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Mitchell Oldenburg “J’ai dû subir une greffe de peau après Las Vegas”

Jamais deux sans trois.

Mitchell Oldenburg a connu deux saisons 2017 et 2018 marquées par les blessures. Alors qu’il semblait bien parti pour passer au travers des ennuis en 2019, une bête chute à Las Vegas l’a tenue éloigné des circuits bien plus longtemps que prévu. Celui que l’on surnomme “Freckle” (tache de rousseur) était pourtant en passe de réussir une belle fin de saison de Supercross après une seconde place à New York.

Brûlé à la cuisse, Mitchell a dû subir une greffe de peau et a manqué l’ouverture de l’outdoor. Mitchell est le seul pilote de l’équipe Star Yamaha à ne pas avoir de guidon signé pour l’an prochain et les prochaines apparitions du pilote en piste vont s’avérer décisives pour son avenir dans le sport.

Une interview réalisée par Jim Kimball de MotocrossActionMag

Mitchell, on va commencer par ta saison, beaucoup de hauts et de bas non ?

Oui, mais au début de la saison de Supercross, je me sentais vraiment bien. C’était vraiment long de revenir ces deux dernières années après les blessures, donc j’essayais surtout de me remettre dedans en gardant la tête froide pour ne pas me tuer en essayant d’aller trop vite trop tôt. J’ai signé de bons résultats en fin de saison et j’ai fini second à New York. À Las Vegas j’étais le plus rapide aux essais, mais malheureusement j’en faisais trop, je ne roulais pas en dehors des mes pompes, mais je roulais trop vite. J’ai fait deux petites erreurs cette soirée-là et j’ai fini inconscient et coincé sous la moto. Je me suis bien brûlé au niveau de la hanche, c’était bien malheureux, et la période de convalescence a été bien plus longue que ce à quoi on s’attendait. Je m’attendais à pouvoir remonter sur la moto quand j’ai reçu le feu vert pour mon choc à la tête, mais j’ai été voir un spécialiste en brûlures.

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Au final, j’ai fini à l’hôpital pendant 8 jours pour une greffe de la peau, donc j’ai passé un mois sans rouler. J’ai roulé pendant une petite semaine avant High Point. Je savais que je n’étais pas en forme, mais ça faisait 3 ans que je n’étais pas venu sur ces pistes et je me suis dit que j’allais juste rouler, m’améliorer, revenir en forme pendant les manches. Autant dire que c’est la galère. Je pense que ma vitesse est bonne, mais mon physique n’est pas encore au niveau.

Revenons sur cette chute à Las Vegas où tu finis inconscient et brûlé par ta moto, c’était vraiment brutal.

Oui, ça ne semblait pas si grave que ça, c’était une brûlure au 3ème degré. Je ne sentais pas la brûlure, tout le côté était engourdi au niveau de la brûlure, je ne savais pas trop quoi en penser.

Je suis allé à San Diego pour voir un spécialiste des brûlures le jeudi suivant, ils devaient nettoyer la brûlure et me renvoyer chez moi. Ils ont fini par m’admettre en urgence. J’ai dû subir une greffe de peau après Las Vegas, j’ai passé 8 jours à l’hôpital dont 4 jours au lit. Ils ne voulaient pas me laisser sortir du lit car la greffe était vraiment fragile et ils ne voulaient pas que je tire dessus, que je l’arrache, et devoir la refaire, ça craignait. On ne s’inquiétait pas vraiment à la base et c’était vraiment chiant. J’ai dû regarder Hangtown depuis un lit d’hôpital […]

 

Tu es revenu lors de la 4ème épreuve de la saison à High Point. Comment tu décrirais ton retour ?

Pour l’instant, je suis aux alentours de la 8ème position en début de manche et je commence à faiblir en fin de manche. C’est difficile, tu sais. Je me suis beaucoup préparé avant Hangtown. J’ai fait tellement de manches de 35 minutes avant Hangtown et devoir rester dans un lit une semaine sans ne rien pouvoir faire pendant deux semaines, c’était vraiment difficile. Ça n’a pas l’air d’être très grave comme ça, mais j’ai pratiquement dû tout reprendre à zéro de nouveau donc c’était compliqué. Je savais que je n’étais pas prêt.

Ce qui est le plus compliqué, c’est de signer ces résultats et devoir s’en contenter pour le moment. Je sens que je suis de plus en plus fort et de plus en plus en forme chaque semaine. Ce n’est qu’une question de temps et je voulais juste passer cette première partie de saison. Ensuite, profiter de la semaine de repos pour bosser comme un dingue, souffrir, faire de longues manches et me préparer pour Millville, Washougal, et profiter d’une nouvelle semaine de repos et être à 100% pour les trois dernières épreuves.

Ton contrat se termine à la fin de l’année. Vu le niveau de la catégorie, et le niveau de ton équipe, ça doit être stressant.

C’est stressant, mais en même temps, c’est cool car je m’entraîne avec Colt et Justin chaque jour et ils font de très bons résultats. Justin monte sur le podium pratiquement chaque weekend, donc je peux me situer et je sais ce qu’il faut que je fasse pour y arriver à mon tour. Ce n’est qu’une question de temps, de patience, de travail, et les résultats viendront, tout comme les guidons. C’est stressant car au mieux on signe des contrats de deux ans, donc on n’est jamais vraiment serein. Ces deux années passent vite, mais pour l’instant, il faut faire du résultat, et c’est ce sur quoi je me concentre. Et aussi sur le fait d’être meilleur chaque weekend.

Tu es un exemple parfait de la brutalité de ce sport.

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Ouai, c’est incroyable. Beaucoup de gens ne comprennent pas l’aspect mental de ce sport. Revenir de blessure, c’est la partie facile, retrouver la santé aussi. Mais revenir en forme mentalement, revenir là où tu sais que tu dois être, c’est le plus dur. Quand tu connais blessures sur blessures, tout devient plus dur, heureusement, j’ai la chance d’être bien soutenu avec ma femme et ma famille à la maison. Ils étaient à mes côtés pendant tout ce temps. Il faut avoir la foi aussi. Je suis croyant, et je pense que tout arrive pour une raison et que je suis exactement là où je suis censé être pour l’instant, donc c’est difficile de ne pas trop stresser. Il faut que je continue de bosser, et arrivera ce qui arrivera.

Penses-tu pouvoir être un prétendant pour les dernières épreuves ?

Tout à fait. Du moment qu’on s’en tient au plan et qu’on continue de travailler, ça viendra. C’est dur de faire des progrès quand tu roules chaque weekend car tu n’es qu’à la maison pendant 3 jours, c’est compliqué. Quand on rentre à la maison pendant une semaine de pause, il faut qu’on arrive à en tirer profit, qu’on se prépare et qu’on souffre. Ça va être dur pour moi d’ici à Millville mais je suis prêt et il faut que je vois ça comme une opportunité pour être meilleur. Pour les autres, c’est leur 7ème épreuve ce weekend, ils vont probablement récupérer un peu plus et de mon côté je vais souffrir un peu plus. Je vais écouter mon corps et faire ce que Swanepoel – mon entraîneur – pense est le mieux pour moi. Ces trois dernières épreuves, c’est là que je panifie de briller et de signer les résultats dont je sais que je suis capable.

On entend souvent dire que Bobby Regan est un manager sévère, mais récemment je vous ai vus interagir tous les deux et j’ai eu l’impression qu’il avait beaucoup de considération pour toi.

Bobby est génial. Il a cru en moi pendant tout ce temps et il sait de quoi je suis capable, et je pense qu’il est aussi très réaliste. En revenant de blessure, il ne s’attend pas à ce que je mette le feu, mais il s’attend à ce que je fasse mon boulot et que je fasse du mieux que je peux tout en me construisant au fur et à mesure des résultats que j’obtiens. Il a été top en Supercross. J’ai connu quelques courses compliquées et j’étais vraiment déçu de moi-même et j’avais l’impression de laisser tomber l’équipe. Mais il nous a relevés, il nous a dit de renfiler les bottes pour revenir et tout déchirer la semaine suivante. L’équipe en général a été au top. On se retrouve chaque lundi et on fait un récap’ du weeend pour trouver un plan ensemble et trouver comment on peut s’améliorer en dehors de la moto, sur la moto, etc [….]

Beaucoup d’équipes ont amené des amateurs prometteurs qui n’ont pas répondu aux attentes ces dernières années, qu’en penses-tu ?

Récemment, on a beaucoup vu ça. Je sais que pour ma première année, je me suis fait surprendre. J’avais l’impression de m’être fait balancer à l’eau et je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’avais pas été guidé du tout en arrivant en tant que pilote privé et je ne connaissais rien.

Je trouve que ce que les équipes font pour les amateurs est génial et ils leur donnent une opportunité de montrer de quoi ils sont capables. Mais il y a une chose, l’outdoor, c’est brutal, et je pense qu’il faut être assez fort mentalement. Je sais que tout le monde a grandi en roulant en outdoor, mais faire des manches de 35 minutes avec une heure de pause chaque weekend, c’est brutal. Je pense que les gens ne réalisent pas exactement ce qu’il en est vraiment.


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