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Jimmy Clochet “Une superbe année avec Bud Racing”

Jimmy Clochet “Une superbe année avec Bud Racing”

Il n’a pas manqué grand-chose à Jimmy Clochet pour monter sur un podium d’épreuve en Europe 250 la saison passée. Le champion de France National MX2 de 2016 rejoignait l’équipe Bud Racing à l’intersaison 2018/2019 pour un programme loin d’être édulcoré, incluant le National 450, l’Elite MX1 et l’Europe 250.

Après un début de saison 2019 plus que prometteur, Jimmy a dû relever de nombreux défis pour éviter d’enrayer la machine, et ce, dès le grand prix de Russie.

Pendant le break forcé, on fait le point avec Jimmy qui préparait – cette saison – son passage en 450 après une première victoire au panache à l’international de Sommières. Micro.

Jimmy, on va revenir un peu sur la saison 2019. Tu signes avec Bud Racing et tu t’engages sur l’EMX250, le national 450 et l’élite MX1. Un programme très chargé. Avec le recul, trop chargé ? Comment tu as géré cette charge de travail en 2019 et la transition constante 250/450 ?

Trop chargé, non je ne dirais pas ça. J’ai passé une superbe année aux côtés de l’équipe Bud Racing, j’ai fait 25 courses d’affilées entre celles en 250 et celles en 450 et j’ai plutôt bien géré mon programme physique et moto toute la saison.

C’est simple, chaque weekend j’avais une course et le lundi, c’était repos complet. Je ne roulais qu’une fois par semaine avec la cylindrée qui correspondait à la course du weekend et ça me suffisait pour me sentir bien et être le plus performant possible.

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Je voulais faire plus de moto pendant la semaine mais je devais généralement partir le jeudi soir ou vendredi matin sur les courses et ma récupération était importante. C’est sûr que quand on a convenu – avec Bud Racing et Kawasaki France de faire ces 3 championnats – je me suis dit que ça allait être difficile d’être au top chaque weekend, mais en même temps, ça a été une belle expérience, je ne me suis pas blessé et j’ai énormément appris tout au long de l’année.

Tu signes un beau top 5 en Angleterre pour l’ouverture, ensuite, un podium de manche en France et une 4ème position à Saint Jean. On sentait que tu avais franchi un cap vu les résultats du début de saison. Signer d’aussi bonnes perfs en Angleterre et en France, ça répondait à certaines questions ?

J’ai été étonné moi-même de ma performance lors du premier grand prix en Angleterre, je ne me suis pas posé de questions; j’étais en forme physiquement, c’était la première fois pour moi que je roulais sur une épreuve Européenne sous les couleurs d’un team, celles de Bud Racing. Alors je me sentais un peu comme un pilote factory, avec les moyens de me battre aux avant-postes.

J’ai tous mis en œuvre pour faire deux bons départs et après j’ai fait mon boulot, je suis rentré à la maison avec le sourire.

À Trentino j’ai connu pas mal de malchance. Ça commence avec une disqualification de 5 places qui m’a coûté cher sur la grille [pour s’être arrêté sur la piste] et ensuite, lors des deux manches, j’ai chuté par deux 2 fois dans chaque course alors que j’étais dans le top 10.

Lors du grand prix de France, je suis arrivé le vendredi prêt à en découdre car j’avais fait le pari avec Stéphane – le boss du team Bud Racing – que si je gagnais le grand prix, il m’offrait l’opportunité de réaliser mon rêve qui est de participer à la Monster Cup aux Etats-Unis.

J’étais sur le point de réaliser ce rêve car le samedi, je termine second de la première manche et je me suis couché le soir avec une détermination de folie. Malheureusement comme tout le monde a pu le voir suite à la polémique de la grille de St Jean d’Angely – grille qui a rebondi en MXGP – il nous est arrivé la même chose en seconde manche du championnat d’Europe. J’ai donc percuté la grille – comme beaucoup de pilotes – et je n’ai pu remonter que 8 ème de cette manche, à 5 petits points de la victoire du général …

Sincèrement, j’en ai pleuré de rage car ça aurait pu être ma première victoire européenne en France .. Mais j’ai vite relativisé en regardant mes manches, en me disant que j’avais passé un weekend de folie avec les fans Français.

Par la suite, ça se complique un peu en Russie, et de là, tu n’es plus parvenu à rentrer dans les points. Comment on explique ce revirement soudain ?

C’est de là que ma saison a pris un tout autre tournant.

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Le mercredi soir avant de m’envoler pour la Russie, j’ai fait une intoxication alimentaire et j’ai vite compris que ce voyage et cette course, ça allait être de la survie pour moi.

Première course à l’étranger, j’étais tout excité, je venais de sortir d’un grand prix de France de folie, j’étais en pleine confiance … mais la vie en a décidé autrement.

Je connais parfaitement mon corps et je savais que pour faire passer cette intoxication, il ne fallait pas que je me nourrisse et qu’il fallait boire le plus possible pour évacuer le microbe. Je m’en sors avec 2 top 10 sous 40 degrés, à vomir tous les 30 min. Sincèrement je m’en souviendrais toute ma vie de ce voyage.

J’ai pu manger de nouveau, doucement, seulement le dimanche soir après la course, alors autant dire que depuis le mercredi soir, j’ai compté les heures.

Peut-on revenir sur l’épreuve de Lommel, tu parlais de l’épreuve la plus difficile mentalement pour toi, pourquoi ? Le sable, c’est ton chat noir ?

Le sable n’est pas mon chat noir, j’aime le sable mais je le pratique peu souvent car j’habite une région où les terrains de sable sont rares.

Je suis rentré de Russie complètement HS, physiquement et mentalement. J’ai enchaîné pars le grand prix de Lettonie puis celui d’Allemagne sans avoir le temps de reprendre toute mon énergie car je devais m’entraîner.

Avant le GP de Lommel j’ai roulé avec le team mardi, mercredi, jeudi à Honda Park; je me suis littéralement cramé physiquement car je suis un perfectionniste, et tant que je ne me sentais pas à la hauteur, je voulais rouler et progresser car je savais que la qualification allait être compliquée.

J’ai passé la barre des qualifications de justesse le samedi et après les manches … Je n’en ai jamais parlé car j’ai eu honte de moi-même. Je n’avais plus de force, j’étais à l’agonie, c’était dû à l’entrainement intense de la semaine. Etre pilote officiel Kawasaki Europe et faire ce genre de chose, c’est impardonnable pour moi.

C’est vraiment une discipline à part, ils n’ont pas refait la piste du weekend et je sortais d’une grosse intoxication, j’ai enchaîné les courses dures et violentes, mon corps n’arrivait pas à récupérer.

Voilà pourquoi depuis la Russie je n’arrivais plus à mettre un point. On m’a toujours dit « Mental fort, physique fort, physique faible, mental faible », et j’étais en plein dedans…

En toute fin d’année, on apprenait ton passage sur le billard pour régler des problèmes de bras. Quand les problèmes sont-ils apparus, ont-ils impacté ta saison 2019 , et comment ça va aujourd’hui ?

Je suis passé sur le billard le 16 janvier dernier pour me faire opérer du syndrome des loges, ma saison a été impactée par mon intoxications avant de partir en Russie. Tout va bien et aujourd’hui, je n’ai plus aucune douleur à mon bras. Avant le confinement, j’ai pu le confirmer avec ma victoire à l’international de Sommières. [Jimmy devance Maxime Desprey, Harri Kullas, Christophe Pourcel et Xavier Boog à Sommières)

2020, tu n’es plus avec Bud, visiblement tu partais sur un programme perso, c’est quoi l’histoire de la fin 2019 et du début 2020 ? On ne t’a pas vu en Europe, c’était quoi le plan avant cette histoire de Coronavirus pour toi ?

J’aurai aimé pouvoir continuer avec Bud Racing, ou avec un autre team pour la saison 2020. Soit en Europe, ou pourquoi pas pour monter en mondial 250. Malheureusement, et c’est personnel et je ne vais pas m’étendre sur le sujet, je me suis fait avoir.

J’ai fait confiance à des personnes, et je me suis retrouvé sans rien du jour au lendemain, à devoir repartir sur une structure privée. C’est de là que j’ai décidé de faire mon passage définitif en 450 car c’est une machine qui me plait et surtout, je sais que mon avenir est sur cette machine.

Mon programme, c’était l’intégralité du championnat de France Elite ainsi que l’intégralité du championnat de France de Supercross, le SX Tour. Sans oublier de participer à quelques épreuves du nouveau championnat d’Europe, l’EMX OPEN.

Visiblement, tu privilégies le 450 pour la suite. Si c’est le cas, pourquoi ce choix ? Rester en 250 tant que tu peux – 23 ans pour l’EMX – ce n’est pas le parcours que tu sembles emprunter.

Je fais 1m90 et je roule sur une 450 depuis l’âge de 14 ans; sincèrement, il me tardait de faire ce passage définitif en 450. Bien sûr que j’aurai aimé pousser en 250 jusqu’à 23 ans mais les choses ont fait que je me consacre désormais à 100% au 450 maintenant. Je suis persuadé que je peux progresser et faire quelque chose de bien sur cette moto.

Réellement, ça m’arrange car j’étais arrivé au bout de ce que je pouvais donner sur un 250. C’est un choix, à moi de travailler maintenant car rien est perdu et je garde le championnat du monde en ligne de mire.

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Tu es un des rares pilotes à t’aligner en national, en élite, en Europe, et a aussi t’intéresser au Supercross. Tu as toujours un peu roulé en SX. Est-ce que participer au Supercross Allemand, voire à l’Arenacross Anglais, cette saison c’est quelque chose à quoi tu réfléchis vu la tournure de la saison en France ?

Pour cette saison, en Motocross, je ne sais pas comment ça va se passer, mais je pense que ça va être compliqué. Alors ma 450 est prête, et si le Supercross Français ou Allemand se dispute, alors je serais bel et bien derrière la grille de départ.

Question qui fâche, le report de points. L’an dernier, c’était une nouvelle fois gage d’une petite polémique. Cette règle vous permet de vous aligner sur plusieurs championnats, c’est l’aspect positif, mais ne serait-il pas plus équitable de redistribuer les points marqués en Europe sur le national / l’élite plutôt que de faire la moyenne des points, comme c’est le cas actuellement ?

Je n’ai jamais eu a faire, ou a jouer un titre avec la peur de perdre sur un report de point donc il m’est difficile de répondre à cette question. Après, je suis plus pour le fait de reporter les points qui sont marqué en Europe sur le National ou l’Elite que de reporter la moyenne des points.

Youthstream / InFront Moto annonce la création de l’EMXOPEN à partir de 2020. En quelque sorte, c’est le retour de la catégorie MX3, au niveau Européen. C’est une bonne chose sur le papier, tu en penses quoi, de cette catégorie ?

Franchement, cette catégorie est vraiment top car il n’y a pas de limite d’âge ni de cylindrée. C’est top pour tous les mecs qui ont 23 ans et plus, et pour qui le mondial 250 est terminé, et qui ne trouvent pas de guidon en 450.

Cette catégorie nous donne l’opportunité de faire nos preuves pour essayer de monter en mondial. Je pense que cette catégorie va mettre du gaz car avec cette histoire d’âge, il y a de plus en plus de pilotes sur la touche.

Des personnes que tu souhaites remercier ?

Bien sûr. Je tiens vraiment à remercier mes parents qui donnent tout pour moi et qui m’aident à rouler dans les meilleures conditions possibles et qui vivent pour mon sport à mes côtés. Je tiens également à remercier ma sœur, mes grands-parents et mes amis.

Je suis très bien entouré pour réussir et c’est très important pour moi. Sans oublier tous mes sponsors qui me soutiennent et qui croient en moi chaque saison, Kawasaki France et Alp’moto Annemasse m’ont permis de rouler dans les meilleures conditions.


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