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Jett Lawrence “Chez Geico, ils m’ont signé sans me voir rouler”


Plus besoin de présenter Jett Lawrence, le rookie Australien au talent indéniable et à la personnalité attachante. Le petit frère d’Hunter Lawrence est parvenu à se faire un nom à lui tout seul depuis la saison dernière en remportant la catégorie amateur à la Monster Energy Cup. Alors qu’il devait débuter la saison 2020 en outdoor US, Jett a finalement fait ses débuts en Supercross sur la côte Ouest et le petit nouveau dans la discipline n’est pas passé loin de la victoire à Anaheim 2; à tout juste 16 ans. Invité lors du dernier podcast réalisé par SwapMotoLive, Jett Lawrence est revenu sur ses années en Europe et sa signature chez Geico Honda.

Jett Lawrence: J’ai toujours un peu été dans l’ombre de mon grand frère, Hunter créait la voie, mais dans le même temps, c’est lui qui s’est mangé de grosses leçons de vie, moi, j’apprenais derrière. Maintenant qu’on est chez les pros, je suis un peu moins connu comme étant le petit frère d’Hunter, je suis connu en tant que Jett Lawrence.

Quand on est arrivé en Europe, j’étais encore trop jeune pour réaliser certaines choses. Hunter et moi, on avait des pâtes et du saumon pour le dîner alors que mes parents mangeaient du poulet et des noodles au micro-ondes, on n’avait pas beaucoup d’argent. L’Europe, c’était dur, j’étais jeune à l’époque mais en y repensant, je comprend beaucoup plus de choses.

On y est allé dans l’espoir de se faire un nom, et heureusement, on y est parvenu. Hunter a très bien roulé en Europe, il a montré du potentiel. Stefan Everts a vu le potentiel de Hunter et il l’a signé ; ils ont fini par me prendre dans l’équipe aussi quand ils ont appris qu’il avait un petit frère. Malheureusement, l’équipe Suzuki a fermé et Hunter a fini par aller chez 114 Honda. Tout le monde savait qu’on avait déjà signé un contrat avec Geico pour 2019 et aucune équipe ne nous voulait juste pour une saison car on allait partir aux USA et il y a cette petite guerre entre la scène Européenne et la scène Américaine.

Chez 114 Honda, ils ont dit à Hunter qu’ils pouvaient le prendre mais ils avaient déjà deux autres pilotes et ils ne pouvaient pas le payer. Heureusement, Monster nous aidait un peu. L’Europe, c’était 3 années difficiles pour nous, c’est clair.

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J’ai toujours été – en quelque sorte – inclus dans les contrats de mon frère Hunter. On incluait mon nom dans les discussions, Hunter disait qu’il avait un petit frère et moi j’étais le contrat alternatif. Ce qui est drôle, c’est que chez Geico, ils ont vu Hunter rouler avant de le signer tandis que moi, ils m’ont signé sans me voir rouler ; ils avaient juste entendu quelques rumeurs à mon propos.

J’avais montré du potentiel, j’ai gagné un titre mondial en 65 en 2014, je n’ai pas trop mal roulé en EMX85, la dernière année en Europe j’ai signé un doublé à tout juste 15 ans lors de la dernière épreuve, j’ai gagné ma première épreuve en Europe en 250 à Ottobiano à 14 ans. J’ai montré mon potentiel et j’ai été en mesure de glisser mon nom dans les contrats.

Les gars de Geico sont venus me voir après m’avoir signé à Saint Jean d’Angely pour une épreuve de l’Europe si mes souvenirs sont bons. Lors de la première séance d’essais, dans le premier virage, je suis arrivé à fond et je me suis explosé ; ils étaient venus voir dans quoi ils avaient investi, c’était drôle.(…)

C’était vraiment cool de pouvoir quitter l’Europe pour aller aux USA car c’était notre objectif, pouvoir suivre le chemin tracé par Chad Reed. D’autres Australiens sont allé directement aux USA, ils ont plutôt bien réussi, mais jamais aussi bien que Chad Reed. Chad a réussi car il est passé par des moments difficiles en Europe avant d’aller aux USA. On s’est dit que c’était le chemin à suivre, qu’il fallait aller en Europe pour s’entraîner pendant l’hiver – et crois-moi, c’est vraiment brutal – s’entraîner en Californie en hiver, c’est bien plus simple. En grands prix, les terrains sont chauds.

Notre objectif c’était d’aller aux USA et quand on a appris que Geico voulait nous avoir, on était trop content. J’étais trop excité de rejoindre leur équipe amateur et retrouver Carson Mumford et Jo Shimoda. C’est drôle car quand j’ai remporté le mondial 65 en 2014, Jo Shimoda terminait second derrière moi et avant le podium, je lui ai parlé – je parlais beaucoup à l’époque – et lui il ne comprenait absolument rien à l’anglais, il hochait simplement la tête pour me faire plaisir, et maintenant, on est coéquipier chez Geico. (…)”

JETT LAWRENCE TALKS ABOUT MISSING GLENDALE SUPERCROSS AFTER HIS A2 ...

Les hivers en Europe sont difficiles, ces moments nous ont endurci mais je suis content qu’on soit parti car la météo, ce n’était vraiment pas cool. En Belgique, il pleut plus de la moitié de l’année et si t’as de la chance, tu vois le soleil deux semaines par an. Dès qu’il fait beau, ils réduisent leur consommation d’eau de peur d’en manquer (rires). Les circuits Européens me manquent, le climat, pas trop. Aux Usa, ils créent les circuits avec les machines, ils font des sauts sur du plat, en Europe, c’est plus naturel. (…)

Première impression aux USA ? On est allé à l’hôtel car on est arrivé de nuit, l’hôtel était à deux minutes de l’atelier Geico, on va au restaurant pour dîner et on ne savait pas que les portions allaient être aussi grosses. J’ai commandé mon plat et je n’ai même pas mangé la moitié, on avait des gobelets énormes qu’on pouvait remplir à volonté, en Europe et en Australie, on n’avait pas ça. Avec mon frère, on allait faire un tour en ville juste pour pouvoir boire du Sprite à volonté, comment j’étais trop content. (…)

De base, pour 2020, le plan était de débuter en Supercross, prendre le pouls. Au début, c’était chaud, alors on s’est dit que je débuterais la saison avec l’outdoor mais j’ai pris le coup de main en Supercross vraiment rapidement et on a décidé de rouler en Supercross à l’Est. Je commençais à être vraiment proche de Christian Craig sur la piste et les gars disaient qu’il semblait vraiment en forme pour cette saison. J’ai fini par être plus rapide que lui a l’entraînement de temps à autre avant de finalement l’être régulièrement et l’équipe s’est dit qu’avec Hunter sur la touche, Sexton blessé à la clavicule, ils pouvaient me faire rouler à l’ouest. À l’origine, je devais commencer en outdoor, puis finalement, on s’est mis en tête de commencer le Supercross à l’est, et j’ai fini par faire mes débuts encore plus tôt, sur la côte Ouest (…)

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Hunter Lawrence: “Pour moi et ma famille, c’était un gros sacrifice d’aller en Europe pour rouler en GP. On n’avait pas d’argent, on a fait du jardinage et de la peinture dans la maison pour la rendre plus attractive pour la vente, on a vendu des vélos, on a vendu tout ce qu’on pouvait vendre, jusqu’à nos casseroles, 1$, 2$, même si personne n’en voulait, si ça nous faisait 1$, on le prenait. On a tout vendu, on n’a plus aucune attache en Australie à part la famille et les amis. On ne risquait pas de perdre d’argent en venant en Europe, on n’en avait pas de base. …[…]

Photos : le team 114 Motorsports Honda | Motocross - Enduro ...

La première équipe pour laquelle j’ai roulé en Europe m’avait promis de s’occuper de mon visa. Après 3 mois, ils se sont rendu compte que c’était difficile d’obtenir un visa et qu’ils ne pouvaient pas le faire pour moi. Fin février, ils me disent qu’ils ne peuvent plus me payer car je ne suis pas en règle niveau visa et qu’il va falloir rompre le contrat mais me demandent quand même si je peux continuer à rouler pour eux. C’était la merde, mais j’ai continué à rouler, c’était ma chance de briller et me faire repérer par une autre équipe.[…]

Le boss de Kawasaki Europe m’a dit de rentrer chez moi et qu’il s’occuperait de me faire revenir dans les règles l’année suivante, mais on ne pouvait pas, on n’avait plus de maison, plus de voiture, plus rien. On est resté, j’ai roulé sans être payé jusqu’au Janvier de l’année suivante. Ensuite j’ai été chez Suzuki, c’était cool, et la dernière année, une nouvelle fois [avec Honda], j’ai roulé sans être payé. L’équipe avait déjà signé leurs deux pilotes et ne pouvait pas me payer. […]

Le jour où on a fini par nous dégoter un visa… On avait la résidence à Chypre, une petite île Grecque. C’était à 4heures d’avion de là où on vivait en Belgique. Tous les 3 mois, moi et toute ma famille, on devait se rendre à Chypre pour se faire tamponner nos passeports pour être dans la légalité en Europe.Tous les 4 ou 5 grands prix, le dimanche après être rentré de l’épreuve, on se préparait, et le lundi matin on se levait à 3h pour prendre l’avion pendant 4 heures, faire tamponner nos visas, on restait une nuit sur place, et on rentrait. […]”

Jett Lawrence “Chez Geico, ils m’ont signé sans me voir rouler”

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