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Sébastien Pourcel “Faire briller les couleurs de la France à l’international”

Double casquette pour Sébastien Pourcel

Avec 8 titres nationaux en poche, hors de question pour Sébastien Pourcel de s’éloigner du monde de la moto quand ce dernier raccroche les gants en 2016.

L’ancien pilote Gardois, titulaire du brevet d’état et affilié à la FFM est plus que présent sur les circuits cette saison et encadre notamment nos jeunes espoirs Français en 65cc.

Le programme de l’aîné des frères Pourcel est bien rempli puisque Sébastien s’occupe également de son école, la Seb Pourcel Academy, qui offre différents formats aux pilotes souhaitant se donner les moyens de briller au plus haut niveau.

Sébastien, tu coaches des pilotes avec ton école, la Seb Pourcel Acadamy, est-ce que tu peux nous parler de ces coaching ?

Alors moi j’ai mis en place un sport étude, mais je ne fais pas que ça non plus. Mon academy, c’est du coaching comme on pouvait retrouver au pôle Espoir d’Ales à l’époque. Pour ceux qui sont déscolarisés, il est aussi possible de passer par une formule qui n’inclut que l’entrainement moto et physique.

Le lundi après-midi et le jeudi après-midi les pilotes ont entraînement physique, et le mardi mercredi je vais chercher ceux qui sont à l’école pour qu’on aille rouler.

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Ceux qui font le format « Ecole+moto » ont des horaires de cours aménagés avec une école sur Nîmes, jusqu’au collège ou au lycée. Ils n’ont pas d’options supplémentaires comme le sport, la musique et ils sont sur une liste de sportifs de haut niveau, ce qui leur permet de s’absenter pour les courses.

Ces pilotes-là, je m’en occupe du lundi au vendredi de Septembre à Juin.

En ce moment je travaille surtout avec Arnaud Colson et Enzo Casat. Avec Arnaud, on travaille depuis 1 an et demi ensemble, avec Enzo, ça fait 2 saisons maintenant. Tous les deux sont en 125 et basés sur Nîmes, je les accompagne à l’entraînement, je les encadre et je les suis sur les épreuves des championnats nationaux.

Je sais que tu travailles aussi avec la FFM, quel est ton rôle au niveau de la fédération exactement ?

Au niveau de la fédération, je suis missionné pour m’occuper des pilotes de la catégorie 65cc. Je fais partie de la commission de motocross et à côté de ça je suis entraîneur pour les 65cc, je les encadre sur les courses comme le Minivert.

On fait 4 stages sur l’année, je m’occupe d’eux sur les courses par équipes comme le trophée franco-italien, la finale de l’Europe à Loket, le mondial de Trentino. Je me déplace aussi sur certaines épreuves de l’Europe, lors des poules qualificatives. Au niveau des 85cc, c’est Lucas Bechis qui fait ce travail.

Là, on va aussi préparer la coupe de l’avenir en Octobre.

Sur les épreuves du Minivert, j’ai une double casquette, je suis à la fois présent en tant que représentant de la commission et à la fois dans mon rôle d’entraineur pour les 65cc.

Trophée Franco-Italien

L’an dernier à l’Europe 65, on n’avait pas eu de pilotes en finale, et cette année, on en a 4, la relève est présente ?

Il y avait deux pilotes qualifiés en 65cc en 2018, Tom Brunet et Jules Piètre. Malheureusement Tom s’est blessé juste avant l’épreuve et Jules a préféré rester en France car la finale de l’Europe se déroulait en même temps que le championnat de France Minivert et il voulait s’assurer d’avoir le titre.

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Cette année, c’est une première avec 4 pilotes 65cc qualifiés pour la finale de Loket, c’était top. Malheureusement, ils sont passés à côté du weekend et c’est dommage.

Il y a du positif, le fait qu’ils soient 4 à se qualifier, c’est déjà quelque chose. Ils ont fini 2ème, 3ème, 4ème et 11ème de leur zone, Mano ayant été repêché.

Mais en terminant dans les 5 premiers de leur zone, il y avait des possibilités de finir au moins dans les 10 premiers lors de la finale.

Le petit Joel Canadas qui roulait dans leur zone aux qualifications termine 5ème d’une manche à Loket et Edoardo Martinelli fait deuxième d’une manche. Nos Français ont battu Edoardo Martinelli toute l’année.

C’était comment par rapport au mondial en Italie 2 semaines plus tôt ?

En Italie, ça a été compliqué car nos pilotes n’avaient pas trop l’habitude des grands circuits comme celui-ci. J’essaye de ne pas trouver d’excuses car je n’aime pas ça et je suppose que les autres pilotes 65cc des autres pays n’ont pas non plus cette expérience des gros terrains. Je pense que tous ensemble, nous n’avons pas assez bien préparé la course. Ce sera mon rôle de mieux préparer ces deux épreuves l’an prochain pour faire briller les couleurs de la France à l’international dès le plus jeune âge.

Mondial junior à Arco Di Trento

Et comment remédier à ça ?

On est sur la bonne voie avec le Minivert car on ne refait quasiment plus les pistes – sauf sur la dernière épreuve, suite aux conditions météo. Du coup, quand nos pilotes arrivent dans des conditions similaires sur le championnat d’Europe ou en Mondial, ils sont mieux préparés qu’avant mais ce n’est pas encore assez, c’est pour ça qu’il faut continuer dans cette direction.

Je pense que cet aspect a aidé cette année et que c’est pourquoi 4 se sont qualifiés, ils prennent l’habitude des circuits plus compliqués sur le championnat Minivert. Maintenant, il va falloir travailler un peu plus sur la rigueur et le mental.

Passer à un format avec plusieurs épreuves sur l’Europe et le mondial pour les jeunes, pas seulement des qualifications, c’est possible tu penses ?

On n’y arrivera pas. Le format restera le même. Avant, on avait un championnat d’Europe avec tout le monde sur 5/6 épreuves, ça avait beaucoup plus de sens qu’un championnat sur une épreuve, mais la conjoncture fait que les choses sont comme elles sont aujourd’hui. Organiser un championnat d’Europe sur 6 courses, ce n’est pas évident. Ce serait une bonne chose, mais ça ne sera pas fait.

Mondial Junior Arco Di Trento

Accompagner des pilotes 65 comme ça, qui sont encore très jeunes, c’est compliqué ?

Oui c’est compliqué, ce sont des enfants. 3 des 4 pilotes présents vont probablement encore rester en 65cc l’an prochain, donc ils sont encore très jeunes, aux alentours de 10 ans. Après, cette épreuve leur servira d’expérience pour l’an prochain s’ils sont encore présents en 65cc. Ce n’est jamais évident de savoir, même pour mon collectif, au dernier moment, certains pilotes montent en 85cc. Tout dépend de l’évolution du petit, de s’il grandit beaucoup pendant l’hiver.

Comment trouver le juste équilibre dans la passion d’un jeune qui se déplace sur les épreuves de l’Europe, du mondial ?

C’est très délicat. Au niveau Français, on pêche un petit peu au niveau de l’éducation. C’est toujours délicat de parler des pays étrangers car tu ne vois pas tout depuis l’extérieur, mais on voit que dans les pays de l’est, les enfants sont plus encadrés, il y a plus de rigueur dans l’éducation.

Chez nous, ce que je remarque le plus quand je discute avec les gens, c’est qu’on veut toujours faire plaisir à l’enfant mais le problème c’est qu’en faisant plaisir, l’enfant n’apprend pas, ou peu. Ils ont tout ce qu’ils veulent et la plupart – pas tout le monde – n’ont pas la hargne qu’il faut. On leur passe un peu trop la crème, du coup, ils n’ont pas cette force d’aller puiser au fond d’eux.

Nos pilotes se développent un peu plus tard ; on a toujours eu un peu de retard avec nos pilotes en 65cc et 85cc et une fois en 125cc, nos jeunes explosent et évoluent vachement, c’est mon constat avec mon expérience.

À Loket et à Trentino. Tous nos pilotes Français en 65 avaient un entraîneur personnel, en plus de moi qui suis sur place pour encadrer. Certains pays n’ont même pas d’entraîneur. Celui qui gagne, Marek Vitezslav, je ne suis pas sûr qu’il ait fait le tour de la piste avec son entraîneur, il devait être avec ses parents, et ça s’arrête là.

Je pense qu’en France, on se brouille à vouloir trop professionnaliser nos petits.

Bien entraîner un jeune, c’est aussi bien conseiller un parent ?

Oui, bien sûr. Le problème, c’est qu’il faut que les parents arrivent à comprendre où toi tu veux mener leur enfant. Tu conseilles certains parents, ils te disent oui, oui et oui, et au final, ils font autre chose. Certains se trompent parfois alors que toi tu étais là pour les aider. En général, le souci, ce n’est pas le jeune pilote, c’est les parents. Si on n’avait que le pilote avec nous tout le temps, ce serait bien différent, et ce, avec n’importe quel entraîneur.

Quelle est l’erreur la plus fréquente que tu rencontres chez un jeune ?

Je dirais qu’ils ne bossent pas assez. Pour moi, nos pilotes Français se plaignent un peu trop et sont trop souvent mécontents, il leur manque cette hargne. Ils veulent tous faire de la moto, tous gagner, mais ils ne sont pas forcément prêts à faire les sacrifices nécessaires.

Et l’erreur la plus fréquente chez les parents ?

Les parents mettent trop les moyens financiers. Ils payent un entraîneur, achètent les dernières motos, mais à côté de ça, l’encadrement n’est pas assez bien défini.

Avec beaucoup moins de moyens mais plus de travail, les jeunes seraient capables de faire mieux que ce qu’ils font à l’heure actuelle.

Sur un plan plus personnel, tu avais monté ton équipe après avoir mis un terme à ta carrière de pilote, comment c’était ?

Oui, c’était en 2016. J’avais déjà monté cette structure en 2014, pour pouvoir rouler, et puis après j’ai fait rouler des jeunes avec moi. Mais au final, je voulais me consacrer au coaching des pilotes et devoir gérer le management de l’équipe représentait une grosse charge de travail et les deux métiers étaient totalement différents.

Ma priorité, c’était de me concentrer sur mon travail d’entraîneur pour exceller dans ce domaine. Si j’avais trouvé quelqu’un pour me donner un coup de main au niveau du management, j’aurais peut-être continué mon équipe. J’aurais eu une petite part de management à faire et je me serais occupé du coaching des pilotes.

Des titres nationaux, des victoires et des podiums en GP, sélectionné au motocross des nations, quel regard apportes-tu sur ta carrière avec le recul ?

Je suis un petit peu déçu de ne pas avoir fait plus que ce que j’ai fait. J’aurais voulu au moins être champion du monde une fois et faire un an aux USA sur la fin, mais c’est comme ça, c’était des choix. Je pense que je suis un peu trop resté dans les pattes de mon père à un moment et j’aurais dû partir ailleurs. J’étais passé à deux doigts de rouler pour l’usine KTM à l’époque mais Kawasaki m’avait fait une belle proposition et je suis resté, un peu par facilité. Je n’ai pas pris les risques.

Il faut prendre son envol ? Un peu comme Quentin Prugnières avec Steven Frossard ?

Oui je pense, si un jeune veut se donner les moyens, il faut partir pour grandir et être un peu plus livré à soi-même.

Je suis en train de mettre en place ce type de coaching pour 3-4 pilotes maximum. L’intérêt, c’est d’avoir des pilotes basés sur place, qui vivraient ici, seuls ou en famille.

Au pôle Espoir d’Ales par exemple, on était en internat, on avait tout sur place, on était un peu plus que ça car il y avait aussi les pilotes de l’équipe de France. Je veux remettre quelque chose comme ça en place, mais en plus petit, je n’ai pas envie de m’éparpiller et faire un million de choses.

En 2020, en plus de ces 3-4 pilotes dans mon programme, j’aurais aussi un petit collectif de 10 pilotes avec lequel je ferais des stages le weekend, un par mois pendant six mois, sur des grands terrains du Championnat de France Elite pour préparer au mieux les pilotes du Cadet, du Junior et de l’Elite.

Mon groupe de collectif, c’est pour du niveau de Championnat de France minimum.

Je ferais aussi des stages les mercredis après-midi et quelques stages à droite à gauche, pendant l’hiver, pour le loisir car on a beaucoup de gens qui nous contactent pour le loisir. Ce sont des stages sur une ou deux journées, certains viennent pour progresser pour leur championnat de ligue, d’autres pour être encadré, passer un moment sympa et convivial avec tout le monde, c’est différent.

Pour plus d’informations sur la Seb Pourcel Acadamy, rendez-vous sur la page facebook.


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