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Gautier Paulin “J’attaque ces Nations confiant”

Un gautier Paulin confiant à l’aube des Nations.

On ne compte plus le nombre de médias présents à Assen en ce vendredi. Assailli par les journalistes, Gautier Paulin a pris un moment pour s’entretenir avec moi – et profiter d’un break en Français – afin de revenir sur sa saison 2019, sur le retour de Glenn Coldenhoff, sur la préparation des circuits MXGP, sur le motocross des nations et les chances de la France de briller ce weekend dans le sable.

Gautier, avant même d’attaquer les nations, j’aimerais revenir sur ta saison 2019. Tu réalises un très bon début de saison, 3 podiums sur les 5 premiers grands prix, puis arrive le grand prix du Portugal, première épreuve difficile. Tu remontes sur le podium en Allemagne, pourtant, on avait l’impression de voir un autre Gautier en piste en fin de saison, comment l’expliques-tu ?

Je me suis explosé au Portugal lors des essais chronos et j’ai connu un weekend très difficile. Après en France, j’ai roulé avec beaucoup d’égo et d’enthousiasme mais j’ai fini par casser mon frein avant en première manche, ce qui me vaut de finir 16ème.

Après en Russie, je voulais vraiment prendre une revanche, c’est comme ça quand on est sportif professionnel. J’ai fait monter la sauce et au final je me suis mis KO en Russie. En première manche, je pars mal, je force beaucoup mais je parviens à revenir 8ème, c’était une belle performance vu les circonstances. Malheureusement, je perds l’adhérence de l’arrière dans une descente et là je me mets un énorme KO. Troisième grand prix insatisfaisant, un grand prix difficile à accepter, un KO difficile à encaisser.

Lors de cette chute, je me fais une petite fracture de l’index gauche, difficile au niveau de l’embrayage du coup. En plus, je me fais une lésion des poulies du fléchisseur – c’est le syndrome de l’escalade. J’avais du mal à lâcher l’embrayage que je devais tenir à 2 doigts, c’était compliqué pour les départs. Pas d’excuses.

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Je suis resté présent mais je me suis enfermé dans une passe difficile et du coup, c’était dur de performer. Je signe ce podium en Allemagne en allant le chercher. J’ai connu des grands prix pas très simples par la suite mais je n’ai rien lâché, je me suis battu au maximum mais je ne vais pas le cacher, je n’étais pas à la hauteur.

Je n’étais pas à la hauteur car j’ai pas mal mangé cette saison, j’ai eu du mal à relever la barre. Retrouver des sensations pendant la saison, c’est assez difficile, on ne peut pas beaucoup s’entraîner car on engendre de la fatigue. Tout s’enchaîne et il faut suivre le rythme. C’est comme ça, c’est le mondial, c’est le niveau qu’il faut être capable d’avoir cette année malgré les nombreuses blessures. Les terrains n’ont pas été faciles, très défoncés, pas mal trialisant, parfois il fallait rouler en mode enduro et il fallait être dans une bonne passe pour performer.

À Imola je pars devant, je fais 3ème de la manche. J’ai essayé de me reconstruire à ce moment-là en donnant tout. Il m’a manqué un petit % pour que ça fonctionne, mais ça n’a pas fonctionné, ça fait partie du sport de haut niveau.

En parlant de circuits, Rui Goncalves bosse avec le promoteur sur la préparation des circuits. Qu’est-ce que tu penses cette année du travail effectué car on a été témoin d’une véritable hécatombe cette année avec les blessures. Il faut les rendre plus roulants, moins techniques, moins difficiles ou les laisser tels quels car on parle de championnat du monde ?

Pour répondre à la question, mon boulot c’est de rouler, donc je roule sur les terrains qu’on nous fait. Même sur le meilleur terrain du monde, ça peut être le déluge et le transformer en un vrai cauchemard. Rui fait du bon boulot, ce n’est pas la première année qu’il travaille avec la Youthstream. L’organisation fait du super boulot.

Le problème que j’ai avec tout ça, c’est qu’il y a trop de catégories qui roulent. Quand on arrive le matin, les filles roulent, puis les 125 …. Mais bon c’est comme ça, le MXGP, c’est la Formule 1 du Motocross, on parle de la catégorie reine. Les terrains comme en Chine, ou seules les catégories MX2 et MXGP roulent sont très différents des terrains Européens. Les ornières ne sont pas belles en Europe car le terrain est utilisé de 8h à 17h. Du coup, ça rend la tâche aux organisateurs plus difficile et je pense que le planning est trop chargé pour qu’ils puissent proposer de meilleures conditions.

On ne s’attendait pas à voir Glenn Coldenhoff en fin de saison, il est revenu de loin, à partir de quel moment as-tu commencé à prendre conscience qu’il devenait une menace pour la 3ème place finale ?

J’en ai pris conscience en Italie. Glenn réalise une belle course à Lommel puis après, en Italie, il empile les deux manches. Au niveau des médias, on voit que les gens sont surpris, quand on est sur le terrain, c’est différent. Quand on voit l’état de la piste, gagner deux manches comme ça, ce n’est pas une question de hasard. Glenn a très bien roulé. En Italie j’ai pris conscience de sa forme. J’ai fait mon maximum et j’ai échoué, je termine 4ème du mondial. Je ne termine pas 4ème du mondial en perdant l’avant dans un virage, je perds car Glenn Coldenhoff s’est mis à l’abri, a signé de bons départs, il a fait des courses solides. Il était vraiment bien avec sa moto.

Glenn mérite cette 3ème place, il a fait une fin de saison vraiment très solide et il va falloir bosser sur certains points pour être capable de faire des courses comme il a réalisé en cette fin de saison.

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Moi je l’ai vu tout de suite le retour de Glenn. Il ne faut pas se mentir en étant sportif, sinon tu peux rentrer à la maison. À Imola, j’avais vu qu’il allait être très fort pour la fin du championnat.

Tu as mené la France vers la victoire aux nations ces 5 dernières années,  dans quel état d’esprit arrives-tu à Assen, un circuit qui t’as donné du fil  retordre ces deux dernières saison ?

Je suis super positif, super confiant. On a beaucoup travaillé depuis le grand prix de Chine pour essayer d’évoluer positivement car c’est un travail perpétuel. Avec l’équipe, tout se passe bien, il y a une très bonne synergie. Maintenant, les Nations, c’est comme d’habitude, c’est différent.

Tout le monde est à bloc, la piste est différente, elle sera préparée différemment, tout peut arriver. J’attaque ces nations confiant.

Une septième étoile sur le maillot de l’équipe de France cette année, c’est faisable ?

Je te retourne la question (rires)

C’est faisable. On sait que sur le papier l’équipe Hollandaise est au-dessus du lot mais d’un côté le statut de grand favori va leur rajouter de la pression à domicile. Herlings est capable du pire comme du meilleur. Ouai, ça va être compliqué …

Finalement, il y a beaucoup de favoris. Tu en as cité un, la Hollande. Ils étaient favoris l’an dernier aussi et ils ont finalement échoué. On fait partie des équipes solides mais tout va être à faire. J’aime prendre l’exemple de la feuille blanche. Chaque équipe part avec les mêmes chances de victoire, il va falloir faire du bon boulot et travailler dur pour y arriver et tenter d’aller chercher cette victoire, rien n’arrive gratuitement, on a nos chances !


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