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Martin Castelo “J’ai dû sortir de ma zone de confort, aller parler aux équipes…”

3 équipes différentes en 5 mois pour Martin Castelo.

Il y a deux ans, à Anaheim 1, Martin Castelo ne parvenait pas à se qualifier à la première épreuve de la saison de Supercross.

Cette année, il occupe la 12ème place du classement provisoire 250. En tant que pilote privé, Martin Castelo a dû faire face à de nombreux défis lors de sa saison.

Il lui aura bien fallu décrocher un nouveau guidon après San Diego, dernière course avec son second team. S’il s’est fait remarquer par ses résultats, il n’est pas passé inaperçu lors de la conférence de presse de Houston…

Martin s’est entretenu avec les gars de chez RacerX plus tôt dans la semaine et leur a expliqué pourquoi il avait changé d’équipe à la mi-saison, comment il s’y était pris et ce qu’il pense de ses résultats jusqu’à présent.

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Un privé au parcours atypique, un profil qui mérite de se faire découvrir, des hauts, des bas, la vie d’un énième pilote privé aux USA.

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La saison est presque terminée. Tu es actuellement 12ème du classement à seulement 17 points du top 10. Donne-nous tes impressions sur ta saison jusqu’ici.

La saison s’est vraiment bien déroulée, même si j’ai eu quelques défis à relever. Rien ne se déroule parfaitement mais il y a eu énormément de positif pour moi, surtout comparé à mes deux dernières saisons. Cette saison est de loin la meilleure pour moi.

Je voulais rentrer dans le top 10. C’était mon but, de pouvoir terminer dans les 10 aux points. Comme tu l’as dit, je suis à quelques points de réaliser mon objectif. Tout bien considéré, je pense que c’est une très bonne expérience d’apprentissage et j’espère pouvoir utiliser cette expérience pour les années à venir.

Tu commences l’année avec une équipe, maintenant tu es avec une autre. Parle nous du défi que représente le fait de devoir changer de programme. Était-ce une bonne chose de faire ce changement ?

Début novembre, la saison approchait à grands pas et je n’avais toujours aucune opportunité. Les gars de Twisted Development et Bar X Suzuki ont monté un programme pour moi. Ils se sont engagé à me faire rouler lors des 5 premières épreuves et m’ont préparé de supers motos.

On n’a vraiment pas eu beaucoup de temps pour tester avant la première épreuve, à peu près deux semaines, puis la saison a commencé. Ça a bien commencé d’ailleurs, ils étaient au top avec moi. On a connu des hauts et des bas. J’ai fait quelques erreurs qui m’ont coûtées chers, surtout lors des finales et c’était vraiment frustrant car je sentais que je pouvais finir plus haut dans le classement. J’ai beaucoup appris.

Puis après San Diego le contrat s’est arrêté. C’était une bonne et une mauvaise chose.

C’était bon, car ça m’a ouvert à la communication. J’ai dû sortir de ma zone de confort, aller voir les équipes dans les paddocks et leur dire “Salut les gars, j’avais un contrat pour 5 courses et c’est terminé maintenant, donc si l’un de vous a besoin d’un pilote pendant la saison…. Je vais essayer de rester prêt à rouler aussi longtemps que possible”

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J’ai parlé à quelques équipes qui étaient intéressées. C’est compliqué en plein milieu de saison car tout le monde a un budget serré, surtout quand un pilote est blessé. Mais après le 5ème Supercross je crois qu’aucun pilote n’était blessé.

L’équipe JMC a fait le premier pas et ils m’ont fait une offre pour que je puisse rouler. J’ai accepté l’offre et ils se sont engagés à me faire rouler le reste de la saison de Supercross et les trois premières épreuves de l’outdoor, ce qui est une bonne opportunité pour moi.

Evidemment j’aimerais rouler à temps plein, je voudrais rouler en Supercross et en Motocross sous contrat. Je place la barre très haut. Je ne veux pas galérer à chaque fois pour trouver une équipe.

J’aimerais être dans un programme solide qui me permette de continuer à m’améliorer en tant que pilote et finir par faire de meilleurs résultats.

Ça a dû être assez éprouvant pour les nerfs et te rendre un peu nerveux de te diriger vers les équipes: «Hé, engagez-moi. J’ai besoin d’un team. “


Ouais. Comme je l’ai dit, c’était vraiment une sortie de ma zone de confort. Mais Jamie Ellis, le proprio de Twisted Development m’a poussé à le faire. Il est un ancien mécano de team usine et il m’a raconté son histoire, la même chose lui est arrivée. Il s’est retrouvé tout seul et il a dû aller voir les équipes et parler avec tout le monde. Il m’a dit “J’ai dû le faire et tu dois le faire aussi, c’est pour ta carrière”.

Sans mentir, j’étais vraiment flippé. Mais j’ai quand même été voir la plupart des équipes, j’ai demandé à parler au team manager. Je leur ai parlé, je leur ai dit en gros que je n’avais pas d’équipe pour le moment et que si je pouvais les aider, même si c’était pour du testing, que j’étais d’accord, que je voulais juste continuer à rouler.

Je pense que je peux être bon sur une bonne moto, avec un bon programme. Je pense que c’est ce que j’ai montré ces dernières années. C’est drôle parce que ce week-end j’étais un peu déçu de finir 11ème, en fait, vraiment très déçu car j’aurais pu finir dans les 8.

Mais avec le recul, je ne me qualifiais même pas à Anaheim 1 il y a deux ans en 2017. Je reviens de loin.

Je suis vraiment content de la progression, je veux juste faire de mieux en mieux à chaque fois.

C’est drôle pas vrai ? Une année tu ne te qualifies même pas pour le programme de la soirée et quelques années plus tard tu te dis que tu devrais finir mieux que ça. Même si vous ne roulez pas pour des teams usines, les gars comme toi fournissent le boulot et vous avez des objectifs très hauts, mais atteignables.

Comme tu le dis, je ne suis pas sur une moto usine, mais je ne veux pas m’arrêter là. Tu vois beaucoup de pilotes rouler pendant des années et rester dans la même situation. Je ne sais pas si c’est par manque d’efforts ou quoi, mais moi je veux toujours mieux faire.

Il y a des équipes qui payent très bien, qui ont de bonnes motos, c’est mon rêve depuis que je suis gamin.

J’aimerais finir par rouler pour une équipe usine, sur une moto usine, me battre devant. C’est l’objectif principal pour moi, je veux continuer de m’améliorer, ne jamais me contenter de mes résultats, ne jamais me dire “Je suis à l’aise dans cette position, je vais rester là”.

Que fais-tu en dehors de la moto pour déconnecter un peu, t’amuser, recharger tes batteries ?

Rien de spécial. J’aime faire du VTT, mais ça fait partie de mon entraînement, donc c’est cool, j’aime le vélo en général. Il n’y a pas d’activité particulière que je fais en dehors de la moto qui me permette de déconnecter. Je ne ressens pas le besoin de déconnecter de la moto car j’aime trop rouler, donc du moment que rouler reste fun jour après jour et que j’ai toujours des défis à relever… C’est la chose la plus importante pour moi.

Je ne veux pas me lasser de la moto, me lasser de mon programme. Donc j’essaye d’en changer de temps en temps.

Il y a deux ans tu suivais le programme de Ryan Hugues avec IB Corp. Tu suis toujours ce programme ? Que fais-tu pour t’entraîner ?

En fait l’an dernier après San Diego, j’ai senti qu’il me fallait une pause dans mon entraînement physique.

J’étais en très bonne forme physique, vraiment, mais je n’étais pas assez bon sur la moto. Je ne me sentais pas à l’aise sur la moto, je ne roulais pas bien. Je ne ressentais pas le besoin de faire encore plus d’entraînement physique, donc je me suis écarté du programme et j’ai commencé à faire les  choses de mon côté.

J’ai commencé par beaucoup rouler. Je me suis préparé avant la saison tout seul. Pas d’entraînement physique, rien. Je me suis promis que si je trouvais un guidon pour finir la saison après San Diego cette année j’embaucherais un entraîneur sportif. Donc dès que j’ai eu le deal avec JMC j’ai commencé à faire mes recherches.

Maintenant je bosse avec Seth Rarick. Il s’occupe de mon programme physique.Je lui envoie les infos de la journée, il m’aide vraiment beaucoup. Lors de la 4ème épreuve à Oakland je me suis senti un peu juste physiquement, moins bien qu’en début de saison, car la semaine j’avais peur d’en faire trop, de me fatiguer et d’avoir moins la pêche le week-end.

C’est bon d’avoir un programme à suivre de nouveau et je fais confiance en ce qu’il me fait faire, je sais que c’est le mieux pour moi. Je me sens bien maintenant le week-end, je me sens en forme.

Tu as mentionné que tu allais faire les premières épreuves outdoor avec l’équipe JMC. Tu as un plan après ça, ou tu vas faire les 3 épreuves et puis tu verras ?

L’an dernier, c’était pareil. En fait, j’ai emprunté des motos à IB Corp pour faire les trois premières épreuves. J’ai fait les deux premières, et je me suis fait offrir une place chez Cycle Trader/Rock River Yamaha.

Ça n’a duré que le temps d’une course mais je pense que ça a joué en ma faveur, je me suis fait un “nom”‘.

Cette année et avec un peu plus d’expérience, j’espère vraiment bien figurer lors des trois premières épreuves. Je sens que je suis un pilote plus typé motocross. Je sens aussi que je suis en forme physiquement pour rouler de longues manches.

Donc le plan pour l’instant c’est rouler lors des trois premières, et voir ce qu’il se passe.

Evidemment, dans le meilleur des scénarios, je finis par avoir un guidon dans une équipe usine pour terminer la saison, mais on verra. Pour l’instant, je vis au jour le jour. J’ai commencé à m’entraîner en motocross un peu, d’ailleurs ce week-end, je roule toute la semaine en motocross. J’essaye de me préparer du mieux que je peux pour me donner les meilleures chances quand viendra le jour des courses. C’est tout ce que je peux faire.

J’aimerais vraiment pouvoir finir la saison outdoor avec un guidon d’usine.

Retour au Supercross, il te reste une épreuve. Tu n’es pas loin du top 10, tout reste possible. C’est quoi le plan pour ta fin de saison SX ?


En fait, on galère un peu avec nos suspensions, car on n’a pas vraiment eu beaucoup de temps pour tester la moto. Je sais que ça fait déjà quelque temps que je suis sur la moto, mais quand tu y penses, tous les autres pilotes signent leurs contrats quand ? en octobre ? Puis ils commencent leur programme.

Donc ils ont trois mois avant le début de la saison, certains d’entre-eux commencent doucement, et puis tu règles la moto, tu te prépares, et ce même pendant la saison.

Moi, j’ai récupéré cette moto au milieu de la saison donc c’est un peu difficile de s’adapter à une moto totalement différente, que je n’avais jamais roulée avant. Des suspensions différentes aussi, je suis passé de l’air aux ressorts. On va faire des testings ces prochaines semaines.

Je sais qu’il me reste une course, mais elle est pour moi aussi importante que si c’était la première course. Je veux finir sur une bonne note, surtout pour prouver que je peux. Si j’avais un contrat de deux ou trois ans peut-être que je me dirais qu’il faut que je me concentre sur l’outdoor. Mais ce n’est pas le cas alors la dernière est importante pour moi.

On va continuer de faire du testing, en espérant qu’on puisse améliorer nos suspensions car le moteur est vraiment au top.

Tout peut arriver, je vais essayer jusqu’au bout.


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