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James Stewart “Je voulais rester chez Kawasaki, mais ils pensaient que j’étais fini”

James Stewart – Episode 1 – Part 1

Retrouvez la seconde partie de la traduction ici

Est-ce que je me souviens de ma première course ? Non… Non… Je me souviens de quelques courses où je me suis fait battre quand j’étais gamin. Ça n’a pas duré longtemps.

J’étais en PW50, en Floride à l’époque. C’est probablement le souvenir le plus lointain que j’ai à moto ou lors d’une course. Je pense que c’est comme n’importe quel gamin qui grandit, tu rêves de devenir le meilleur, peu importe le sport dans lequel tu te lances.

En arriver là où j’en suis arrivé, à gagner des championnats, de voir ou j’en suis dans le sport… Si j’avais pu avoir un rêve à l’époque, je ne pense pas qu’il aurait été aussi grand que ce que j’ai fini par accomplir dans le sport.

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La chose dont je suis le plus fier, le plus gros championnat que j’ai gagné, le plus cher à mes yeux ? C’est probablement en 2009.

Cette année je me fais sortir à la première course par Chad Reed, j’étais 25 points derrière, je suis revenu aux points, les hauts & les bas de cette saison… en roulant pour une équipe différente, l’ancienne équipe de Chad, a galérer avec la moto, et finalement gagner le championnat de 4 points.

C’était probablement le championnat le plus compliqué pour moi.

Maintenant que j’en ai fini avec la compétition, quand je me rappelle ces moments je me dis que c’était plutôt cool.

J’ai apprécié de rouler contre Ricky, mais moi et Chad, on n’était pas le genre d’amis a aller au Starbucks du coin. Je n’ai pas vraiment apprécié de rouler avec lui.

C’était un bon concurrent, difficile à battre, de là à dire que j’ai apprécié … Je mentirais si je disais ça

Ma victoire favorite en revenant de la dernière place, Toronto 2014. Il y en a eu quelques-unes mais celle-là c’est probablement celle que j’ai le plus regardée sur Youtube. Mon petit garçon dit « dada » quand il me voit sur l’écran.

Toronto, c’était une bonne course. Je n’avais pas l’impression de forcer tant que ça, les choses venaient à moi… Je dirais celle-ci et je vais t’en donner une autre.

2007 – Indianapolis, c’était une autre victoire en revenant de derrière, c’était assez spectaculaire. Peut-être encore meilleure que Toronto… Les deux étaient cool.

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C’est intéressant, lors des deux courses, je reviens de la dernière position pour gagner, pourtant l’état d’esprit pour les gagner était totalement différent.

En 2007, je ne pensais à rien d’autre que gagner, la seconde place ce n’était pas bien, personne ne fait la fête pour une seconde place, sur le podium ça craint, il était question de gagner à cette époque.

En 2014, après les galères, deux années difficiles, les différentes équipes, j’ai dû lentement retrouver le niveau que je pensais devoir avoir tout ce temps…. Et du coup je pense que tu apprécies le processus un peu plus.

Je reviens dans le paquet, je pense que j’ai plus apprécié la course de Toronto en 2014… J’ai plus apprécié à cette époque, l’état d’esprit était différent, même si les victoires étaient les mêmes.

En 2007 je me suis dit qu’il fallait que je gagne, en 2014, je me suis dit que ce serait cool de gagner.

Chaque année, à Daytona, le circuit était toujours défoncé, comme à Toronto… et la boue … Lorsqu’un circuit était technique, je sentais que j’avais un avantage, j’arrivais & je créais des lignes ….[…]

Daytona, c’était les trous, c’était sauter au-dessus des obstacles, ça j’aimais bien et j’avais hâte mais pour être honnête, je détestais rouler à Daytona, je n’y voyais rien, je ne sais pas si c’est mes yeux, mais la lumière n’y était jamais bonne.

Ce que j’aimais bien à Daytona, c’était d’être proche des fans, faire la course à domicile, mes coiffeurs, mes profs, tout le monde était là et c’était super cool d’être sur la ligne droite d’arrivée et d’avoir tout le monde qui t’encourageait mais, la course en elle-même, je ne l’aimais pas plus que ça.

Le saut du mur à Daytona je crois que c’était en 2011, je ne sais même pas pourquoi je l’ai sauté. Je ne sais pas ce qui m’a poussé à le sauter, je ne le sauterais pas maintenant, il y a beaucoup de choses que je ne ferais pas maintenant.

Mais ça c’est juste moi maintenant, je ne sais pas qui était ce mec à ma place avant !

Je savais que je pouvais le faire, tout était une question d’engagement, il n’y avait pas de place pour se mettre court, à 99% j’aurais fini par-dessus le guidon. J’ai adoré le faire à cause de ça, des risques.

Pourquoi je l’ai fait, je ne sais pas, j’imagine que j’aurais gagné sans l’avoir sauté, mais les spectateurs ont aimé, donc j’ai continué de le faire.

«Its  Stewable », c’est ce que les gens disaient (its doable = c’est faisable), tout était « Stewable ».

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On faisait les reconnaissances des circuits à pied, il y avait Chad Reed qui le disait, des gens qui étaient là « Oh mec, je ne sauterais pas ça, mais c’est Stewable ». C’était plutôt cool.

J’ai toujours sauté des trucs… Je vais te dire un petit secret, les enchaînements, les quadruples, les murs … Ça ne m’a jamais fait peur, par contre, les doubles et les triples ça me faisait flipper.

J’arrivais aux entraînements et je disais à mon mécano « Mec, ce triple a l’air bien plus gros que la semaine dernière » et il me disait « mais non c’est dans ta tête »

Les triples me faisaient flipper mais pas les quadruples.

Ouai le Scrub, c’est super connu maintenant, c’est cool de voir tous les jeunes le faire.

C’est comme dans tous les sports, les choses évoluent, les athlètes sont plus forts, les motos s’améliorent, les mecs ont des entraînements spécifiques, tout change, et j’ai adoré sentir que je faisais partie de ce changement.

Maintenant tous les enfants font des scrubs et c’est super de regarder la TV et de savoir que c’est moi qui ai initié ça, certains des anciens disent qu’ils le faisaient à l’époque, mais c’est pas parce que tu sors une jambe que tu scrubbes [rires] On ne va pas aller par là…

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Je me souviens l’avoir fait en 2002 à Anaheim 3, je tombe dans le premier virage, je scrubbe le triple, je pense que les fans ont pensé que j’avais fait un whip.

J’ai commencé à en faire en 2002, toute l’année. Et je reviens à Budds creek en 2003, je revenais dans le paquet, et David Bailey l’a vu à la TV et il était là « …. Je ne sais même pas ce que je viens de voir »

Et il y a eu une photo, c’est comme ça qu’est arrivé le scrub, je le faisais mais je ne savais même pas trop comment appeler ça, je le faisais car c’était un moyen d’aller plus vite et sur un terrain de supercross, tu es limité en vitesse dans les whoops, dans les virages donc j’ai trouvé un moyen de gagner du temps en l’air.

C’est comme ça que ça a commencé, par nécessité. Le bubba scrub, je n’avais même pas de nom pour ça à l’époque, ce n’était pas un truc que j’avais vraiment planifié de faire, c’est juste arrivé comme ça.

Quand les gens s’en sont rendu compte en 2003, je le faisais déjà depuis un an, pour moi, ça faisait partie de la course, c’était un mouvement naturel pour moi.

Encore, je l’ai fait pour gagner du temps en l’air, je n’ai jamais pensé que ça  deviendrait une technique et que ça changerait la façon des pilotes de rouler aujourd’hui.

2003 à Budds Creek  ils ont vu ça à la TV, mais je ne me souviens même pas avoir scrubbé ce saut, c’était devenu tellement naturel.

Une fois j’ai scrubbé – je crois que j’étais derrière Langston – en seconde manche, et ils ont pris une photo, je faisais probablement ça à chaque tour.

Avant ça en 2002 à Millville j’ai doublé Chad Reed 2 fois dans le même tour, je sais qu’il va me détester de dire ça… C’était aussi grâce au scrub mais personne n’en a parlé, ce n’est qu’un an plus tard que tout le monde l’a vu à Budds Creek.

Unadilla en 2002  …. Bon, moi et Chad on a plutôt une bonne relation maintenant, donc je ne veux pas trop ramener les sujets sur la table… Mais vu que tu demandes je vais expliquer….

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En 2002 il roulait vraiment bien, c’était le plus gros concurrent, à cette époque j’avais plutôt une belle avance au championnat, j’ai abandonné lors de quelques manches, j’ai eu des problèmes mécaniques et il a gagné quelques courses et je n’ai pas aimé son attitude, sa façon de dire qu’il pouvait me battre.

Donc à Unadilla en 2002 je me sentais bien, j’étais devant, on était parti 1 & 2, j’ai creusé l’écart, quand j’ai vu que c’était assez, j’ai ralenti et je l’ai attendu … Puis je l’ai repassé … C’était méchant, mais ça arrive.

2008 … J’avais eu des touches avec Yamaha, Kawasaki avait décidé de ne pas me refaire signer, ils pensaient que j’étais fini.

Cette saison était compliquée, même si c’était la saison où j’ai le plus dominé, retrouver l’équipe après les courses, tout en sachant que j’allais aller dans une autre équipe après; ce n’était pas drôle.

C’est plutôt dur de faire la fête dans ces conditions-là, c’est comme si tu avais une copine et que tu lui proposais un dernier rencard avant de rompre parce que tu savais qu’elle voyait un autre mec… C’est comme ça que je me suis senti toute l’année.

Je leur donne du crédit, on a tous fait notre boulot, on a été professionnel, certains d’entre nous … d’autres non. Mais le gars des suspensions, moi, quelques autres types de l’équipe, on a tout fait correctement, ils ont bossé comme si j’allais rester dans l’équipe et j’ai apprécié ça.. Mais c’était bizarre.

La saison en elle-même était bonne … Evidemment puisque j’ai gagné les 24 manches, toutes les manches, mais j’étais content de ne plus avoir à faire avec certains aspects…

Pourquoi est-ce qu’ils ont pensé que j’étais fini ? Je ne sais pas, honnêtement je ne sais pas, je pense que c’était plus ….

En fait, je ne m’entendais pas très bien avec le team manager, quand il est arrivé, on ne s’entendait pas bien et je pense que le problème venait plus du fait qu’il disait à Kawasaki que je ne voulais pas être chez eux, des trucs comme ça, je ne pense pas que ça venait de là-haut.

Mais bon, c’était les mecs avec qui Kawasaki parlait tout le temps, c’est leur parole qui prime. J’étais dégoûté, je voulais y rester, j’avais été chez Kawasaki toute ma vie et je voulais y rester jusqu’à la fin de ma carrière. Mais ils ont continué sans moi.

C’est dur quand tu débutes une saison de savoir que tu ne seras plus là l’année d’après, mentalement tu commences à penser à d’autres trucs. C’était dur.

James Stewart out for remaining rounds of 2016 Supercross

Ricky Carmichael était génial… l’année ou j’ai roulé contre lui, je ne me trouves pas d’excuse, mais la première année, j’étais sur la 2 temps, lui en 450, c’était dur mais …. Ouais … Je suis carrément atterri sur Ricky…. Mais c’était parce que j’étais en 2 temps, je roulais comme un gros porc.

En 2005 j’ai roulé contre Ricky en Outdoor, c’était probablement le moment de ma carrière ou j’ai été le plus touché mentalement.

Je venais de dominer en 125, je gagnais tout, j’ai tout gagné d’aussi loin que je me rappelle, même depuis les amateurs, et quand j’ai roulé contre lui, ce n’était pas comme si je n’avais pas le talent ou la vitesse pour le battre, je n’avais juste pas la bonne moto.

Je pensais comme un petit con arrogant de 18 ans et je disais « je vais rouler sur cette moto, j’ai battu tous les mecs sur un 2 temps en 125 l’année précédente contre des 250 4 temps».

Tu parles, je me souviens, RC il m’a carrément asséné un coup de massue quand il m’a dépassé dans une montée, j’ai essayé de le recouper, et il est juste passé comme une balle, il m’avait assommé ce jour-là.

À High Point, je suis tombé tellement de fois, je sur-roulais, j’étais dans les descentes à Mach 3 parce que je savais que je perdrais au moins 2 secondes à remonter de l’autre côté.

C’était la première fois qu’on me battait, mentalement, c’était dur. Ça m’a pris du temps de passer au-dessus de ça.

L’année suivante, j’ai eu une 450. Enfin, ça s’appelait une 450 mais cette moto était vraiment naze aussi. Je le bat lors de la première épreuve, je me mets un volume lors de la seconde, je crossjump dans les ornières de HighPoint, la moto serre la course suivante, il y avait toujours quelque chose pour me gêner quand je roulais contre lui.

Je n’ai jamais vraiment eu l’impression d’avoir ma chance contre lui en outdoor, le deux temps, les blessures … Et en 2007, j’essayais de gagner le championnat, je n’ai jamais vraiment essayé de me battre avec lui […]


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