MXGP & Europe

Les USA, le motocross des nations et le calendrier MXGP

“Si nous cherchons à établir cette hiérarchie, c’est bien qu’une première réalité existe : Un doute … Qui est le meilleur ?”

Vous avez été nombreux à réagir suite à mon article intitulé “Les USA, le motocross des nations et le ras le bol médiatique“.  Beaucoup d’entre vous ont partagé mes opinions mais puisqu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, il faut aussi se rendre à l’évidence que beaucoup ne se retrouvaient pas dans mes opinions.

Plutôt que de beugler dans les commentaires sous l’article, Gilou de memotocross a pris le temps de me faire une réponse et d’expliquer pourquoi – selon lui – les USA sont désormais en décalage par rapport au motocross Européen quand vient l’heure du motocross des nations.

Un argumentaire sur lequel je me retiendrai d’apporter mon avis personnel pour laisser place à l’avis d’un régulier qui a pris le temps d’apporter sa touche personnelle et son opinion. Opinion que vous pouvez – une nouvelle fois – partager, ou non.

Gilles prend la parole.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

En préambule un peu d’histoire, pour bien comprendre que le motocross des nations a été créé avant le championnat du monde. Au fil des années, cette épreuve marquait traditionnellement la fin du championnat du monde. Cette course est ancrée au championnat du monde et on aime son originalité, l’idée de courses par équipes sélectionnées par les fédérations des différentes nations leader du motocross.

A cette époque, l’idée d’y voir les Américains y participer était bien loin puisque le Motocross était encore très peu développé.

Petit à petit avec l’apparition du championnat AMA, le motocross s’est développé aux Etats-Unis et l’arrivée du Supercross a révolutionné la pratique sportive, la technique, et le professionnalisme. Lorsque les Américains ont commencé à battre les pilotes Européens en Supercross chez eux et sur quelques grands prix US, ceux-ci se sont intéressés au motocross des nations, et delà, ils ont commencé à y faire quelques résultats.

Aux Etats-Unis comme en « Europe » les championnats se sont structurés et professionnalisés  pour arriver, aux USA, à proposer un championnat de Supercross de 17 épreuves de Janvier à Mai et le championnat de Motocross sur 12 épreuves de Mai à fin Août.

Le Supercross est devenu le sport phare du motocross aux Etats-Unis avec une exposition médiatique et de gros intérêts financiers impliquant de gros sponsors et une  concentration des marques.

Cette évolution est d’une telle ampleur qu’il est impossible pour un pilote de motocross aux Etats-Unis d’avoir d’autres ambitions que celles d’être champion de Supercross…Le motocross passe au second plan.

Justin Cooper

Notre vision – nous Européens – du motocross est différente. Et plus particulièrement celle du motocross des nations car pour nous, l’objectif est de retrouver tous les meilleurs acteurs du sport lors d’une compétition pour créer une hiérarchie et savoir qui est le « meilleur », qui est le « plus fort ».

Si nous cherchons à établir cette hiérarchie, c’est bien qu’une première réalité existe : Un doute … Qui est le meilleur ?

On sait que les tops US sont au niveau des meilleurs pilotes de Grand-Prix. Ce n’est pas un simple championnat national car il y a des champions du monde derrière la grille malgré les succès et les défaites. Les meilleurs Européens partent aux Etats-Unis pour tenter de s’imposer, chose difficile, d’où la confirmation du niveau aux USA.

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Je pourrais rappeler les derniers GP US avec Eli Tomac en 2016 qui gagne les deux GP et les 4 manches, et en 2017 qui fait 1-3 avec Cairoli et Herlings.

Depuis, malheureusement, les promoteurs semblent laisser tomber l’idée d’un Grand-Prix aux Etats-Unis.

Je pense que les deux promoteurs n’ont pas spécialement envie de voir « leurs » pilotes se faire battre, je m’explique.

Le promoteur du championnat du monde veut – par le biais du championnat MxGP – créer la formule 1 du motocross. Mais si, lors de chaque GP aux USA, les américains gagnent, ça donne du crédit au championnat AMA et discrédite le championnat MXGP et vice-versa.

Est-ce que les promoteurs aiment cette confrontation ? Je pense que non, puisqu’ils ont abandonné depuis 2017.

De plus pour les pilotes US ou Euro, faire une épreuve qui ne compte pas pour leur championnat représente prendre un risque supplémentaire, pas ou peu rentable financièrement, tout en se confrontant à des pilotes qui jouent un championnat. Il est donc difficile de tirer une hiérarchie sur ces confrontations – finalement tronquée – tant les enjeux et les motivations sont différentes.

Au final il ne reste plus que le motocross des nations pour répondre à la question de la suprématie en fin de saison.

Pour aborder le problème du calendrier international : Le promoteur prend comme modèle le championnat de Formule 1 et/ou de moto GP et il s’aligne sur ce fonctionnement en proposant depuis quelques saisons un calendrier à 20 GP, ce qui n’est pas sans conséquence.

La première, c’est celle de commencer très tôt dans la saison, ce qui empêche ainsi aux pilotes de s’aligner lors d’épreuves annexes. Vu la complexité de l’organisation et des déplacements en MXGP, il faut aussi allouer des temps de récupération aux pilotes et de ce fait, le championnat se termine de plus en plus tard.

Maxime Renaux

Le recul de la date du Motocross des nations cause problème pour les pilotes s’alignant sur les deux championnats AMA en obligeant ceux qui seront sélectionnés pour le MxdN  à s’entrainer pendant un mois pour cette seule épreuve.

Les teams n’approuvent pas tous cette sélection car durant cette période leurs pilotes doivent normalement se reposer, se soigner, se préparer pour la saison suivante. Les équipes sont défavorables et interdisent à leur pilote d’accepter la sélection.

Ce manque de cohérence dans le calendrier international est un handicap majeur au MxdN et au final, personne ne bouge et chacun défend son championnat, son propre intérêt.

Un très mauvais coup est réalisé ensuite aux USA avec la Monster Energy Cup organisée en octobre, soit environ trois semaines après le motocross des nations avec 1 million de dollars à la clé.

Tous les pilotes US sont alors en configuration Supercross, voilà comment on réduit encore davantage l’intérêt des pilotes US (en incluant les Européens qui roulent en AMA) au Motocross des Nations.

Gautier Paulin

Qui est venu aux nations cette année ? Deux excellents pilotes US 450cc qui n’ont fait qu’une demi-saison pour cause de blessures et le jeune espoir américain 250 Justin Cooper qui lui fait moins de courses dans l’année.

L’équipe numéro 1 aux USA aurait été composée d’Eli Tomac, Cooper Webb, Adam Cianciarulo, avec un Ken Roczen pour l’Allemagne, un Musquin et un Ferrandis pour la France.

L’absence de ces pilotes n’implique pas un niveau inférieur ou la peur de perdre contre les pilotes de GP mais un calendrier international qui ne correspond pas à leurs intérêts. En ajoutant à l’équation  les égos des uns ou des autres, on arrive à un motocross des nations dévalués.

Imaginons un motocross des nations repris par le promoteur américain, programmant l’épreuve le premier weekend  de septembre, le forfait des principaux acteurs des championnats du monde serait certain.    

Les Etats-Unis sont indispensables au prestige de l’épreuve, pour preuve : les propos minimisant notre victoire en 2001 en l’absence des américains. 

Concernant le circuit d’Assen, je n’ai pas de mots assez forts pour condamner ce terrain artificiel totalement inadapté au motocross, trop étroit, dangereux, totalement plat, mais c’est le même circuit pour tous …

Justin Cooper

Oui les résultats des pilotes US n’ont pas été à la hauteur des espérances du team, et des observateurs journalistes/médias.

Les américains viennent au motocross des nations pour gagner, une seconde place est considérée comme un échec, alors le naufrage de ces dernières années est expliqué par les médias américains sans tenter de se chercher d’excuses à mon sens.

Pour l’année dernière, devrait-on s’excuser d’avoir eu de la chance en gagnant sur l’abandon de Vlaanderen ? Une victoire peut s’expliquer, tout comme une défaite.

En France j’ai lu que nos pilotes ont fait le job, j’en suis ravi et heureusement, mais j’imagine que les autres pilotes on fait le job également.  Je ne vois aucune excuse dans les médias américains, mais des explications de courses, qui permettent de mieux comprendre la situation.

La météo ? oui c’est un problème un élément qui influence une course et il faudrait alors demander aux pilotes qui partent aux Etats-Unis si la chaleur ne demande pas un certain temps d’adaptation. Il pleut plus rarement aux USA et même si la pluie arrive à perturber quelques épreuves, les pilotes aux USA s’entrainent quasi annuellement sur du sec tant la météo est favorable.

Ces trois dernières années le MxdN a été plombé par la pluie, je suis d’accord avec ça ! Et je parle bien de motocross. Pourquoi « plombé » ? Parce que l’on voit la différence sur tous les circuits entre un samedi ensoleillé et un dimanche pluvieux.

Justin Cooper

Le circuit Us de Redbud  a été « adapté » aux critères du promoteur du championnat du monde, et la météo était tellement mauvaise que des tonnes de sables ont été mélangés à la terre pour absorber l’eau au mieux …Tomac et d’autres déclaraient qu’ils ne reconnaissaient pas le circuit.

Pour moi les Français partaient favoris, j’avais 3 favoris : les Pays-Bas, les USA et la France, et deux outsiders : l’Angleterre et la Belgique.

Oui, en Europe les pilotes roulent quand il pleut. Demande à Roczen, Musquin, Ferrandis et même Pourcel avant eux.

Mais désormais, aux USA, eux ne roulent plus qu’avec le beau temps. Ils ont été formés dès leur plus jeune âge aux conditions d’entrainement européennes.

En Europe, il pleut davantage durant l’intersaison – période d’entrainement de fin octobre à février – mais  bon nombre de pilotes viennent dans le sud de la France, souvent par lassitude du mauvais temps.

Si cette année les GP n’ont pas trop soufferts de la pluie, il ne faut pas confondre cet élément avec la période d’entrainement d’intersaison…La technique d’un Roczen ou Musquin ? Oui mais la révolution du pilotage d’un James Stewart ?

Les pilotes américains ne refusent certainement pas de s’entrainer dans les conditions difficiles mais il serait absurde de venir enquiller des tours en Belgique durant l’hiver pour ensuite faire du motocross sous le soleil à partir de Mai et il ne faut pas oublier qu’il y a un championnat de Supercross de Janvier à Mai.

Le championnat Américain n’a de national que le nom. Le niveau en Supercross et Motocross est très relevé, ce qui fait que le top 5 ou le top 10 de ces championnats sont probablement capable de rivaliser avec le top 5 ou le top 10 en championnat du monde, dans les deux catégories.

L’arrogance, le chauvinisme ou plutôt   le patriotisme est dans la nature américaine. Pour le chauvinisme – en France – on sait faire.

Il n’y a pas si longtemps devant l’incapacité de battre les USA au MxdN certains médias évoquaient l’idée de faire une équipe « européenne » pour lutter à armes égales, expliquant que le vivier US était tellement important et le pays immense que nous Français, Italiens ou Belges ne pouvions les concurrencer. Cette idée est passée aux oubliettes depuis quelques années.

A mon sens, il faudrait faire un calendrier international cohérent, permettant aux deux championnats concurrents de s’harmoniser pour rendre son prestige au motocross des nations avec la présence de tous les meilleurs pilotes. Je ne sais pas quel pays gagnerait, mais je suis certain que le motocross serait gagnant en voyant les deux promoteurs trouver un meilleur compromis.   

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