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Mike Brown “Je n’ai jamais vraiment arrêté la moto”

En 1993, je me suis trouvé un boulot, j’ai travaillé pour un concessionnaire local et je me suis rendu compte que je n’allais pas aller bien loin dans la vie en gagnant 250$ par semaine”

C’est lors de la dernière manche du championnat d’Endurocross de 2016 que Mike Brown annonçait qu’il s’éloignait finalement du milieu de la compétition.

Mike Brown, c’est le mec qui a tout gagné, des titres AMA, l’ISDE, le  WORCS, des grands prix et même des épreuves aux X-Games. Brownie a eu l’une des carrières les plus longues et les plus décorées de ce sport dans les années 90 et 2000.

Des USA à l’Europe, du Supercross aux grands prix, de pilote usine à pilote privé, du deux temps au quatre temps, Mike Brown a tout connu, ou presque … L’intéressé se raconte.

Mike Brown

En 1991, j’ai plutôt bien roulé en tant que pilote privé. J’ai ramené de bons résultats en Motocross cette saison là et Mitch Payton est venu me voir pour me dire que j’avais une chance de rejoindre l’équipe si je continuais de signer de bons résultats. J’ai fini par signer un deal avec lui pour le Supercross seulement en 1992 ; la suite dépendait de ma saison de Supercross mais j’ai perdu le contrat à cause de mes mauvais résultats. Je ne savais pas comment m’entraîner, c’était dur pour moi. Il n’y avait pas de terrain de Supercross à l’est où je vivais à l’époque, ce n’est pas une excuse mais je n’avais pas d’endroit ou m’entraîner ni de personne pour me montrer les ficelles. J’ai perdu ce contrat et j’ai repris ma route de pilote privé pour la fin de saison 1992 et en 1993.

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Mike Brown – 1991 – devant Larry Ward

En 1993, je me suis trouvé un boulot, j’ai travaillé pour un concessionnaire local – Jim’s Motorcycles – et j’y suis resté pendant 2 ou 3 mois. Mes amis commençaient le VTT et je m’y suis mis sérieusement avec eux, puis je me suis mis à faire des courses auto, de karting, et encore un peu de motocross. J’ai travaillé quelques mois et je me suis rendu compte que je n’allais pas aller bien loin dans la vie en gagnant 250$ par semaine. J’ai vu que faire du vélo avait amélioré ma condition physique et j’ai fait quelques épreuves d’outdoor en 1993, pas mauvais. Ça a débouché sur un contrat avec Honda of Troy en 1994.

En 1994, j’ai gagné le Supercross de Pontiac et j’ai bien roulé en outdoor, ce qui m’a valu une extension de contrat pour 1995 et 1996. Ma vie avait pris un tournant en dégotant ce boulot chez Jim et en m’achetant un vélo. J’ai appris un peu ce qu’était l’entraînement ; j’ai vu que ça m’avait aidé, et je me suis mis à faire du physique à partir de là.

Mike Brown – Honda Of Troy

Fin 1996, j’avais marqué trop de points pour rester en 125 et en 1997, je n’arrivais pas à trouver de guidon en 250 car toutes les équipes avaient déjà un pilote ; donc je suis allé en Europe. Ensuite, Eric Kehoe – le team manager de Honda – a voulu me faire revenir pour rouler sur la 250CR en Supercross en 1998 et en 125 en motocross ; sauf que je ne savais pas que l’équipe Honda of Troy avait prévu de devenir Yamaha of Troy en 1999 ; du coup, je suis retourné en Europe de nouveau fin 1998.

C’était cool, j’ai beaucoup appris. J’ai dû m’adapter car les gars en Europe roulaient vraiment différemment. J’ai bien roulé, j’ai gagné 3 GP et j’ai signé 10 podiums en 1999/2000. J’étais dans une bonne équipe, mais la moto me freinait un peu. Tout ce que j’ai appris en Europe m’a aidé pour mon retour aux USA en 2001. Venir en Europe, apprendre comment rouler différemment, ça m’a plutôt bien aidé.

Pendant que j’étais en Europe, j’avais signé une lettre d’intention pour rouler chez KTM aux USA. Je savais que les KTM marchaient bien en Europe mais je ne savais pas s’ils allaient avoir le même matos aux USA. Je connaissais bien Mitch Payton, j’avais roulé pour lui quelques années plus tôt, je savais qu’il avait du bon matériel, j’adorais sa façon de diriger l’équipe et au dernier moment, j’ai changé d’avis et j’ai signé chez Pro Circuit Kawasaki. Je sais que ce n’était pas le truc le plus cool à faire, mais j’étais nerveux à l’idée d’aller chez KTM.  (…)

En 2003, les quatre temps ont fait leur apparition, et c’était ma dernière année chez Pro Circuit. Encore un contrat que je n’aurais pas dû arrêter, mais je l’ai quand même fait. J’aurais pu rester avec Pro Circuit. Leur nouveau 4 temps allait sortir et je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Yamaha Of Troy avait déjà sorti son 4 temps, donc j’ai rejoint Yamaha. Malheureusement, je n’étais pas en accord avec le team et je suis retourné en Europe une nouvelle fois en 2004. Peut-être une nouvelle erreur, mais tu ne sais jamais que c’est une erreur avant de la faire.

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En Europe, ça ne s’est pas bien passé par la suite ; je n’ai jamais été payé par l’équipe pour qui je roulais. Je suis revenu en 2005 aux USA et deux semaines avant la première épreuve d’outdoor, j’ai acheté des motos, une camionnette et je suis allé voir Mitch pour qu’il me prépare mes moteurs. J’avais la tête du championnat après Budds Creek et j’ai tout gâché ensuite cette année-là. Je suis passé du mec qui gagnait au mec qui loupait le titre en 2005.

En 2006, je suis allé chez Rockstar Suzuki – une nouvelle erreur. Je roulais bien, les Suzuki marchaient bien, mais le team n’était pas prêt à gagner. Il n’y avait aucune prise de décision. Une équipe dirigée par de belles personnes mais trop peu organisées. Suzuki leur donnait tout ce dont ils avaient besoin mais ne les aidaient pas au niveau des moteurs ; on galérait à chaque fois.

Je suis retourné en Europe de nouveau en 2007 et 2008 avec Honda et j’ai roulé en 450. J’ai terminé 7ème en 2007 et 18ème en 2008 en loupant la moitié de la saison. Fin 2008, j’en avais assez et je voulais rentrer chez moi.

Dans l’avion qui me ramenait aux USA, j’ai eu la chance de recevoir un appel de Kurt Nicoll qui m’a proposé de rouler en tout terrain pour KTM.

Il venait de redémarrer ma carrière, j’ai roulé en tout terrain pendant presque 10 ans par la suite ; et je n’ai jamais vraiment arrêté. J’ai continué à m’entraîner et même si je ne fais plus de compétition, j’ai continué à faire du vélo, de la muscu, de la moto, je n’ai jamais vraiment arrêté la moto.

Un conseil aux jeunes, donnez tout ce que vous avez. Ecoutez les gens, écoutez ce qu’ils ont a vous dire. Beaucoup de jeunes ne savent pas s’entraîner. Je déteste voir autant de pilotes privés – très talentueux – qui n’ont pas les outils pour réussir. Il y a beaucoup de jeunes très rapides qui n’auront jamais la chance d’atteindre les sommets ; vous avez une fenêtre de 10 ans pour faire vos preuves. Le plus important, c’est l’éthique de travail. Les gens aiment les pilotes qui se défoncent et qui n’ont pas peur de travailler.

La plupart des gamins qui se pointent sur les courses avec des énormes camping-cars n’y arriveront jamais. La famille a de l’argent et le gamin va se dire « Est-ce qu’il faut vraiment que je roule dans la boue aujourd’hui ? » Tu vois souvent ça. J’ai grandi entouré de riches et de pauvres, les petits pilotes privés qui payent tout de leur poche donnent toujours 110%. Les jeunes qui obtiennent tout gratuitement depuis l’enfance n’ont jamais vraiment besoin de se défoncer pour obtenir ce qu’ils veulent.

Moi, je ne suis pas le pilote le plus rapide et je ne l’ai jamais été, mais la compétition, c’est aussi être intelligent, prendre les bons choix et être à jour au niveau de son entraînement. J’ai eu une belle carrière et je ne peux que remercier les personne qui m’ont soutenue lors de cette dernière.

Source: MotocrossActionMag


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