MXGP & Europe

Jacky Martens “Pour le prix d’un seul GP oversea, on peut faire quatre épreuves européennes”

Jacky Martens “Pour le prix d’un seul GP oversea, on peut faire quatre épreuves européennes”

Après une dernière saison à la tête de l’équipe Rockstar Energy Husqvarna MX2 en 2019, Jacky Martens a lancé sa propre équipe en MXGP pour la saison 2020; l’équipe JM Honda Racing. Actuellement, Jacky devait être en train de préparer l’épreuve italienne du Mondial à Maggiora; rendez-vous phare sur le calendrier. Mais pour l’instant, l’ex-champion du monde belge se concentre sur le retour à la compétition.

Comment avez-vous passé ces dernières semaines ?

“Au moins, on n’est pas resté assis-là sans bouger! Je parle surtout de moi. En fait, pour nous, c’était une deuxième trève hivernale au cours de laquelle nous avons mis les touches finales. Comme vous le savez, nous n’avons eu le feu vert que tardivement pour préparer notre entrée avec une nouvelle équipe dans une nouvelle catégorie pour nous. Nous avons maintenant rattrapé ce temps. Les machines sont maintenant au top, aussi parce que nous pouvons fabriquer beaucoup de nos propres pièces et les essayer sur le banc d’essai sans attendre”.

Pour Julien Lieber, qui a été opéré du poignet début mars, cette pause est venue au bon moment. Comment va-t-il à présent ?

Cette opération était trop importante pour parler d’une intervention de routine. Ces dernières semaines, Julien a un peu été retardé dans sa rééducation car il n’a plus été autorisé à aller chez le kinésithérapeute. Un effet secondaire regrettable de la crise actuelle, mais il est maintenant capable de reprendre sa physio. La souplesse de l’articulation est bonne, mais le poignet n’est pas encore assez stable. Ça prendra un certain temps. Heureusement dans son cas, nous ne sommes pas encore de retour derrière les grilles. Mais il devra vraiment se concentrer sur l’entraînement moto, car son dernier MXGP date déjà de juin de l’année dernière.

Comment vont vos deux autres pilotes, Benoit Paturel et Artem Guryev ?

Bien, Guryev est en pleine forme maintenant. Même s’ils n’ont pas pu rouler pendant tout ce temps, les pilotes ont continué à s’entraîner physiquement. Benoît a reçu un coup de boost en voyant les premiers résultats de son travail sur les premiers GP. Il est super motivé et la coopération avec notre entraîneur Joël Roelants est excellente. Pour Artem, cette période est l’occasion de devenir plus fort et de se concentrer sur les points à travailler sans être distrait par les voyages ou les courses. En fait, c’est une occasion unique de s’améliorer dans une situation difficile.

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L’UCI (fédération Internationale de cyclisme) vient de publier un nouveau calendrier. Il y a-t-il de nouveaux projets dans le domaine du motocross ?

Il est un peu trop tôt pour cela. Je pense qu’Infront Moto Racing a également remarqué que nous sommes très dépendants de l’évolution d’un pays à l’autre et qu’en même temps c’est une affaire internationale avec des équipes, des pilotes, des fournisseurs et du personnel issu de toute l’Europe. Enfin, il y a toujours plusieurs grand prix overseas sur le calendrier. Personnellement, j’opterais pour un calendrier allant de début septembre à fin octobre. Aller plus loin me semble très difficile, étant donné la durée des contrats et la préparation de la nouvelle saison.

L’équipe elle-même a-t-elle profité de cette période pour apporter des améliorations après les premiers GP?

De toute façon, comme je l’ai dit, il nous manquait du temps pour franchir un cap en termes de performance. C’est maintenant chose faite. En dehors de cela, c’est la concurrence elle-même qui vous apprend le plus.  À Valkenswaard, Benoit Paturel a été déclassé de cinq places après la manche qualificative du samedi parce que sa moto était trop bruyante. Nous n’avions pas vu cela depuis des années. En coopération avec Honda et HGS Exhaust systems, nous avons trouvé une solution à ce problème. Tout est maintenant sur le point de fonctionner à 100 % et Yentel (NDLR, Martens) est également de retour, ce qui nous permet de recueillir des données supplémentaires pour le testing.

Que signifie cette situation pour le fonctionnement de l’équipe ?

Tout d’abord, je suis très heureux que nous ayons opéré le passage en MXGP avec de nombreux partenaires fidèles cette année. Tous les sponsors restent très impliqués et sont très enthousiastes. D’autre part, il faut reconnaître que, surtout maintenant, il sera extrêmement difficile d’attirer de nouveaux sponsors. En tant qu’équipe, nous essayons de générer autant de valeur que possible pour nos partenaires. Nous tirons la carte des médias sociaux et mettons tous les sponsors sous les projecteurs, un par un, avec des vidéos personnalisées. La réponse sur ce travail est excellente et je pense que cela fait de nous une exception dans le paddock en ces temps. Nous continuons à travailler !

Il est clair que, même en ce qui concerne les entraînements, une nouvelle ère de défis s’est ouverte. Cela nécessitera des ajustements pour chaque pilote de motocross,.

C’est vrai. Chacun devra montrer qu’il est capable de gérer cette nouvelle situation de manière responsable. Respecter la distance sociale, également pendant les entraînements. Tout le monde devra faire preuve de discipline pour gérer cette situation au mieux. Pour le premier GP, tant l’organisation que les équipes devront faire leurs devoirs. Le monde du motocross doit en être bien conscient. Se serrer la main, s’embrasser, c’est hors de question désormais et les masques deviendront une nouvelle réalité. Il suffit de penser au pitbox où il y a  un maximum de personnes dans une petite espace. Ou d’autres questions pratiques: l’arrivée d’un pilote qui gagne ou monte sur le podium et est accueilli avec enthousiasme, la remise d’une coupe…

Il y a-t-il une consultation sur la manière de procéder après cette période ?

Il y aura des discussions entre les équipes. C’est tout à fait logique. Après tout, cette crise touche tout et tout le monde: chaque pays, chaque continent et chaque secteur. Même les équipes disposant de gros budgets ou de riches propriétaires ne peuvent échapper aux conséquences de la crise du coronavirus. Je pense qu’il est très difficile de continuer comme si rien ne se passait. Comme tout sport, le MXGP devra réfléchir à la manière dont il peut être réalisé à plus petite échelle et avec moins de budget. Depuis des années, il y a une course pour toujours plus et toujours plus grand. Plus de professionnalisme, des équipes plus grandes, plus d’investissement en présentation… Il est temps d’examiner ça.

Comment réduire les coûts ?

Le nombre de GP et surtout les courses overseas sont un facteur crucial dans le coût total d’une saison. Pour le prix d’un seul GP overseas, nous pouvons faire quatre épreuves européennes.  Il y a dix ans, il y avait deux courses overseas au calendrier. Il y en a quatre maintenant, plus deux Grand Prix en-dehors de l’espace Schengen: la Russie et la Turquie. La règle de la moto unique par pilote serait également logique. Cette règle donnerait aux fabricants la possibilité de montrer la fiabilité de leurs produits. En outre, je pense à réduire le nombre de membres de l’équipe, ce qui fera baisser le coût salarial. Avec deux mécaniciens par pilote et un coordinateur, vous pouvez aller très loin. Du moins, si le calendrier le permet. Par exemple, le cycle logistique imposé par les courses outremer impose désormais une charge supplémentaire énorme. Une équipe bien structurée comme la nôtre peut toujours gérer mais pour les petites équipes, c’est presque irréalisable.

Actuellement les discussions sur les coûts font rage dans tous les sports, qu’il s’agisse de la Formule 1, du MotoGP, du football ou du cyclisme. Est-ce que vous suivez cela ?

La situation du motocross est tout à fait incomparable avec celle des grands sports. Le promoteur du championnat MotoGP, Dorna, soutient financièrement les équipes en ces temps difficiles. Sans gros revenus télévisuels, ceci est impossible en motocross. C’est compréhensible, mais tout comme pour le cyclisme, nous sommes en tant qu’équipes complètement dépendants du sponsoring. C’est pourquoi beaucoup de choses doivent changer. Ces dernières années, nous avons travaillé dur pour arriver à un très haut niveau. Même si nous sommes aujourd’hui contraints de prendre du recul, j’ai pleinement confiance en l’avenir.

Un communiqué JM Honda Racing / Tom Jacobs


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