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James Stewart “Je n’ai toujours pas trouvé ce petit truc qui fait que rouler me rend heureux”

L’épisode 2 de la Saga James Stewart est là, c’est tout frais, c’est traduit en Français, et c’est parfait pour bien commencer le week-end.

Episode 1 partie 1
Episode 1 partie 2

Je crois qu’en 2008, j’ai commencé à bosser avec Aldon.

Ricky avait pris sa retraite l’année précédente, et honnêtement j’ai engagé Aldon sous la pression, en quelque sorte, car je ne ressentais pas le besoin de l’avoir avec moi pour gagner.

Évidemment quand j’ai travaillé avec Aldon, j’ai appris des trucs sur la nutrition et tout, ces choses-là m’ont aidé mais bon…. Je me suis blessé en 2007, je me suis fait une rupture des ligaments croisés.

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 Je suis arrivé en Supercross l’année suivante, et j’avais engagé Aldon à cette époque. On faisait tout l’entraînement, bootcamp, et au final, je me refais les ligaments croisés….

À cette époque, je sentais qu’il y avait des choses qu’il fallait faire pour gagner, soigner son image, revoir sa façon de s’entraîner et tout ça …

Être aux côtés d’Aldon ça aidait d’un côté car quand les gens te voyaient avec Aldon, ils pensaient automatiquement que tu étais en super forme.

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Mais comme je l’ai dit, j’ai gagné contre Ricky à l’époque où je buvais de l’eau sucrée et je mangeais des donuts… Ça, c’est la vérité.

Je ne pense pas avoir perdu de courses car je n’étais pas en forme physique, j’ai perdu des courses à cause de mes chutes, à cause de problèmes mécaniques, etc.

Quand j’ai commencé à travailler avec Aldon, après avoir fait une année complète de son programme, j’étais complètement cramé.

L’année où j’ai gagné les 24 manches, j’étais complètement cuit et je ne m’éclatais pas vraiment durant la semaine, c’était toujours le boulot, le boulot, le boulot.

Quand on est arrivé en Supercross en 2009, en gros je payais Aldon ,de mon point de vue, pour l’image que ça dégageait de l’avoir à mes côtés.

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Moi, il fallait que je trouve quand même un moyen d’avoir du fun, c’était la différence entre moi, Ricky et les autres mecs. Pour moi, rouler ne pouvait pas être seulement synonyme de compétition.

Les gens voulaient toujours qu’il y ait une ligne directive à suivre et j’ai toujours eu de la pression sur mes épaules, il fallait faire comme les autres alors que moi je faisais différemment des gens.

Je m’entraînais dur, je roulais fort mais l’aspect mental était vraiment dur pour moi durant la période Aldon.

Quand je faisais le programme d’Aldon, j’étais totalement crevé je ne pouvais plus continuer à faire ça.

Donc en 2009, j’ai signé mon contrat avec Yamaha et je roule seulement en Supercross cette année-là et je pense que c’est pour ça que j’ai réussi à continuer à rouler, si j’avais fait le Supercross et le Motocross j’aurais pris ma retraite bien avant.

Entre les blessures, les entraînements, l’aspect mental, le SX et le MX, les gens qui s’attendaient à ce que je gagne … c’était vraiment trop fatiguant pour moi.

En 2009 je finis par gagner le championnat, et ensuite pendant l’été je fais ma série TV, et on m’a montré d’autres choses de la vie, comme le golf par exemple, j’ai fait autre chose … . Je suis resté avec Aldon jusqu’en 2010 puis on s’est séparé.

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Malcolm a beaucoup de talent. Quand il a grandi, il avait les opportunités.

Il avait le circuit, il m’avait moi, quand tu regardes depuis un œil extérieur tu te dis qu’il avait tout ce qu’il fallait pour gagner

Je me souviens de Malcolm qui est tombé alors qu’il n’avait que 5 ou 6 ans, et il n’a pas voulu rouler pendant genre 2 ans après ça, littéralement. Il ne voulait plus.

J’ai toujours pensé que le plus dur à faire pour Malcolm serait de se motiver pour aller rouler, il était aux premières loges lors de ma carrière, il voyait tout ce qu’il se passait, il me voyait sourire devant la caméra et être triste dans le camping-car, il voyait les embrouilles avec mon père, tu sais, il était là pendant ces périodes-là.

En tant que petit frère, tu ne veux pas faire comme ton grand frère quand tu vois ça, dans le sens où il voyait que je ne m’amusais pas tant que ça.

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Aussi, on savait que ça serait beaucoup plus dur pour lui car tout le monde pensait qu’il avait toujours tout eu grâce à moi.

 Pendant longtemps, Malcolm a été intéressé par d’autres trucs que la moto, c’est mon petit frère, j’ai traversé des moments compliqués et je ne voulais pas le pousser.

Je savais aussi que ce serait bien plus dur pour lui s’il décidait de se lancer, et maintenant, je le vois faire un virage à 180 degrés et bosser comme un dingue.

Beaucoup de gens voient encore Malcolm comme le frère de James, ils pensent qu’il a de l’argent, qu’il peut trouver un guidon facilement ou je ne sais quoi, je pense que Malcolm arrive à tirer du positif de ça, qu’il arrive à se motiver tout de même, il montre aux gens que c’est grâce à lui et à lui seul tout ça, et que ça a toujours été le cas.

Je suis fier de lui car je pense qu’il ne s’est pas laissé influencer par les gens autour de lui qui essayaient de déformer la réalité.

Moi et mes parents, on a toujours été là pour soutenir Malcolm. Malcolm s’est vraiment botté le cul et quand il a gagné en 2016, je suis allé le voir et je lui ai dit que c’était seulement grâce à lui, pas grâce à son équipe, pas grâce à moi, qu’il l’avait fait tout seul, il était seul sur la piste.

Au début de l’année, j’ai vu quelques vidéos de Malcolm en Supercross.

Je n’étais pas trop présent mais je l’ai vu rouler et j’ai vu qu’il y avait une différence dans son pilotage, ce n’était plus le même Malcolm et j’espère que les gens l’ont vu aussi. Mais malheureusement il s’est blessé.

Je pense que Malcolm aurait pu être un prétendant pour le titre honnêtement. Quand tu vois Cooper gagner… Tout le monde pensait qu’il allait être dans les choux. De ce que j’ai vu de Malcolm, il aurait roulé devant.

Je suis fier de le voir là où il est actuellement, en tant que personne, en tant que petit frère, j’espère que c’est juste une étape pour lui et qu’il continuera sur sa lancée de 2016 à l’avenir.

Être papa a changé ma vie et je pense que c’est arrivé au bon moment pour moi, je ne roulais plus.

Si je n’avais pas eu d’enfants, ça aurait été plus dur pour moi, car je n’aurais pas eu de but en rentrant à la maison chez moi le soir, je n’aurais pas vraiment apprécié être dans cette situation.

J’ai connu les blessures, les galères et j’ai fini par avoir du succès et j’essaye de leur inculquer cette approche de la vie.

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En même temps, vu la façon dont mon père m’a élevé, mes enfants vont devoir respecter les gens et vont devoir mériter le respect.

En tant que père maintenant, je ne veux pas que mes enfants soient dans la situation dans laquelle j’étais, je ne veux pas que mes enfants aient faim ou fassent des choses que moi j’ai dû faire en tant que gamin, mais je trouverais un moyen de leur en faire baver – rires.

Je vois comment mon père m’a élevé maintenant que je suis papa, et j’en suis reconnaissant.

Je suis allé sur mon circuit deux ou trois fois ces 3 dernières années, je n’y vais plus, je déteste y aller.

L’odeur là-bas … Ma salle de sport pue, ça sent le travail !

Chaque fois que j’arrive devant les grilles je déteste ça, et c’est drôle car j’ai construit cet endroit pour qu’il soit fantastique et au final je déteste aller là-bas.

Il y a des gens qui prennent l’avion comme s’ils allaient à Disneyland pour venir jusqu’au circuit et prendre une photo ou essayer de rentrer. Pour moi, ça représente le boulot.

J’ai tellement de souvenirs là-bas… J’ai vécu sur cette propriété pendant tellement longtemps et je me souviens de ces moments où je me réveillais et que je devais aller rouler.

Je me souviens de ces moments où je devais conduire 40 minutes pour m’y rendre quand je n’habitais pas encore dessus. Je me souviens de mes chutes sur ce circuit … Je me souviens quand j’étais puni dans le garage, tous ces trucs se sont passé ici, sur cette propriété.

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Bien que je sois reconnaissant de l’avoir eu, je déteste cet endroit…. Je déteste aller là-bas

Si j’y vais, c’est pendant les journées de roulage, les « ride day », et je ne veux pas y rouler.

C’est un de ces trucs, tu y vis, tu le fais tous les jours, ça devient ton quotidien.

Je me souviens de l’odeur de la terre, de la sensation quand je passais les grilles, quand j’allais dans la maison tous les jours. Et quand enfin tu n’as plus besoin de passer par là, tu te dis qu’y revenir, c’est la dernière chose que tu veux faire.

Si je peux trouver un moyen de filmer en Live là-bas pour voir Malcolm rouler sans ne jamais avoir à y aller, je le ferais, je dois m’occuper de ça (rires)

La propriété est super, mais tu ne verras pas mon cul de black là-bas. (rires)

Ce qui est cool à propos de la propriété, c’est qu’à l’époque ça a vraiment augmenté le niveau des circuits, ça a donné le ton. Ca a rendu le terrain historique, les gens voulaient le voir.

Quand j’ai pu faire le Spring Championship de Freestone et avoir les mecs qui venaient sur mon circuit, c’était spécial.

Moi j’avais un avis sur ma propriété, mais il a été changé en voyant les autres personnes venir, quand je voyais à quel point ils étaient contents, quand je voyais les gamins, quand je voyais à quel point ils avaient hâte de venir voir mon circuit.

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Du coup, on a mis ça en place sur la propriété, on avait les gamins qui venaient, le plus dur pour moi c’est que tout le monde voulait que je roule et moi je ne voulais pas, et ce, même à l’époque où je roulais encore.

Je ne voulais pas rouler avec eux sur le terrain car comme tout, quand tu te confrontes à quelqu’un que tu admires, comme Lebron James, Tiger Wood, tu donnes le meilleur de toi-même, n’importe quel pilote de catégorie C devenait un pilote de catégorie A contre moi, ils voulaient se mesurer à moi !

Ces dernières années j’ai apprécié y aller cependant, j’ai dit des semaines à l’avance que je n’y allais pas pour rouler, donc je n’avais plus besoin d’y penser sur place et j’ai apprécié de regarder les enfants rouler.

J’avais mes enfants avec moi, j’étais juste un papa qui s’éclatait en regardant les enfants rouler.

Dans ma vie aujourd’hui, je n’ai toujours pas trouvé ce petit truc qui fait que rouler me rend heureux, j’ai dû mettre ça de côté.

Si je n’arrive pas à être ce vétéran de + de 35 ans qui prend son pied sur une moto, tu ne me verras pas des masses sur une moto.

Je pense qu’à un moment, peut-être après cette vidéo, après avoir dit à tout le monde ce qui se passe, j’essayerais de rouler.

J’apprécie tout de même rouler, mais je n’apprécie plus la compétition, je n’apprécie pas de devoir gagner, je n’aime pas que les gens pensent que je dois être spectaculaire sur une moto, même si je le suis (rires), mais je ne veux pas l’être tout le temps.

Quand j’ai arrêté de m’entraîner, je voulais grossir et je voulais que les gens voient que j’ avais grossi, ouais, je suis gros Okay, c’est comme ça ? Je ne rentre plus dans du 28, mais dans du 34/36 maintenant et c’est cool comme ça !

Une fois que tu es à l’aise comme ça, peu importe… je veux porter des tee-shirts extra larges, je ne veux plus être serré dans mes fringues ! C’est comme tout.

Je suis James Stewart, mais James Stewart est un père maintenant, j’ai accepté ça, et une fois que tu l’acceptes, tout va bien.

Peut-être que j’irais rouler à Loretta, j’ai toujours dit que je roulerais à Loretta, j’aimerais faire ça.

Peut-être que mes enfants voudront rouler, et je serais alors un papa PW, on verra.

James Stewart titré en AMA Motocross | Blog Crazy Moto

Depuis mes années PW jusqu’à mon avant dernière-course, j’avais peur, mais j’allais sur la grille. Je détestais la compétition, je détestais tout ce qui concernait la compétition, l’odeur de l’essence, la fille qui tenait le panneau 30 secondes, je détestais Jbone, Patty, Oscar, je détestais tout, car je savais ce qui m’attendait par la suite.

Je détestais Noel, je détestais novembre, Thanksgiving, je détestais car je savais que quelques semaines plus tard on serait derrière la grille pour Anaheim.

Quand tu as pensé comme ça depuis tes 15 ans, c’est dur de changer en juste un an, c’est dur de s’y habituer.

La peur venait du fait que tout ça, ça comptait pour moi, et quand quelque chose compte pour toi, tu as peur de perdre, tu as peur d’échouer.

J’avais tellement peur de perdre que j’en ai fini par avoir peur de gagner aussi.

Imagine comment les gens se sentent quand ils s’alignent sur la grille, Chad, Ricky, Toi, comment tu te sens ? Multiplie ça par «Tu dois gagner, tu n’as pas le choix ».

Tout le monde s’attend à ce que tu gagnes, quand tu termines second on te demande ce qu’il s’est passé.

Je parlais des courses avec mes potes, je disais qu’intel avait fini premier, et quelqu’un demandait forcément ce qu’il était arrivé à James. J’ai entendu ça dans mon entourage aussi, c’était comme ça, tu ne pouvais rien y faire, les gens pensaient tous comme ça.

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Imagine alors comment moi je me sentais, sur la grille …. Tout ça, c’était la vérité, je ne voulais pas perdre, ni finir 3ème car ma semaine allait être ruinée …. Pourtant, c’était une 3ème place … Je ne voulais pas que les gens me disent « tu finis 3ème, que s’est-il passé ? ».

Ça, c’était toute ma vie, j’ai fini par entrer dans une routine qui craignait, le pire, c’est que moi aussi je m’attendais à gagner.

Ce n’est la faute de personne, c’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui, c’est aussi pour ça que c’était aussi dur pour moi d’accepter de finir second ou de juste marquer quelques points.

Je n’avais pas été élevé dans cet état d’esprit, il fallait tout donner ou ne rien donner, il n’y avait pas de juste milieu.

L’année où j’étais chez Kawasaki en 250, oh putain que je l’ai roulé cette moto. Je tombais tout le temps car j’essayais de rouler contre des machines qui n’auraient pas dû rouler contre moi.

Il aurait juste fallu que j’accepte de terminer 10ème en 2 temps contre les 4 temps car c’est le type de résultats que je pouvais espérer, je galérais dans les montées.

Une nouvelle fois, en y repensant, des années plus tard, je me dis que j’étais stupide de penser que j’avais une chance avec cette moto, mais c’était dur d’accepter ça d’une certaine façon.

Je suis passé du type qui gagnait tout, qui gagnait des manches avec 1 minute d’avance au type qui ne pouvait plus gagner..

Le team ne te dira jamais « on sait que tu ne peux pas gagner avec cette moto », il te dira « Entraîne toi plus, fait ci, fait ça, roule à fond » et c’est ce que je faisais.

J’ai pris sur moi, je pensais que je n’étais pas assez bon et maintenant je me dis que je suis un vrai idiot. Mais honnêtement, si je pouvais revenir dans le temps …. Je referais la même chose, car c’est en partie ce qui a fait qui je suis aujourd’hui.

Malheureusement j’ai dû passer par là, mais je pense que d’une certaine façon, même si ça m’a coûté, ça m’a rendu plus fort, ne jamais abandonner. Quand les gens pensent que tu n’as aucune chance, donne tout pour leur prouver le contraire.

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La pire course que je n’ai jamais connue de ma vie ? Hangtown 2005, je crois que je suis tombé 3 fois en 1 tour,  première course outdoor en 250 et honnêtement, je me suis pointé en pensant que j’allais botter le cul de Ricky et Chad (rires).

Oh mec, comment je me suis fait défoncer ce jour-là…

La nuit avant, dans le camping-car, j’étais malade, je vomissais pour aucune raison, je pense que c’est parce que j’étais trop nerveux, mais je pensais que j’allais leur botter le cul.

J’avais déjà connu les bagarres 2 temps contre 4 temps en 125, je me disais qu’ils n’avaient aucune chance et quand je suis sorti de la grille, ils sont tous parti devant moi en faisant un bruit d’engin spatial.

Je ne sais plus si je tombe dans le 1er, 2nd  ou 3ème virage. Peut-être même dans les 3 , mais je me souviens que je n’arrêtais pas de tomber, je n’ai même pas fini la manche car je suis tombé trop de fois.

C’était une course folle. Qu’est-ce que j’ai fait ensuite ? Rien, j’ai continué comme ça, je suis allé à Mt Morris en pensant qu’Hangtown avait juste été une anomalie, que j’allais leur botter le cul !

Ricky m’a doublé ce jour-là, j’ai essayé de le couper en haut d’une montée mais sa moto était tellement puissante, c’est comme s’il m’était passé par-dessus… Et qu’est-ce que j’ai fait ? Rien !

J’ai refait la même chose la course suivante, j’allais leur botter le cul, je n’arrêtais pas de tomber et j’ai fini par réaliser que je n’avais aucune chance, et qu’il fallait que je me prépare pour le Supercross….


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