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Mike Sleeter “La moto d’outdoor de Dungey en 2015, une vraie merde”

La saison d’outdoor avait déjà commencé et j’étais là « cette moto est à chier ». Voilà pourquoi Dungey se prenait plus d’une minute par Eli en manches.

Le nom de Mike Sleeter ne vous dit probablement rien, pourtant, en 15 ans d’activité au sein de l’équipe de recherche et développement de la marque KTM, et par son statut de pilote d’essai, Mike fait partie des personnes de l’ombre qui ont fait de KTM la marque qu’elle est devenue aujourd’hui en développant – année après année – les motos de la marque Autrichienne auprès des plus grands pilotes. Lui même ancien pilote de Motocross et Supercross dans les années 2000, Mike Sleeter s’occupe désormais de sa marque de compléments nutritionnels, Pinnacle Nutrition.

Dans un podcast de Gipsy Tales, Mike Sleeter est revenu sur sa journée de testing de la KTM pilotée par Ryan Dungey en outdoor en 2015; à cette période-là, Ryan se faisait dominer par Eli Tomac en outdoor avant la blessure de ce dernier.

Mike Sleeter

“J’ai eu l’occasion de rouler avec la moto de Supercross de Ryan Dungey en 2015 après son titre en Supercross, et en 3 tours, j’ai été capable de faire des choses sur cette moto que jamais de ma vie je n’aurais pu faire lorsque je roulais à temps plein, la moto de Ryan était absolument parfaite.

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Avant de la tester, j’étais vraiment intimidé car je pensais qu’il y aurait vraiment trop de puissance pour moi, que les réglages seraient trop durs pour moi car je n’étais pas aussi rapide que Dungey, je devais tester la moto pendant trois jours sur trois terrains différents, j’étais là avec Frankie Latham, Carlos Rivera, Jim & les techniciens, et moi, je suis juste un mec qui aide à la production des KTM d’origine et qui se traîne le cul sur une moto.

Je leur avais dit à quel point la moto était géniale, que c’était des légendes d’avoir pu préparer une moto comme celle-ci, que je comprenais pourquoi Dungey avait battu tout le monde si facilement.

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Au bout de quelques tours, j’avais ressenti tout de suite la légèreté de cette moto, toute la puissance qui arrivait de façon linéaire, pour la prise en main, c’était la même chose qu’une moto d’origine quand tu montais dessus et ça, c’était vraiment gratifiant pour nous, je savais qu’on allait dans la bonne direction avec notre travail en recherche et développement.

Dungey, Morais et le groupe d’ingénieurs ont passé tellement de temps à développer cette moto, elle était vraiment à la pointe, ils avaient réussi à améliorer d’un petit pourcent chaque pièce, chaque réglage. Sauf qu’après avoir remporté le titre cette année-là, ils n’ont eu que deux semaines pour se préparer pour l’outdoor, et ils se sont dit que la moto était assez bien réglée comme ça.

Moi, mon boulot, c’était de régler les motos qui sortaient des usines pour la vente au grand public pour que mes amis, toi, moi, mon père, ton frère, les achètent et puissent rouler avec en motocross et j’étais assez confiant du travail qu’on avait effectué.

Super excité, je monte sur la moto d’outdoor de Dungey en me disant que ça va être une tuerie et au final, c’était une vraie merde. Ils avaient les grosses fourches 52MM qu’ils utilisaient en Supercross, des réglages très durs. J’ai roulé à Glen Helen et c’était vraiment un circuit plutôt dur, plus dur que ce sur quoi ils avaient testé en Floride pendant l’intersaison. La moto sous-virait, j’étais incapable de prendre un virage correctement avec, ça tremblait de partout, ça bougeait dans tous les sens. La saison d’outdoor avait déjà commencé et j’étais là « cette moto est à chier ». Voilà pourquoi Dungey se prenait plus d’une minute par Eli en manches.

J’étai déçu car je m’étais dit que j’allais pouvoir apprendre de cette moto, qu’elle allait réagir d’une certaine façon, que je pourrais faire des choses que je ne pouvais pas faire sur les motos qui sortaient de nos ateliers de recherche et développement ; c’était une moto d’usine Red Bull KTM, c’était quelque chose, tout était en titane … J’ai fait 3 tours et je me suis dit que je n’étais peut être pas assez rapide pour bien rouler avec cette moto et avoir un jugement correct, alors je me suis donné à fond et j’ai ouvert en grand partout pour savoir si c’était moi ou la moto le problème. Plus vite je roulais, moins j’étais à l’aise, je n’arrivais pas à y croire, je comprenais pourquoi Dungey se faisait botter le cul en Outdoor par Tomac. Tomac avait probablement abandonné le Supercross plus tôt dans la saison pour se concentrer sur l’outdoor et il avait trouvé des solutions contrairement à Dungey qui s’était retrouvé face à un mur au dernier moment. […]

Ryan Morais qui bossait pour le team a dû aller voir l’équipe pour leur dire « Les gars, la moto qui sort des usines de production est bien meilleure que votre moto dans sa globalité ». Vous imaginez dire ça à Ryan Dungey, Roger de Coster, Ian Harrison ? « Hey, on n’est pas les meilleurs, le groupe de recherche et développement de chez KTM fait du meilleur boulot que nous » […]

Ils ont pris ça en pleine face, ils sont retournés au travail, ils ont refait toute leur moto, et Ryan Dungey est allé chercher le titre outdoor.”

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