout est orchestré et faux …

C’était une bonne expérience, si c’était à refaire, je le referais, ç’a m’a permis de me faire connaitre en dehors du sport. À cette époque, je ne voulais pas que mes sponsors pensent que je me déconcentrais de la course en laissant d’autres choses rentrer dans ma tête.

Peu de personnes ont l’occasion de se dire qu’ils ont été la vedette d’un TV show pendant 2 saisons, donc bon, c’est cool.

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