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Tanel Leok “Maintenant, l’écart avec Antonio Cairoli est énorme”

19ème année en Grand Prix pour Tanel Leok.

L’Estonien, âgé de 34 ans, est le pilote le plus vieux du plateau MXGP et a dépassé la barre des 250 GP à Saint Jean d’Angely et tous les pilotes contre qui Tanel a roulé en 2002 ont depuis longtemps raccroché les gants, sauf un ! Kévin Strijbos.

Il est actuellement 16ème du classement provisoire MXGP en ayant loupé le grand prix d’Argentine. Tanel a terminé 7 fois dans le top 15 de GP cette saison et a signé 2 top 10 de manche, à Saint Jean d’Angely et Semarang.

Dans cette interview réalisée par Mxlarge, Tanel Leok est revenu sur ses années grands prix, ses meilleurs moments, sa saison 2019, ses objectifs, et bien plus encore.

J’aurais dû t’interviewer quand tu as fêté ton 250ème GP. Désolé, mais félicitation quand même, ça te fait quoi ?

C’était cool. Quand tu y penses, ça fait beaucoup de courses et je roule depuis longtemps maintenant. C’est arrivé si vite et c’était une surprise pour moi car je n’ai jamais vraiment su combien de GP j’avais fait.

J’ai des fans qui faisaient le décompte, je suis allé vérifier à Youthstream et ils avaient raison. D’un côté, c’est un peu triste, mais quand tu penses au nombre de courses que ça fait, c’est tout de même impressionnant que d’avoir pu rester dans le milieu aussi longtemps en étant compétitif.

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Est-ce que Youthstream sait si tu es celui qui a participé aux plus de GP ?

Ça, je n’ai pas regardé.

Quand as-tu commencé en GP ?

J’ai commencé en 2001. J’ai seulement fait 6 courses car je roulais aussi en championnat Allemand et je ne pouvais pas faire tous les GP car le championnat Allemand se déroulait en même temps à l’époque.

2015, c’était ma mauvaise année, ou j’ai principalement roulé en Angleterre, je ne veux pas dire que rouler en Angleterre était mauvais, mais cette année-là, j’ai loupé beaucoup de GP.

Depuis 2016 et jusqu’à maintenant, j’ai presque roulé lors de tous les grands prix.

Je me souviens quand tu roulais chez Vangani KTM pour Tinus Nel avec Townley et Rattray, vous n’étiez que des gamins et maintenant vous êtes des vétérans des GP, quel âge as-tu ?

J’ai 27 ans

27 ans ?

Bon, ok, j’ai 34 ans, hahaha.

Tu as connu une période où tu gagnais des GP, ou tu te battais devant avec Stefan Everts. C’est quoi les points culminants de ta carrière ?

Jusqu’en 2012 j’ai toujours pensé que je pouvais monter sur le podium, je le pensais aussi en 2013 mais ça n’arrivait plus. 2014, c’était difficile, j’ai pensé à arrêter et les équipes ne se bousculaient pas.

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En 2012, j’ai signé mon dernier podium. J’ai été blessé mais j’ai continué de rouler en 2006, 2008 et 2012. J’ai connu beaucoup d’années comme ça.

En 2014, ça ne marchait plus et je me demandais si j’en faisais assez, mais en fait j’en faisais trop et je m’étais cramé. Rien ne fonctionnait, le niveau s’élevait et déjà j’étais le plus vieux ! Je bossais dur et je me suis dit qu’il fallait peut-être que j’aille rouler à l’Adac (Allemagne) ou au Maxxis (Angleterre).

En 2016 j’ai fait quelques GP avec des amis. Puis j’ai commencé à tester pour Husqvarna et KTM et c’était vraiment cool. Puis, il est devenu clair que je ne serais plus dans le top 3, ni champion du monde, et ça m’a retiré de la pression et j’ai commencé à m’amuser. Ce n’est plus aussi fatiguant qu’avant. J’ai ralenti l’entraînement et j’ai commencé à prendre du plaisir depuis 2016.

Pourtant cette année, tu as roulé dans le top 10 et le plateau MXGP est plus que jamais relevé. Encore plus relevé que quand Stefan roulait. Ca fait quoi d’être compétitif à ton âge ?

J’ai connu quelques bonnes courses, certains tracés étaient au top. J’étais déçu qu’il pleuve à Mantova et que ce soit boueux car je me sentais bien là-bas.

Tu n’as pas fini dans le top 5 le samedi aux qualifications ?

Si. J’ai terminé 5ème après être parti 10ème. Ce n’était pas mal du tout et je me sentais bien. En France, je fais 10ème en première manche. Il faut que je prenne de bons départs et que le circuit me convienne. Cette année se passe mieux que l’année dernière. Je suis plus en confiance.

En 2018 j’ai commencé ma propre équipe, et c’était dingue, mais maintenant je sais comment tout fonctionne du coup c’est plus simple de gérer l’équipe. Je n’ai plus besoin de courir partout.

Tu as mentionné le fait qu’il allait falloir que tu penses à arrêter, comment décider ça ?

Je veux rouler l’année prochaine car cette année je me sens bien sur la moto. Peut-être que si je connaissais une saison comme celle de 2014, avec la tête ailleurs, en étant fatigué mentalement, j’aurais décidé d’arrêter, mais je me sens bien pour l’instant.

En plus, je suis motivé pour l’entraînement. Je prends les saisons les unes après les autres et si je me sens cramé, alors j’arrêterais.

J’imagine que quand tu roules derrière certains pilotes tu te dis « Wow, regarde ce qu’il sait faire ». C’est le cas ? La technique est bien meilleure maintenant ?

Oui, les techniques sont meilleures, mais aussi les circuits ont bien changé. Les pilotes plus jeunes ont grandi sur les nouveaux circuits, moi j’ai roulé sur les circuits à l’ancienne. Ces scrubs et tout …. Respect à Antonio Cairoli car il a été capable de suivre le rythme. Il s’est débrouillé.

À mon âge, comme Kevin (Strijbos), on a un train de retard alors qu’avant on avait l’habitude d’être compétitif et parmi les meilleurs. Maintenant, l’écart entre nous et Antonio Cairoli est énorme. Ils font du bon boulot avec les circuits mais je commence seulement à bien les imprégner.

À 34 ans tu apprends toujours ?

Les jeunes en 85 ils grandissent en roulant sur ces circuits, quand j’étais en 85 je roulais à Gaildorf et c’était un terrain naturel. C’est drôle car je me sens toujours bien à Matterley Basin, il y a de gros sauts mais aussi ces virages en dévers, c’est ancien mais avec un style nouveau. J’adore ça. J’aime aussi le sable, car tu ne peux pas faire d’amorti. Je peux faire tous les sauts, mais pas les prendre aussi vite que les autres.


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