Interviews

Sans détours – Valentin Teillet

Une interview “sans détours” avec Valentin Teillet

Véritable ambassadeur du motocross Français, Valentin Teillet n’est plus à présenter. Le Vendéen ouvre le bal de la nouvelle rubrique “sans détours” qui vous accompagnera pendant la trêve hivernale.

Lors de cet entretien, Valentin m’a donné un avis franc et sans langue de bois sur des sujets qui ont marqué l’actualité sportive au cours de cette année.

Au programme, l’attractivité des grands prix, le cas Jorge Prado, le report de points sur le national, l’avenir du MXGP, la controverse de la FFM, le motocross des Nations, le coaching de pilotes, la carrière de Valentin, Youthstream, l’économie du sport, et bien plus encore….

Valentin, si je te dis que tu vas rouler en mondial en 2020, ça te fait encore rêver ?

Aujourd’hui, non.

Je fais de la moto depuis que j’ai 3 ans. J’ai évolué comme tout le monde, minivert, cadet, junior, Europe puis GP. Depuis mes 10 ans, j’avais un rêve d’être champion du monde, c’était mon objectif principal et je faisais de la moto avec un objectif à long terme en tête. Quand j’ai commencé à progresser et que j’ai décroché le titre de champion d’Europe en 2008, je suis ensuite passé en mondial MX2 en 2009.

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D’un côté, j’étais super content de rouler dans le championnat le plus prestigieux, de trouver tout ce côté professionnel, mais d’un autre, je me disais que les GP ne me faisaient pas tant rêver que ça.

@Elite-Motocross

Je ne saurais pas te dire la raison exacte, est-ce que c’était l’ambiance des grands prix ou l’évolution des grands prix ? Toujours est-il que ce n’était pas un rêve.

Aujourd’hui, je ne roule plus en grand prix mais je les suis toujours via les réseaux et la télévision, ce n’est pas quelque chose qui m’attire. À moins de s’appeler Gajser, Herlings ou Cairoli en grand prix, ce n’est pas intéressant.

Si je prends l’exemple de Shaun Simpson qui galère à rentrer dans les 10 premiers, qui fait tous les grands prix, qui dépense probablement de l’argent pour s’y rendre, moi je trouve ça malheureux. C’est mon avis personnel.

J’ai arrêté les GP en 2014, j’étais encore jeune. Je pense que je me suis professionnalisé très tard dans ma carrière de pilote. Quand j’ai commencé à avoir un vrai entraîneur, que je me suis professionnalisé, je devais déjà changer de catégorie à cause de la limite d’âge. J’avais 22 ans, j’allais sur mes 23 ans. Cette règle m’a plombée, donc j’ai arrêté les grands prix.

Très peu d’équipes me proposaient un guidon en 450 et le jeu n’en valait pas la chandelle. Les risques pris étaient énormes pour ce que je pouvais avoir en retour. Il faut que les gens se rendent compte des risques que les pilotes prennent parfois pour ce qu’ils ont réellement à y gagner derrière.

@Elite-Motocross

Les GP au bout du monde, la gestion du championnat via Youthstream, inquiétant ou prometteur ?

Il y a des côtés intéressants. En tant que pilote, parcourir le monde, c’est vraiment top. C’est top d’aller rouler en Chine, en Russie, au Brésil. C’est là qu’on se rend compte que c’est un réel championnat du monde.

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Le problème, c’est surtout au niveau de la logistique pour les équipes et le financement de ces déplacements. En tant que téléspectateur, en regardant le grand prix à la TV, on se dit que c’est cool de les voir rouler en Chine ou ailleurs. Mais derrière, il y a un investissement financier énorme fait par les équipes et ça représente énormément de logistique pour les équipes.

Je l’ai vécu, j’ai roulé dans 5 structures en grands prix, en le vivant de l’intérieur, tu te rends compte de certaines choses.

@Elite-Motocross

Ce n’est pas simple pour les équipes. Si tu as des bons pilotes et que tu rentres beaucoup d’argent avec ces derniers, c’est plus facile, mais quand tu es une équipe avec des pilotes qui font entre 10 et 15, c’est très complexe.

On voit régulièrement des équipes faire l’impasse sur certains grands prix car les structures ne les emmènent pas. C’est ce qui est dommage.

Que Youthstream propose un championnat aux 4 coins du monde, c’est top, mais il faut que Youthstream mette la main à la poche et aide les équipes à se rendre sur ces grands prix de façon plus régulière pour que les grilles soient remplies.

Quand on regarde les grilles aujourd’hui, on se rend compte qu’un pilote lambda qui a les moyens est capable de marquer des points en grand prix dans certains pays.

Quand tu montes une équipe, que tes deux pilotes font entre les 15 et 20 en manches, je ne vois pas quelle est leur motivation pour aller faire un grand prix en Chine. C’est d’ailleurs pourquoi ils n’y vont pas. Il n’y a pas grand-chose à gagner pour eux si ce n’est de dire qu’ils ont fait tout le championnat du monde.

Est-ce qu’il y a réellement des retombées financières derrière ? Est-ce que ça botte les sponsors de voir les pilotes faire 20ème en Chine ? Je ne sais pas, sincèrement.

@Elite-Motocross

Le mondial avec des primes d’arrivée, ça redeviendrait populaire ?

Après une journée de roulage, quand un pilote se dit qu’il a réussi à gagner de l’argent, peu importe la somme, l’état d’esprit est différent. Je vais te dire une bêtise, mais un pilote qui fait 2 fois 8ème en manches et qui repart avec 2.000€ sera bien plus motivé qu’un pilote qui repart sans rien.

Il faut que les gens comprennent que certains pilotes sont capables de faire dans les 5 en MX2 ou dans les 10 en MXGP et pourtant ils ne touchent aucune prime d’arrivée. Ça représente énormément de pilotes.

@Elite-Motocross

Aujourd’hui, les équipes payent les pilotes, donc ce n’est pas simple. Ces équipes payent en général jusqu’au 3ème de chaque grand prix et il faut s’en rendre compte. La prise de risque est énorme, le niveau a évolué, ça roule très fort.

Je pense que des pilotes comme moi, Aranda, Soubeyras – pour parler des Français – qui ont arrêté les GP assez tôt, on aurait été plus tenté de continuer avec des primes d’arrivées. On aurait au moins pu couvrir nos frais.

On peut encore gagner sa vie en roulant en France ?

C’est possible, mais pas pour tout le monde. En France, le niveau a augmenté, le sport s’est professionnalisé, mais les primes ont baissé.

Quand je suis revenu de ma saison en Supercross US en 2014, j’ai fait ma première année en championnat de France Elite et c’était une bonne année car les primes étaient encore intéressantes. On était payé à notre juste valeur. Au fur et à mesure des saisons, ces primes ont baissé et on a maintenant peur de les voir disparaître, ce qui va surement finir par arriver vu la tournure des événements.

@Elite Motocross

On peut en vivre, mais il faut être devant. On doit être 5 Français aujourd’hui en Elite et en Supercross à en vivre correctement. Les autres gagnent leur vie, couvrent leurs frais, et beaucoup dépensent de l‘argent.

Je discute avec tout le monde sur le paddock. J’ai des amis qui roulent dans les 15 et 20 à l’Elite et décident de faire l’impasse sur certaines courses car c’est trop loin. Ils ne demandent pas de gagner des milles et des cents, mais en faisant 2 fois 15ème, ils vont gagner 150€. Entre l’hôtel, la nourriture, les péages et l’essence, ils en ont pour 600€. Personne n’a envie de mettre la moitié de sa paye dans une course de motocross, et je le comprends.

On parle quand même d’un championnat de France Elite, qui est un championnat reconnu, même en Europe. On a vu des étrangers venir rouler cette année en championnat de France Elite, des Américains, des Belges, des Suisses …

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@MxJuly

Jorge Prado serait-il Jorge Prado sans Red Bull KTM ?

Délicat. Jorge, on ne le connaît que sur KTM avec Redbull. Pour moi, aujourd’hui, c’est le pilotage de Jorge qui impressionne. Debout sur les reposes pieds, un pilotage moderne, il ne fait pas de vagues, il avance et il sait être spectaculaire quand il faut l’être.

Aujourd’hui, un Prado sur une Suzuki, une Yamaha ou une Kawasaki restera un Jorge Prado. Il aura toujours cette technique et ce pilotage. Jorge, c’est un ensemble. Il parle l’anglais couramment, il est sympathique, souriant, technique, rapide, il a le package complet.

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Sur la moto de Maxime Renaux, Jorge part-il devant 23 fois dans l’année ?

Pour ce qui est des départs de Jorge, c’est autre chose. Je pense que chaque moto est performante. La confiance en soi rentre aussi beaucoup en compte pour les départs avant même de parler de la moto. Regarde Mike Alessi, pour caricaturer, il a signé 100 holeshots sur 102 départs et pourtant, il n’a pas toujours eu la meilleure moto.

Une nouvelle catégorie EMX Open en 2020, catégorie en trop ?

Certaines personnes rêvent encore des GP, mais n’ont plus l’âge pour le 250 et ne sont pas en mesure d’espérer rentrer dans les 15/20 en mondial MXGP. Du coup, cette catégorie peut convenir pour ces pilotes.

Tout dépend du pays, ça marcherait peut-être en France en attirant de nouveaux pilotes. L’idée n’est pas bête sur le papier. J’attends de voir, j’aime bien voir ce que ça donne après un premier essai pour me faire une meilleure idée.

Pour la catégorie EMX2T, c’est étrange de garder cette catégorie. Mais si tu me demandes mon avis, je suis content que cette catégorie existe car on a encore envie de voir des deux temps sur les circuits et peut-être que le fait d’avoir un championnat deux temps de renom motivera les constructeurs à continuer la production des deux temps.

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Si on devait changer le report de points sur le national, on pourrait procéder de quelle façon ?

Le report de point n’est pas une bonne ni une mauvaise idée. Les pilotes ont des obligations auprès de leurs équipes et ne peuvent pas toujours rouler en national. C’est compréhensible.

Maintenant, moi j’ai connu ce report de points quand j’avais 12 ans en championnat de France Cadet puisque certaines épreuves de l’Europe tombaient en même temps. À l’époque, c’était bien fait car si je participais à l’Europe, les points marqués comptaient pour le championnat de France aussi.

@MxJuly

Dans mon cas, Stephen Rubini n’a même pas fait la manche qualificative au Portugal, ni les manches. Il faut que les gens comprennent mon coup de gueule. Dans le règlement, il est écrit que le pilote doit se qualifier. Hors une manche qualificative, c’est pour se qualifier, si on joue sur les mots. Hors Stephen n’a pas pris part à la manche qualificative au Portugal et il a tout de même bénéficié du report des points. La fédération a joué sur le fait qu’il n’y avait pas vraiment besoin de passer par la manche qualificative pour se qualifier en mondial puisqu’on peut se qualifier directement via les essais chronos.

Il faut aussi savoir que ce coup de gueule – pour faire la lumière sur cet incident – vient aussi d’un changement fait au règlement au dernier moment. J’étais bien conscient de cette règle de report de points, mais il a été modifié au profit de Stephen.

Stephen devait rouler en Europe, son championnat principal, en même temps que le championnat de France Elite. Il y a eu une dérogation de faite pour que le règlement change et permette à Stephen de s’engager sur un autre championnat – le mondial MX2 – tout en bénéficiant du report de points.

C’est là que j’ai eu un problème, j’ai appris ça 2 épreuves avant la fin, c’est un avenant au règlement qui a été rajouté en cours de saison.

@MxJuly

Je me pose la question, si je décide de rouler en championnat du monde lors des trois dernières épreuves qui concordent avec le National, sans même rouler, juste en m’engageant, j’ai un report de points aussi. Il y a des choses à revoir.

J’en ai payé les frais cette année, mais beaucoup de pilotes en ont fait les frais aussi en ligue, en national. Malheureusement, on n’en a pas entendu parler. Il n’y a pas que moi dans cette situation-là

Tu subis la règle cette année, en as-tu – a contrario – déjà tiré bénéfice ?

Non, jamais, à part en 85 cadet à l’époque, une fois. J’ai d’ailleurs été champion de France Elite en 2012 sans ne jamais avoir bénéficié du report de points puisqu’il n’existait pas à l’époque alors que je faisais l’intégralité des grands prix.

C’est facile, l’an prochain, je m’inscris pour la première épreuve, je fais deux fois premier, derrière je m’inscris en Mondial pour les autres épreuves et j’attends le report de points.

La plupart des pilotes AMA qui ne viennent pas aux nations, ça t’étonne ?

Non, forcément. Ça fait 5 ans qu’ils viennent et prennent des fessées. Les Américains ont un ego assez costaud. Quand ils viennent en Europe, c’est pour nous faire voir qu’ils sont les meilleurs mais ils ne gagnent pas. Mentalement pour eux, c’est dur le retour au pays.

Pour le coup, un grand prix à Assen, ça ne fait pas non plus rêver des pilotes Européens de base. Donc que les Américains ne veulent pas venir, c’est aussi compréhensible. Le sable, ils n’en ont pas beaucoup chez eux.

Ils roulent les ¾ du temps en Supercross, roulent dans la terre le reste du temps. Ils ont bien Southwick, course qu’ils préparent une semaine avant l’épreuve et c’est terminé.

Ça va être dur pour eux.

Zach Osborne – @RelouwMXpics

Les nations 2019 seront-elles moins relevées que le championnat du monde MXGP ?

Non, je ne dirais pas ça. Les pilotes vont être vraiment très motivés de représenter leurs pays, leurs couleurs. Ils vont se donner à 110%, c’est pourquoi on a de belles courses aux nations. Je pense que ça rajoute même un cran au niveau car certains pilotes vont vouloir se montrer, montrer à leur pays qu’ils sont là pour le défendre.

Une nouvelle victoire de la France aux Nations, tu y crois ?

J’aimerais y croire, c’est certain, mais j’y crois moyennement. Je supporterais mon équipe quoi qu’il advienne.

Il y a une équipe Hollandaise au-dessus du lot cette année. Ils étaient aussi au-dessus l’an dernier à Redbud. Ils font seconds des nations avec seulement 2 pilotes vu que Vlaanderen était blessé.

Après, nos Français sont très forts et s’ils partent devant, ils le resteront, ils savent rouler. Ils font partie des meilleurs pilotes du monde même si nos meilleurs Français ne seront pas forcément présents. On a quand même de très bons pilotes, ça peut le faire !

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Le remplacement de Tom Vialle pour une histoire d’emplacement sur une casquette, tu en penses quoi ?

C’est délicat. Une guerre entre la fédé et Redbull. Je trouve que le fait de se renvoyer la balle, que tout le monde soit au courant des problèmes renvoie une mauvaise image pour notre sport.

Tom il a un bel avenir devant lui aujourd’hui chez Red Bull KTM, c’est une équipe qui lui fait confiance, avec laquelle il progresse. Je pense qu’il s’est retrouvé dans une position très délicate à gérer pour lui, il n’a que 18 ans.

Pour moi, ils auraient pu trouver des ententes pour le faire rouler. Maintenant, Tom est jeune, s’il ne fait pas les nations cette année, il les fera plus tard. Il a fait une très bonne année. Autant qu’il se concentre sur la fin de sa saison et les dernières épreuves du mondial.

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La course E-XBike à Imola, c’est ça l’avenir ?

J’ai peur que ce soit l’avenir et surtout, j’espère que ce ne sera pas l’avenir.

Il existe de belles motos électriques, on a pu le voir récemment. Là, on parle de vélos électriques. J’ai regardé un tour et j’ai arrêté.

Le motocross, c’est spectaculaire, c’est pourquoi il y a des spectateurs, des téléspectateurs. Là, pour le coup,  il n’y avait rien de spectaculaire. Si on continue comme ça, on va droit dans le mur.

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Retour sur un top 10 aux US à Ironman, tu y croyais ? Truc de dingue ! Tu comptes y retourner ?

J’avais besoin de me faire plaisir sur une course qui me tenait à cœur. J’avais fait une course avec Bud Racing 4 ans plus tôt en 250 mais j’avais mal roulé, je n’étais pas content de moi.

L’image contient peut-être : plein air

Valentin Teillet – 2014 – @Lebigusa.com

En 2018, je me suis dit que j’allais me faire plaisir à Ironman, que j’allais rouler à 200%. Je suis capable de me motiver seul sur une épreuve, de me surpasser.

Je suis parti tout seul avec ma copine, mon mécanicien m’a rejoint pour la course, c’était l’aventure vraiment.

À la base, je devais récupérer une 450, au final, c’était une 350, grosse surprise sur place. Je l’avais louée 1.500$ a une équipe sur place, elle appartenait à Joey Crown.

Sa 350 d’entraînement, c’était une moto rincée, les roulements de roues étaient morts et j’ai dû faire la course avec ça. J’ai dû aller acheter un embrayage chez Troy Lee Designs KTM qui m’ont donné des tenues au passage, je me suis démerdé comme j’ai pu.

Un top 10, un truc de dingue. Je ne m’y attendais pas. J’adore la boue, quand j’ai vu qu’il avait plu le matin, j’étais super content alors que tout le monde était déçu.

Est-ce que le fait d’avoir été positif à ce moment-là m’a sauvé ? Je ne sais pas mais j’ai pris les choses avec le sourire et j’ai roulé comme un chef tout le weekend. En seconde manche, je double Chad Reed avant de tomber, j’étais 6ème. Je repars 13ème pour revenir 10ème.

8-10 pour Valentin à Ironman 2018

Je pense que le niveau était un peu moins relevé à Ironman cette année-là, je dois l’admettre, ceci-dit, ça reste les USA, c’est nouveau, différent, il fallait s’adapter.

Y retourner ? Éventuellement, un jour. J’ai surtout envie d’entraîner des pilotes à l’avenir car avec ma carrière je pense que je peux leur apporter beaucoup de connaissances. Peut-être que dans l’avenir, je pourrais partir avec un pilote aux USA pour faire une saison, ça me botterait bien aussi.

Ce poignet qui lâche à Brienon, c’est sérieux ? C’est quoi la suite de ton programme ?

Grosse remise en question pour moi. Je n’étais déjà pas à 100% à Brienon. C’est la première fois de ma carrière que je me suis blessé sans tomber. Je me suis retourné le poignet – surement par manque de force suite à mon acromio-claviculaire survenu un mois et demi avant. Mon poignet n’était vraiment pas en bel état, il était décalé d’un centimètre et demi. J’ai été opéré le lendemain matin, je n’aurais aucune séquelle.

Cet incident, c’est une remise en question sur ma carrière. J’ai un gros projet pour l’année prochaine dans le monde de la moto dont je parlerai prochainement.

Je vais continuer à rouler un petit peu en choisissant mes compétitions. Je suis un passionné, je vis pour la moto. Ce que je veux, c’est faire des vidéos, me faire plaisir, du coaching, c’est ce que je vais rechercher l’année prochaine pour communiquer auprès de mes sponsors.

Parle-nous de VT coaching, c’est quoi cette plateforme exactement ?

VT coaching, c’est des cours de pilotage de MX et SX. Il y a aussi énormément de vidéos annexes à la moto dans lesquelles j’explique tous les points importants. C’est un programme très complet, un programme d’entraînement pour progresser en motocross. Aujourd’hui j’ai 100% de retour positif. C’est nouveau en motocross. Ça se fait dans d’autres sports. Pour résumé, c’est un programme d’entraînement via des vidéos sur Internet. C’est payant, c’est peu cher, raisonnable.

Pour le moment, nous ne faisons pas de cas par car mais nous allons évoluer car je suis en train de passer mon diplôme d’état pour être éducateur sportif et ce diplôme va me permettre de passer à l’étape supérieur et proposer un réel suivi avec ces pilotes-là.

Le coaching, c’est la base du motocross. Il faut une structure d’entraînement bien spécifique pour leur permettre d’évoluer et de progresser.

Aujourd’hui, le pilote qui veut progresser doit savoir quoi faire tous les jours de la semaine.

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Dans tous les sports, on est conscient de l’importance d’un programme détaillé et suivi, pourtant, on a  seulement l’impression que les pilotes réalisent qu’il faut s’y mettre de façon plus professionnelle dans le motocross aussi, sur le tard.

Les gens sont étonnés de voir un Herlings, un Prado ou un Roczen être aussi bon si jeune. Être champion du monde à 16 ans dans le cas de Prado, c’est quand même quelque chose.

Moi, je ne suis pas étonné, ces pilotes-là ont gagné 4 ans par rapport à tout le monde car 4 ans avant ils étaient déjà professionnalisés. Ils savaient ce qu’ils avaient à faire le matin en se réveillant, etc. Ils étaient très structurés. Quand j’étais coéquipier de Jeffrey Herlings chez Martens, je l’ai vu en Europe, j’avais 17 ans et lui 13 ans.

Jeffrey Herlings – Agueda 2010

Herlings se préparait ses collations le matin pour la journée, après sa session, il préparait ses lunettes, il savait ce qu’il fallait faire dans la journée, il n’y a pas de secrets. Il était plus structuré à 13 ans que la plupart des pilotes de grands prix aujourd’hui.

Le sport de haut niveau, c’est un métier. Il faut prendre conscience que tout ce que tu fais pour réussir dans ta journée, ce n’est pas une corvée, c’est une source de satisfaction. À la fin de la journée, quand tu as fait ce qu’il fallait, il faut savoir être fier du travail accompli et se rendre compte que ce dernier va servir à progresser.

Ton meilleur et pire souvenir en piste ?

Meilleur souvenir, le grand prix du Brésil en 2009.

Le samedi matin, grosse pluie. Premier grand prix, finale de championnat du monde. Je voulais vraiment faire quelque chose de bien. On part pour rejoindre le circuit et on apprend que le circuit est trop boueux et les séances du samedi sont annulées. Je suis un peu déçu et je rentre à l’hôtel, on s’ennuie un peu. Le lendemain matin, on part de bonne heure car les essais avaient été décalés. On était un peu pressé sur la route, un poil en retard, et on a eu un accident sur la route. Personne n’a été blessé, j’étais avec Roelants dans la voiture, c’était mon coéquipier à l’époque. On arrive très en retard pour la séance d’essais, je fais quoi, 3 tours de piste avant d’aller aux chronos et je signe le 3ème temps. J’étais à l’aise sur la piste, elle me plaisait.

L’après-midi, j’ai fait la meilleure manche de toute ma carrière en GP en signant la 3ème place en première manche. Je me suis tiré une bourre avec Ken Roczen pendant 10 minutes, on scrubbait, on whippait de partout, un très bon souvenir.

Un mauvais souvenir, le championnat de France Elite en 2016.

Dernière épreuve, on était séparé de trois fois rien aux points avec Gregory Aranda. À deux tours de la fin – alors que j’étais auteur d’une bonne manche – je casse ma roue et je perds le titre.

Sur quoi se base l’essentiel de la progression d’un pilote ?

Il faut baser la progression sur une réelle structure d’entraînement. Il faut un programme pour le sportif, qu’il sache ce qu’il a à faire. Il faut qu’il passe des heures à rouler sur la moto, mais pas n’importe comment.

Aujourd’hui, le pilote ne doit pas aller rouler pour rouler. C’est l’essence de la progression. Un jeune pilote de 12, 15 ou 20 ans est plus attiré par des façades, des beaux camions sur les GP et des équipes qui au final n’ont aucune structure.

Pourtant, aujourd’hui, les parents devraient investir dans un team avec une vraie structure : un entraîneur, une hygiène de vie, un programme … Ou alors simplement prendre un entraîneur qui apportera l’essentiel au jeune pour progresser.

À 15 ans aujourd’hui, pas besoin que tout brille autour de toi, ce qu’il faut surtout, c’est enchaîner les tours, progresser efficacement avec un programme bien établi.

@Mototribu

Valentin souhaite remercier tous les partenaires qui lui font confiance depuis de nombreuses années ainsi que l’équipe JPM.


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