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David Vuillemin “Il y aura toujours quelqu’un qui travaillera plus dur que toi”

David Vuillemin “Il y aura toujours quelqu’un qui travaillera plus dur que toi”

Nouvel opus du podcast Real Talk 447 de Fox Racing présenté par Ricky Carmichael & Jeff Emig. Habitués des invités de marque, Ricky & Jeff ont cette fois-ci convié David Vuillemin pour faire un récapitulatif du travail du Cobra avec Dylan. Dans ce podcast de 40 minutes, David a pu revenir sur le début de saison outdoor de Dylan avant de faire un détour par son analyse de la catégorie Outdoor 450 et un petit crochet par son expérience personnelle aux USA. Un podcast à retrouver en Anglais sur Youtube en cliquant ici, ou, pour les moins à l’aise avec l’anglais, ci-dessous en Français …

David Vuillemin – Real Talk 447

À propos de Dylan Ferrandis.

“Ça a été tout un processus avec Dylan, un processus fun, parfois frustrant. Ça va bientôt faire trois ans qu’on travaille ensemble et la route a été longue. Je pense que tu (Ricky) as mis la barre très haute dans les années 2000 en ce qui concerne l’entraînement, le pilotage, le dévouement et la volonté de gagner. Tout le monde veut gagner. “Je veux gagner“; mais si tu veux vraiment gagner, tu dois fournir le travail et c’est ce que j’ai voulu faire comprendre à Dylan et il le comprend maintenant. Si la moto n’est pas ta priorité numéro 1, si ce n’est pas ce à quoi tu penses quand tu te réveilles, quand tu manges et quand tu vas te coucher, je pense que tu n’y arriveras pas car il y aura toujours quelqu’un qui travaillera plus dur que toi.

Tu (Ricky) es, encore aujourd’hui, un exemple. Tu as changé le sport et le sport en est là où il en est aujourd’hui grâce à toi; avant toi, on n’avait pas de Tomac, de gars super forts, ou même de Dylan. Je pense qu’aujourd’hui, Dylan est sans aucun doute le pilote 250 le plus rapide aux US, le gars le plus en forme physiquement également. À chaque fois, on en est presque à se demander “Il ferait quoi, Ricky ?”.

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J’ai travaillé avec quelques pilotes depuis que j’ai pris ma retraite sportive, Dylan suis tout à la lettre. Je fais des tableurs Excel avec des programmes, des entraînements… 95% du temps, je suis au terrain quand il roule, j’ai dû louper 4 ou 5 journées cette année, mais même si je ne suis pas là pendant l’entraînement, grâces aux applications, aux montres connectées, on peut suivre tout ce qu’ils font, donc on peut savoir s’ils suivent le programme à la lettre.

C’est ce qui est important, que les gens réalisent le volume de travail qu’il faut réaliser, le dévouement qu’il faut avoir et répéter chaque jour, et réaliser qu’il faut faire tout ça si on veut gagner, mais pas seulement en 250. Le travail qu’il fournit maintenant ne sera peut-être pas suffisant quand il montera en 450, c’est une autre histoire. Une moto plus lourde, plus d’inertie, plus de puissance, plus de compétition, plus de compétitivité …

Mais je pense qu’il le réalise et c’est pour ça que je suis toujours là après 3 ans, sinon, je ne serais pas là. Je n’ai pas besoin de faire ça, je n’ai pas besoin de venir sur le terrain tous les deux jours et toutes les semaines. C’est fun car il comprend ma vision, ça marche, et c’est pourquoi on est encore là. (…)”

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À propos d’Ironman.

“Le contraste était vraiment énorme entre les deux manches. La première a été plutôt simple, un holeshot; on a choisi la première grille à l’intérieur car je me suis dit que ça allait être plus sec, et que ça allait être un gros avantage d’être sur la première grille même si la position n’était pas idéale, mais la traction sur la ligne de départ allait être meilleure, ce n’était pas aussi mou qu’au milieu. Ça a fonctionné; quand je vois Dylan dans le top 5 au départ je suis content, alors le voir en tête dès le début … Il a pris quelques tours pour se mettre dedans, et il a gagné avec 25 secondes d’avance. Ce qu’il s’est passé en seconde manche, c’est ce pour quoi on travaille. Quand tu donnes tout pendant 30 minutes et deux tours. Quand tu te dois de le faire sans te poser de questions sur ta préparation, ta condition physique, ta vitesse, ta moto … Il faut se concentrer sur le fait de doubler un gars après l’autre, trouver un moyen de marquer le plus de points possible. C’était une belle course.

Pour moi, l’objectif est que Dylan devienne champion d’outdoor, il est dans la catégorie depuis pas mal de temps maintenant et évidemment, s’il n’est pas champion cette année ce sera une déception. Mais ces courses l’aideront dans le futur, même en 450, car selon moi il n’y a pas meilleur entraînement que la course elle-même et quand il roule 30 minutes + 2 à cette vitesse, avec cette pression de devoir doubler autant de pilotes, il s’améliore. Sur le long terme, ça l’aide à s’améliorer physiquement, à passer les pilotes, dommage qu’il n’ait pas pu la gagner (…) 

Ça me tue (de voir que les pilotes Star Racing partent devant, mais pas Dylan), car les gens pensent qu’on ne travaille pas sur les départs. “Travaillez sur les départs”. Vous pensez qu’on ne le fait pas ? On essaye de trouver des réglages, on essaye de trouver des petits trucs. C’est drôle car on était à Pala le mardi avant Redbud, il y avait quelques pilotes amateurs dont Ty Masterpool, et Ty a fait des tests de départ avec Dylan après l’entraînement. Il y avait Jarrett Frye, Matt Leblanc & Ty Masterpool. On a utilisé la grille qu’ils retrouvent lors des épreuves nationales et ils ont fait des départs avec les mécaniciens, ils ont fait 15 ou 20 départs. Dylan partait devant Masterpool à chaque fois … On va aux courses, Masterpool signe 3 holeshots en 4 manches et Dylan est en dehors du top 10, en 18ème position dans le premier tour … (…)

Je n’aime pas dire aux pilotes avec qui je travaille qu’ils doivent faire le holeshot pour gagner, car quand les pilotes ne partent pas bien, ils se disent qu’ils ne peuvent pas gagner. Je pense que même si tu pars 12ème, tu peux toujours gagner si tu es le plus fort, la catégorie n’est pas si relevée, si tu es le plus rapide, le plus fort physiquement. Dylan l’a montré. Il s’est blessé à l’épaule en première manche à Redbud, il n’était pas à 100% mais son pilotage doit encore s’améliorer, je peux te trouver 15 erreurs qu’il a faites pendant cette manche qui lui ont coûté quelques secondes ici et là, et quand on regarde la dernière manche de la saison (Redbud 2, moto 2) Dylan termine 4 ou 5 secondes derrière Jeremy Martin. S’il ne fait pas ces erreurs et ne prends pas ces mauvaises décisions … Il a continué d’utiliser l’extérieur avant le LaRocco’S Leap car il voulait le sauter, mais il perdait plus d’une seconde en utilisant cet extérieur stupide qui était défoncé au lieu de rester à l’intérieur et d’amortir le saut. On a dû lui écrire sur le pitboard de prendre à l’intérieur avant le saut. Okay, tu vas récupérer une demi-seconde en le sautant, mais tu vas perdre une seconde et demi dans le virage d’avant. (…)”

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À propos de la catégorie 450.

“Je ne sais pas pourquoi Tomac n’est pas le même que d’habitude, il ne domine pas, c’est bon pour tout le monde. Ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu 5 mecs séparés en 6 ou 7 secondes à 3 tours de l’arrivée. Quelques pilotes ont haussé le ton, Osborne roule très bien, il gère son avance au championnat, il fait de belles courses, mais derrière, ils ne sont pas très réguliers. On voit de belles choses, Baggett a gagné la seconde manche le weekend dernier mais la régularité n’est pas là, Marvin semble faire une belle course sur deux, il galère en seconde manche, avec Tomac, on ne sait pas ce qu’il se passe; je pense que le pilotage n’est pas aussi bon que ces dernières années, on dirait qu’il se bat contre la piste, contre la moto, bien plus que lors des années précédentes. Avant, tout venait de façon très naturelle pour lui en Motocross mais cette saison, c’est compliqué. (…)

Je pense que la victoire de Zach Osborne à Salt Lake a été une bonne chose pour la confiance. Je pense que son programme est au point, il a toujours été un très bon pilote, un champion national. Je pense qu’être champion national (Outdoor) en 250 t’aidera énormément en catégorie 450 car ce n’est pas si différent. Ce n’est pas pareil qu’être champion régional en SX 250; tu ne seras pas nécessairement un bon pilote de SX 450 car il n’y a que la moitié des pilotes en 250, il y a plus de courses en 450, c’est bien différent ; la transition est énorme alors que la transition outdoor 250 à outdoor 450 n’est pas bien difficile, c’est le même nombre de courses, la même longueur de manche, ce n’est que 200CC de plus dans la moto, il y a moins de changements. (…)”

À propos de son expérience aux USA en tant que pilote Français.

“J’ai eu quelques expériences avec des spectateurs qui me disaient de retourner en France dans les couloirs du Supercross US, mais ce n’est qu’une minorité. Je pense que j’ai été bienvenu dans ce pays, un accueil chaleureux, j’ai signé avec Yamaha directement, ils sont devenus ma famille. Tu ne peux pas faire une généralité d’une minorité de personnes qui ne t’aiment pas. C’était difficile car quand je suis arrivé, on a emménagé dans une maison vide avec mes parents, on a dormi au sol pendant deux jours avant que nos meubles n’arrivent, un gros changement de culture, pas d’amis, pas de famille. On était en 1999, internet, les téléphones, rien n’était autant au point qu’aujourd’hui pour garder contact avec la famille, on s’envoyait des fax.

Le plus difficile, je pense, c’était l’aspect sportif, 16 ou 17 Supercross, 12 outdoor, la chaleur, l’humidité, tu fais 30 courses à l’année en 35 semaines, et quand c’est terminé, tu prends une semaine de repos et tu retournes faire du testing en Supercross pour l’année suivante. Je pense que la vie à l’Américaine est une vie plutôt simple à vivre (…), la nourriture Française ne m’a jamais manquée, on peut trouver de la bonne bouffe aux US, j’aime manger aux USA plus qu’en France maintenant … Sinon, je pense que devoir rouler contre Jeremy McGrath, qui était un très bon pilote de Supercross, avant que d’autres mecs comme Ricky ne se pointent, ça, c’était les gros changements, c’était eux, plus que les mecs qui me disaient de rentrer en France parce qu’ils ne m’aimaient pas. (…)

Quand tu passes de sous les projecteurs à l’envers du décor, tu ne te sens pas vraiment apprécié à ta juste valeur malgré le travail que tu fais. Avec Dylan, je fais tout de A à Z, l’entraînement, la récupération, le pilotage, presque tout. Maintenant, parfois, je me dis que j’aimerais bien que quelqu’un se rende compte que je suis là et que je fais du bon travail, alors merci à vous (Ricky Carmichael & Jeff Emig) de m’avoir invité.”

David Vuillemin Remembers the 2002 Indianapolis SX - Racer X Online


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