Interviews

Olivier Bossard “comprendre les besoins et les satisfaire”

Rencontre avec l’équipe BOS GP Kawasaki.

Vent de fraîcheur pour l’équipe BOS GP Kawasaki avec le retour de leur pilote – Evgeny Bobryshev – à Saint Jean d’Angely. Ce n’est plus un, mais deux pilotes, qui seront présents sous l’auvent BOS GP pour le reste de la saison.

La jeune équipe, pilotée par Olivier Bossard, entend bien faire rentrer ses deux pilotes dans le top 10 du mondial MXGP. Les places aux avant-postes sont chères, et le plateau, lui, s’avère de plus en plus relevé à chaque saison.

Après avoir réalisé un début de saison prometteur en Argentine avec Tommy Searle, les choses se sont compliquées et l’équipe – comme le pilote – n’ont su trouver les ingrédients pour revenir jouer aux avant-postes.

Pour les intéressés, il est maintenant question de trouver la dernière pièce du puzzle pour décrocher les résultats escomptés.

À Saint Jean d’Angely, Olivier Bossard est revenu sur le début de saison MXGP, la collaboration avec Tommy Searle, le retour d’Evgeny Bobryshev, les problèmes rencontrés, les objectifs, les aspects positifs, et bien plus encore…

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Olivier, un début de saison un peu difficile pour l’équipe BOS GP, qu’est-ce qu’on tire de ces premiers grand prix ?

Début de saison un peu compliqué, oui, la première complication, c’est la blessure d’Evgeny au mois de Janvier. Evgeny est un pilote très important pour BOS GP, c’est sa deuxième année au sein de l’équipe et l’an dernier tout s’est très bien déroulé avec lui.

Sur le plan positif, on a quand même fait un bon début de saison avec Tommy Searle en Argentine. Tommy était longtemps 4ème en seconde manche et termine 7ème du grand prix, ce qui est excellent, c’est même un peu mieux que ce que nous espérions pour un premier grand prix.

On a connu un GP d’Angleterre un peu moins bon, on a beaucoup cherché au niveau des réglages pour aller plus vite, pour nous, il s’agit d’améliorer la machine continuellement.

Je pense qu’on s’est trompé dans les directions prises à un moment, sans doute aux alentours de Valkenswaard ou Arco di Trento.

À Mantova, on a eu une piste extrêmement compliquée, pour nous comme pour tous les autres pilotes. Beaucoup de pilotes ont chuté, se sont fait surprendre, même les grands noms du MXGP ont été dans des situations compliquées.

Malgré tout, le dimanche, Tommy a trouvé ses marques avec de belles manches, malheureusement, on a connu des problèmes de surchauffe moteur… Ce n’était pas un cas isolé car dans la boue de Mantova, c’était difficile.

À Agueda, on a connu un GP sans complications particulières.

Des améliorations au niveau des réglages depuis ces derniers GP ?

Oui, on a travaillé sur nos suspensions entre-temps. C’est une nouvelle moto pour nous, on la découvre, on n’a pas encore l’expérience de la Kawasaki.

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C’est une excellente moto, une des meilleures du marché à l’heure actuelle mais il faut tout de même beaucoup travailler pour la mettre au point pour nos pilotes.

Je pense que pour Tommy, on a enfin trouvé de bons réglages, ces derniers arrivent deux ou trois GP un peu tard mais je pense qu’on est sur la bonne voie.

Quelle était la source des problèmes de ce samedi ?

On a eu de gros problèmes le samedi, Tommy a dû s’arrêter pendant les chronos, puis pendant la qualification. Chose plus surprenante et inquiétante, c’est que nos deux pilotes ont dû s’arrêter tous les deux dans le quatrième tour avec un problème de batterie et d’allumage.

On a mené des investigations, on a regardé les données et on s’est rendu compte que le souci que l’on avait provenait de nos batteries.

On a tout remis à neuf, on a changé de modèle de batterie, on a changé les faisceaux électriques, on a remis les choses en ordre et aujourd’hui [dimanche] les motos marchent correctement.

Tommy part de l’extérieur à Saint Jean et revient dans les 15, il y a de bons pilotes devant et derrière lui. Avec une bonne place sur la grille et un bon départ, il est largement capable de rouler devant.

Tommy c’est un pilote qui devrait rouler dans les 10 premiers du championnat. On a vraiment de la chance d’avoir des pilotes de ce calibre.

Evgeny fait son retour et le poignet n’est pas encore au top, on espérait qu’il puisse faire entre 25 et 30 à Saint Jean en première manche, il fait 27, on est dans les objectifs. Même si c’est loin d’être magique il faut prendre en compte qu’Evgeny ne roulait pas il y a 10 jours de cela.

Tommy, c’est un pilote qui va potentiellement rouler dans les 10 premiers donc maintenant, il faut réussir à trouver les bons réglages, les bonnes pièces pour lui. C’est une partie de Tetris, il faut que tout s’imbrique.

Il faut également que le pilote gagne en confiance, ainsi, il pourra revenir rouler aux places qui sont les siennes, dans le top 10.

Le retour d’Evgeny devrait vous permettre d’avoir plus d’informations sur cette Kawasaki que vous êtes en train de découvrir.

Evgeny, c’est un pilote que l’on connaît très bien et qui, contrairement à l’image qu’il donne vu sa corpulence et son pilotage, est très précis sur les réglages. Il m’a vraiment surpris l’année dernière.

Aujourd’hui, on le connaît bien, en très peu de temps, on a été en mesure de faire une moto qui lui convenait très bien. À Saint Jean d’Angely, la moto est au point pour Evgeny. Maintenant, c’est surtout des soucis d’avant-bras.

Le retour d’Evgeny c’est un vrai vent de fraîcheur dans le team. Tout se remet en place avec les membres de l’équipe.

On veut aussi prendre du plaisir, et être de retour au complet, pour nous, c’est un réel plaisir.

Tommy n’était pas satisfait en début de saison avec certains réglages. On entendait assez peu Evgeny l’an dernier.

Les deux ont eu des problèmes, c’est plus au niveau du comportement et de la façon de le faire savoir qu’on va observer une différence. Tout le monde ne manifeste pas les choses de la même manière.

Tommy va avoir tendance à dire que rien ne marche, que la moto est impossible à piloter, puis on va faire un changement de deux crans sur l’amortisseur et de là, tout sera impeccable et il ne faudra plus toucher à rien.

De son côté, Evgeny va dire qu’on n’est pas très loin des réglages optimums mais qu’il faut continuer à chercher un peu. Il va exprimer des besoins de façon beaucoup moins forte. Il faut qu’on se cale là-dessus avec nos deux pilotes.

Au final, quand la moto fonctionne, ils arrivent à exprimer leur satisfaction.

Un petit mot sur le travail effectué avec Tommy en ce début d’année ? Il a un caractère bien trempé ?

Tommy, c’est un super pilote, très agréable à regarder rouler, c’est un garçon très appréciable qui, à l’inverse d’Evgeny, est très expressif. Evgeny va être plus réservé.

Avec Tommy, c’est au détail près. Quand il parle de certains problèmes, on peut vite avoir l’impression que c’est un problème très grave ou qu’il va falloir faire un travail énorme sur la moto.

Mais finalement, quand on arrive à discuter avec Tommy, à le cerner, on arrive rapidement à trouver des solutions. Ça vient aussi de l’expérience équipe / pilote. Il faut réussir à comprendre quoi chercher, où mettre le doigt et parvenir à satisfaire notre pilote.

Tommy est comme beaucoup de pilotes, et quand un pilote se trompe, il n’y est généralement pas pour grand-chose. Par exemple, il va te dire que ce qui a été validé des semaines auparavant ne fonctionne plus le jour de la course, ce n’est jamais simple.

On ne va pas faire découvrir une moto à un pilote le jour d’une course, c’est impossible, utopique. On se prépare à l’avance, on propose des solutions. Il y a toujours différentes solutions, Tommy fait ensuite son choix et avec ce choix, il s’entraîne, il se fait la main et nous fait des retours d’informations.

Dernièrement, on est allé à Mantova avec un choix qu’avait fait Tommy, on avait fait confirmer ce choix par une course en Angleterre. La piste était très difficile à Mantova et je ne suis pas certain que le style de pilotage de Tommy convienne à un tracé comme celui qu’on a rencontré là-bas.

L’ensemble, pilote et moto, ne fonctionnait pas. Forcément, il y a eu beaucoup de remises en question, et de tout le monde.

C’est quand même fait dans une bonne dynamique et dans la bonne humeur, après tout, il s’agit de trouver les réglages pour une saison avec notre pilote. On veut pouvoir avoir du succès, trouver de la satisfaction.

Je sais que Tommy a énormément travaillé cette saison et une chose le montre : Il signe tous ses meilleurs temps en fin de manche. On ne peut pas dire que Tommy ne travaille pas. Tommy a un gros physique, du potentiel, il s’implique énormément, il est très agréable à regarder rouler.

Après, Tommy n’est pas le plus fin metteur au point, les explications peuvent devenir du bruitage, du mouvement, mais c’est notre boulot d’arriver à comprendre les besoins et les satisfaire.

Un top 10 de Tommy en seconde manche – et en général – ce serait un petit coup de souffle pour tout le monde ?

C’est certain. On est là pour ça, lui comme nous.

On veut que nos deux pilotes soient dans le top 10. Tu as pu voir que la concurrence est redoutable et le plateau très relevé.

Quand on regarde la première manche, Gautier Paulin est une demi-seconde moins rapide que Tommy et termine derrière lui en première manche. Shaun Simpson termine aussi derrière, ça situe un petit peu le niveau des pilotes.

On a affaire à de vrais athlètes. Il faut prendre de bons départs, il faut que tout soit en osmose et que la confiance acquise lors des manches permette de venir faire des tops 10 à l’avenir, on y croit.


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