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L’équipe Tech 32 sous le feu des projecteurs

L’équipe Tech 32 sous le feu des projecteurs.

Avec l’annonce de leur programme 2020 et l’arrivée des frères Miot dans la structure, difficile de passer inaperçu pour l’équipe Française qui étend sa présence dès l’an prochain – et à temps complet – sur le championnat d’Europe 125, mais pas que…

Jean Michel Fabre nous en dévoile un peu plus sur la nature de Tech32 Racing, équipe détenue par 3 propriétaires bien connus dans le milieu du motocross; Zoom sur Tech 32 Racing.

« L’essence de Tech 32, c’était de créer une équipe avec des compétences variées ; à chacun ses compétences. Moi j’ai les compétences administratives et de gestions mais je n’ai pas les compétences techniques, mécaniques. Avec Boris Boisson de Pro Factory Suspensions, on a ces compétences mécaniques et elles font parties intégrantes du team, on n’a pas sous-traité cette partie à une entreprise extérieure. On a fait la même chose au niveau du coaching avec Anthony Boissière.

Dans la plupart des équipes, on retrouve un team manager qui sous traite du coaching et les préparations moteurs / suspensions. Dans les grandes lignes, c’est de la sous-traitance de compétences.

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Chez Tech 32, on a réuni diverses compétences. Pro Factory Suspensions est propriétaire de l’équipe en tant qu’actionnaire tout comme Anthony Boissière qui s’occupe du coaching. Il y a 3 propriétaires, la famille Fabre, Boris Boisson de Pro Factory Suspensions et Anthony Boissière.

Dans l’idée, on voulait faire notre progression en deux temps. On a commencé par une collaboration fructueuse avec Pro Factory Suspensions, puis ensuite, on a débuté le travail avec Anthony Boissière en tant que coach indépendant. Au bout de quelques mois, Anthony a rejoint directement notre structure via une cession de parts dans notre société, notre équipe Tech 32. »

Parée à affronter la saison 2020, la structure Tech 32 a su viser juste en signant les deux frères Miot, Florian et Mathéo, tous deux sources de convoitises. La nouvelle de la séparation entre Florian Miot et Yamaha MJC tombait à Lommel, pourtant, les derniers détails étaient déjà réglés entre la famille Miot et l’équipe Tech 32 lors du grand prix Belge.

« La signature de Florian et Mathéo s’est décidée bien avant Lommel et l’annonce de la séparation avec Yamaha MJC, mais pour être correct envers Yamaha, nous n’avons pas souhaité diffuser d’informations avant la fin du championnat d’Europe 125. Tout était pourtant déjà bouclé, mais vis-à-vis de Yamaha, on préférait rester discret pour laisser la primeur à Yamaha de se servir de l’image de Florian Miot via son titre National 125 ou ses résultats en Europe. C’est une question d’éthique, on n’aurait pas aimé qu’on nous fasse ça, donc on ne le fait pas aux autres. »

Florian s’alignera pour tenter d’aller décrocher le titre de champion d’Europe 125 tandis que son frère Mathéo roulera sur les épreuves de mondial MX2 couplées à l’Europe 125. Les deux frangins s’aligneront également sur le championnat de France Elite MX2, l’un sur la 125, l’autre sur la 250.

« Florian roulera en Europe 125 mais aussi sur l’élite MX2 avec son frère Mathéo. Sur l’Elite, Mathéo sera en 250, Florian en 125. On le fait sans prétention, Florian a déjà un titre 125, repartir pour un nouveau titre en 125 n’était pas forcément intéressant pour l’équipe. Par contre, on voulait qu’il s’affute avec des courses plus relevées pour préparer l’Europe 125. Anthony Boissière a émis l’idée de le faire rouler en 125 en Elite MX2 pour l’aider sur le 125 Europe, un peu à l’image de Tom Guyon la saison passée.

Mathéo vient de reprendre l’entrainement il y a une semaine dans le nord de la France sur une 250.

Au niveau des objectifs pour Mathéo, c’est une reprise. On ne sait pas encore exactement ou on va avec Mathéo, il va falloir faire une grosse intersaison pour qu’il puisse revenir à son meilleur niveau, on aimerait bien le voir rentrer dans le top 5 en Elite MX2. En GP, tout point marqué sera une victoire pour l’équipe.

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Mathéo devrait participer au championnat de France de sable cet hiver avec la 250 mais pas Florian.

Cette décision a été prise en commun accord avec les membres de l’équipe et le pilote. On prend les décisions de manière collégiale, on amène chacun notre grain de sel, on consulte le pilote, le coach prend la décision finale, évidemment l’équipe calcule aussi en fonction du budget et du retour sur investissement. Faire le championnat de France de sable c’était compliqué pour Florian et ça perturbait le coaching d’intersaison qu’Anthony avait prévu

Tech32 ne gravite pas essentiellement autour de Florian et Mathéo Miot malgré l’intérêt que leur apportent les fans Français. Fier de présenter une line-up compétitive, Jean Michel Fabre annonce aussi de beaux objectifs pour les prometteurs Gianni Barbier, Maxime Grau, Maxime Charlier et Nicolas Fabre.

« Maxime Grau a été le sujet d’une grosse discussion en fin d’année, la question, c’était de savoir si on le reconduisait en 85cc pour tenter d’obtenir un titre en championnat de France et en Europe ou de le faire monter en 125. Cette discussion s’est faite avec le coach, l’entourage, les parents, l’équipe.

On aurait pu céder à la facilité et le refaire rouler en 85cc, vu son niveau, on pense qu’il aurait pu jouer devant avec une année de plus. On a préféré le faire passer en 125 car Maxime roule déjà en 85cc depuis 4 ou 5 ans et il avait une certaine lassitude avec cette moto et lui-même voulait monter en 125.

On a fait des essais concluants avec lui en 125, donc dès Loket, on savait que ce serait la dernière course de Maxime en 85 et depuis il est passé directement au 125. Au niveau de la fédération, on s’est retrouvé bloqué à cause de ça. Pascal Finot souhaitait sélectionner Maxime pour le motocross des nations en Pologne, mais vu qu’il avait déjà fait son passage en 125cc, nous n’avons pas pu répondre par la positive à cette sélection. Pour Maxime, on visera un top 3 en championnat de France Junior et un top 10 à l’Europe 125, on aura une bonne indication lors de la première épreuve. »

Gianni Barbier a quant à lui connu une saison 2019 marquée par la contraction d’une mononucléose et tentera de retrouver, à l’image de Mathéo, sa meilleure forme en 2020. Monté en 125, l’objectif pour Gianni sera d’aller chercher les bons points sur le championnat d’Europe 125.

« Gianni Barbier est un pilote qui a un énorme potentiel mais il a été terrassé par une mononucléose la saison dernière, il ne s’est pas entraîné pendant 4 mois. Il a repris l’entrainement doucement. Son état de santé ne lui permettait malheureusement pas de tenir la longueur des manches, comme à Rauville par exemple alors qu’il signait le meilleur temps chrono en 85cc. Depuis, le virus a été soigné, pour Gianni Barbier, on a un objectif de top 15 sur l’Europe, un top 5 en championnat de France Junior. »

Maxime Charlier délaissera la 350 pour tenter d’aller chercher le top 5 en Elite MX1 en 2020 et pourquoi pas quelques points en mondial MXGP.

« Pour Maxime Charlier, c’est un peu le même schéma que Mathéo, tout point gagné en mondial MXGP sera une victoire pour l’équipe, au niveau du championnat de France Elite MX1 on essayera de le faire chercher un top 5. Cette année il fait 8ème avec la 350. Pour 2020 il va délaisser la 350 et passera en 450. »

Nicolas Fabre, pilote support Tech32, blessé aux ligaments du genou en 2019, fera son retour en compétition après 9 mois d’absence. Ce dernier participera au championnat de France Elite MX1 au guidon d’une 350, au championnat National MX1, ainsi qu’à quelques épreuves de l’Europe. Avec seulement 4 années de moto dans les jambes, Nicolas n’a qu’une envie, prouver son potentiel et mettre derrière lui la déconvenue de la saison 2019.

Un autre pilote support sera présent également: Diégo Haution. Prometteur et régulier en 85cc cette année, Diego participera à certaines courses en junior 125 sous les couleurs de Tech32 mais il reste encore à définir l’étendue de la collaboration entre les deux parties. Chose qui devrait se faire dans les jours à venir.

La préparation hivernale s’annonce intense pour l’équipe Tech32 qui compte bien mettre les bouchées doubles pour effectuer la meilleure préparation possible, et ce, dès la fin septembre. Pour aller chercher du résultat, les gros moyens sont de mise et il n’est pas rare de voir les structures se professionnaliser de plus en plus au fil des saisons, à l’image de Tech32 qui a regroupé tous ses pilotes dans le Gard.

« Le team va aller rejoindre Mathéo le weekend prochain sur une course régionale avec l’équipe au complet puis s’en suivra une course à Berck sur mer. On compte ainsi préparer la course de Loon plage le 22 septembre car une nouvelle fois, tout le team sera présent. Le team va partir du côté d’Eindhoven rouler 3 jours entre la course régionale et Loon plage pour se préparer, c’est un programme chargé.

On a tout professionnalisé cette saison et tous nos pilotes sont basés dans le Gard. Mathéo, Florian, Maxime Charlier, Gianni Barbier, Maxime Grau et Nicolas Fabre, notre pilote support, sont tous dans le Gard. Ils occupent deux appartements proches d’une salle de sport, d’une piscine, ils habitent ensemble et s’entraînent ensemble toute la semaine. On a mis le paquet sur la saison 2020, on ne voulait pas que nos pilotes soient éparpillées donc on les a tous regroupés, à proximité d’Anthony Boissière. Ils sont suivis par un entraineur physique toute la semaine et ils suivent un entraînement moto le mardi, mercredi, jeudi, parfois le weekend.

“Une bonne saison de course, c’est le résultat d’une bonne intersaison” dixit Anthony Boissière.

Quand un pilote réalise une bonne intersaison avec une préparation sérieuse – sauf blessure – il ne sera jamais loin d’une bonne saison. Un pilote qui – a contrario – connaît une mauvaise intersaison, s’entraîne peu, connaît beaucoup de problèmes techniques, mécaniques ou physiques aura très peu de chances de réaliser une bonne saison, tout du moins, beaucoup moins de chances, c’est très rare. Anthony a mis l’accent cette année pour préparer une grosse intersaison et ce, jusqu’au mois de Février. Nos pilotes vont partir en hollande, puis en Italie, avant de revenir en Hollande. Pour préparer l’Europe, on roulera lors du championnat Italien en début d’année. Le début de notre saison, ce sera l’international de Sommières, avec présentation officielle de nos pilotes. »

Avec un marché des transferts de plus en plus bouché sur le mondial comme sur l’Europe et des partenaires financiers de plus en plus difficiles à dénicher, difficile pour les pilotes de trouver crèmerie. L’équipe Tech32 se voit malheureusement contrainte de refuser les nouvelles candidatures. Il faut aussi penser retour sur investissement et répondre aux demandes des différents sponsors qui soutiennent la structure dans son ascension vers le championnat d’Europe 125 pour 2020.

« Aujourd’hui, on se retrouve avec des pilotes qui veulent intégrer le team et nous proposent un budget pour payer leur admission. Malheureusement, nous ne pouvons plus prendre de pilotes. Nous avons 6 mécaniciens et 3 personnes dans l’ombre, dont je fais partie, pour préparer la logistique de toute la saison. Malheureusement, on est obligé de refuser. Ce qui intéresse les pilotes désormais, c’est cette notion de coaching et d’encadrement poussé. On voit beaucoup de pilotes avec du potentiel s’entraîner seuls, brûler des litres d’essence sans coach et sans suivi. Même avec un gros potentiel, ce pilote finira par stagner et les autres évolueront. Un pilote moins rapide mais mieux encadré finira par prendre le dessus au fur et à mesure du temps. C’est aussi pour ça qu’on a voulu tout regrouper. Nos pilotes sont en phase avec leurs mécaniciens toute l’année, ce ne sont pas des mécaniciens qui font des piges, viennent et repartent, nos pilotes ont des mécaniciens attitrés qui sont présents aux entraînements aussi.

Notre retour sur investissement, c’est principalement de l’équipement de la part des partenaires. Aujourd’hui, dans le motocross Français, il y a peu, voir pas, d’investisseur financier. Ça n’existe presque plus. Aujourd’hui, nos partenaires veulent de la visibilité. Le championnat de France Elite se restructure, il se porte de mieux en mieux et la FFM s’investit énormément pour proposer un beau championnat de France. Les partenaires qui gravitent autour du monde de la moto sont intéressés mais limitent leurs budgets car on reste dans le cadre d’un championnat National, que ce soit le championnat de France, d’Italie ou de Belgique. Aujourd’hui, les partenaires sont très intéressés dès qu’on parle de GP, que ce soit en MX2 ou en MXGP. Ils sont beaucoup moins intéressés pour l’Europe. C’est une nouvelle fois un problème de visibilité.

Le fait que les grands prix soient retransmis permet aux partenaires d’avoir cette visibilité. Pour caricaturer, même si Mathéo ou Maxime font 25ème d’une manche, si la caméra fait un zoom sur eux le jour d’une course sur la grille de départ, nos partenaires gagneront automatiquement en visibilité, c’est ce qu’ils recherchent aujourd’hui. »

La visibilité sur un championnat d’Europe est plus importante que sur un championnat national via les différentes retransmissions TV… En Turquie pourtant, on se retrouve avec 6 pilotes en EMX2T alors que beaucoup de bons pilotes – Français ou non – ont du mal à se faire un nom en championnat national.

“L’EMX2T se réduit progressivement pour être compensé par un championnat sans limite d’âge, l’EMX Open. Je trouve que c’est une bonne solution car ce championnat 2 temps n’avait plus lieu d’être. Les anciens crossmen  – dont je fais partie – adorent le deux temps, mais cela n’intéresse plus personne, plus aucun partenaire, c’est un micromarché. Je défie quiconque de me donner le nom du champion d’Europe 2 temps de l’an dernier … En Turquie, c’était très représentatif d’avoir ces 6 pilotes.

On peut aussi discuter le fait d’avoir des grands prix en Turquie, en Chine, en Oversea, ça coûte très cher aux équipes pour peu ou pas de retombées à moins d’avoir des partenaires dans le pays du grand prix. D’un autre côté, c’est un championnat du monde, on ne peut pas rester en Europe et se faire appeler championnat du monde, ce ne serait pas concevable.

Ce qui est bien cependant, c’est que dans le cas du calendrier Youthstream pour le championnat d’Europe, on aura les épreuves de Suède et de Finlande à une semaine d’intervalle. Ce qui veut dire qu’au niveau de nos déplacements, c’est très arrangeant car nos camions vont pouvoir rester sur place sans avoir à revenir en France et engendrer des coûts supplémentaires. À ce niveau-là, on voit que youthstream essaye d’optimiser son calendrier. »

 


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