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Rémy Annelot “se concentrer sur les choses importantes”

“Pour le mondial, j’en garde un goût amer, j’étais dans de mauvaises conditions”

Rémy Annelot ne compte plus les saisons depuis ses premiers tours de roues à l’âge de 5 ans, au début des années 90.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et presque 30 ans plus tard, le Grenoblois a écumé les paddocks du Mondial, de l’Europe, de l’Elite, du National et du Régional, décrochant en 2019 son troisième titre de champion de France National en catégorie 450.

Pilote, oui, mais pas seulement; Rémy enfile également la casquette de papa, de mari et d’entrepreneur, ayant repris l’affaire familiale, MotoLabo. Une vie menée à 200 à l’heure. Entretien.

Rémy, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, présente-toi rapidement.

Bonjour à tous, je suis Rémy Annelot et j’ai 34 ans. Je suis trois fois champion de France National MX1 (2016, 2018 et 2019). Je roule sur une Suzuki RMZ 450 avec le numéro 30 depuis quelques années déjà. J’ai commencé la moto jeune, vers l’âge de 5 ans, comme beaucoup de pilote grâce à mes parents qui sont du métier.

Tu es gérant de MotoLabo, une histoire familiale. Parle-nous de la concession et de ton parcours dans le métier.

En effet, j’ai repris et je gère l’entreprise familiale sur Grenoble. L’aventure a débuté il y a environ 45 ans. Désormais, nous sommes une équipe de 15 personnes, un concessionnaire Triumph, Suzuki, Aprilia, & Moto Guzzi, également les accessoires avec MotoAxxe. C’est un beau métier de vendre des motos, on travaille au quotidien avec des clients passionnés.

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Tu dois gérer une vie de famille, une concession, le national et tes apparitions sur l’élite, tu te reposes quand ?!

Et encore vous ne savez pas tout ! Mais c’est un rythme de vie très éprouvant. Même pour ma famille qui en subit aussi parfois les conséquences. C’est d’ailleurs pour cela que je ne me suis pas lancé dans une saison  complète pour 2020. Je vais faire quelques courses régionales qui me plaisent et le Touquet si possible.

Pas de championnat National pour moi cette année. Je voulais prendre plus de temps pour ma famille et profiter. Avoir 3 titres c’est déjà très bien et cela ne m’apporte rien de plus d’en avoir un quatrième donc je vais faire les courses qui me plaisent.

En ce qui concerne le Touquet, j’aime bien l’ambiance et l’engouement autour de cette course même si cette année je trouve que ce n’était pas le top. Le sable je ne le pratique pas depuis très longtemps, c’est comme un nouveau challenge.

Lors de la dernière épreuve du national MX1 en 2019, c’était serré puisque Jimmy Clochet était en Russie et bénéficiait du report de point. Une finale avec un adversaire invisible en quelque sorte, comment tu as abordé cette épreuve ? C’était particulier ?

Pas forcément car à ce moment-là de la saison, je me sentais bien physiquement et mentalement. Ma vitesse était bonne, et j’avais déjà eu 2 titres, la pression n’était donc pas présente, j’ai juste fait attention à ne pas commettre des erreurs. En revanche, en ce qui concerne le report de point, je trouve ça plus que limite… et peu importe le sport.

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Tu as participé à l’Europe et à quelques manches du mondial MX2, quels sont tes meilleurs souvenirs sur ces deux championnats ?

Le meilleur souvenir reste ma saison 2005 en Europe, j’avais travaillé dur avec mon coach Serge Guidetty a l’époque, et mon niveau me permettait de jouer les podiums dès la première course. Dommage qu’une blessure soit venue gâcher un peu la fin de saison. J’ai raté les deux dernières épreuves…

En revanche pour le mondial, j’en garde un goût amer, j’étais dans de mauvaises conditions et j’ai dû faire face à une mauvaise ambiance dans le team, et ça m’a quand même fait arrêter la moto pendant 2 ans. Je n’ai même plus touché une moto !

C’est aussi là, que j’ai compris qu’il fallait se concentrer sur les choses importantes, le motocross reste un loisir et un sport mais je ne souhaitais pas miser mon avenir dessus: aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix.

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@Léa Duval

Les jaunes se font de plus en plus rares dans les paddocks mais tu fais de la résistance. Qu’est-ce qui motive ton choix de rouler au guidon de la 450RMZ ?

Honnêtement, c’est une très bonne moto, elle est puissante, facile à piloter et fiable; je la connais par cœur. Suzuki France n’a plus appui du Japon, c’est dur pour eux de faire de la communication sur un produit qui vieillit mais tous ceux qui ont pu tester ma moto le savent; bien équipée, cette machine reste l’une des meilleurs 450.

Si on te laissait tirer quelques ficelles, quels changements apporterais-tu au championnat national MX1 ?

Je ferais en sorte de rassembler les 3 championnats nationaux, le 125, le 250 et le 450 afin de créer une véritable émulsion autour de ce championnat.

Tu te vois où et à faire quoi dans 5 ans ?

Bonne question… dans un avion 🙂 !

J’adore piloter et je vais avoir plus de temps pour finir ma licence, sinon côté professionnel, je suis toujours en recherche d’idées pour améliorer ceci ou cela, j’espère encore améliorer ma concession.

Mais le plus important reste mes enfants et ma femme ! Les voir épanouis et passer le plus de temps possible avec eux. Ces dernières années sont passées tellement vites, ce sont des moments rares … Je ne veux pas les rater.

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@JenniMX

On s’occupe comment pendant le confinement ?

Je fais une astreinte avec ma femme au magasin et on fait beaucoup de sport chez nous. Mais comme tout le monde, on espère que cela va vite revenir à la normale !

Avec ton expérience, quel conseil tu pourrais donner à un jeune qui veut faire sa place au niveau national ?

Difficile de répondre car je ne pense pas qu’il y ait de recette miracle et qu’avec le temps, on finit par trouver son rythme d’entraînement. Mais avant tout, il faut prendre du plaisir à l’entraînement sans que ce soit une contrainte, quitte à rouler moins longtemps mais plus souvent ! Surtout, il ne faut pas oublier de se créer un physique à la hauteur de ses propres objectifs.

Des personnes à remercier ?

Mes parents. C’est à eux que je dois tout ça, à ma femme aussi, toujours là dans les bons comme les mauvais jours. Et les sponsors qui me suivent depuis quelques années, ils se reconnaîtront. Merci à tous.


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