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Une course, une histoire – Charles Lefrançois


Une course, une histoire”; c’est une rubrique sans prétention qui a pour objectif de vous permettre de replonger dans les moments les plus marquants des carrières de vos pilotes tricolores favoris. Amateur d’anecdotes ou d’histoires insolites, on fouille dans des souvenirs, parfois lointains …

Pour ce 10ème opus de la rubrique “une course, une histoire”, Charles Lefrançois y va de sa petite anecdote. Le pilote Normand écume les championnats nationaux de Motocross et de Supercross ces dernières années et s’était même offert trois finales de Supercross US en 2019. On avait quelque peu perdu la trace de Charles depuis son retour des USA en début d’année alors que ce dernier devait intégrer la structure JGR Suzuki pour effectuer un remplacement aux USA … On a retrouvé l’intéressé pour un entretien en long, en large, et en travers; mais d’abord, rubrique !

Charles Lefrançois

“En 2010, je fais ma première année avec le team NGS de Bruno Losito. J’avais vraiment décroché une grosse opportunité en rejoignant ce team là parce que l’année précédente, en 2009, j’étais vraiment un pilote amateur. Je faisais le championnat de France National ainsi que quelques Supercross en SX2 en fin d’année mais pour te dire, je ne me qualifiais même pas, ou à peine, pour les finales sur le SX Tour.

Bruno Losito arrêtait les grands-prix avec Marvin Musquin, je n’habitais pas très loin du Havre et je connaissais Bruno depuis des années. Je suis rentré dans le team à ce moment-là car Bruno mettait le team en stand-by au niveau des grands-prix en 2010. Il voulait repartir sur quelque chose de plus soft après l’histoire Marvin / NGS / KTM en 2009.

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En 2010, Bruno Losito est donc parti avec moi, et seulement moi, sur les courses. On partait en camping-car, c’était un petit programme. De temps-en-temps, il déplaçait toute sa structure mais la plupart du temps, on était tous les deux et on avait juste un mécanicien sur les courses.

C’était un pari osé de la part de Bruno car en 2009, sur l’Elite, j’avais du mal à marquer des points, c’était à coup de un, ou deux points par ci, par là, je finissais aux alentours du top 20.

Pourtant, dès la première saison avec le team NGS, je termine troisième de l’Elite MX2, c’était vraiment bien.

La course qui m’a le plus marqué durant ma carrière, c’est en 2010. Au SX de la Bosse de Bretagne.

Je roulais normalement en 250, j’avais à peine 20 ans. À l’époque, les pilotes du SX1 et du SX2 étaient mélangés. Il n’y avait qu’une seule catégorie.

J’avais participé à la première épreuve du championnat, j’avais terminé 8ème de souvenir, à La Pampa. Il n’y avait pas de classement séparé entre les catégories. 10 jours avant l’épreuve de La Bosse de Bretagne, Bruno me dit “Tu devrais rouler en 450”.

J’avais un peu peur de ne pas tenir la moto. J’ai fait un entraînement quand même et j’ai eu un super bon feeling sur la 450 CRF. Je suis arrivé à La Bosse et là, je fais deuxième de ma série, deuxième de ma demi-finale. En finale, je pars en tête, et je gagne.

Je suis originaire de Normandie mais je suis licencié du club de La Bosse de Bretagne depuis plus de 10 ans. Dès l’après-midi, je signe un bon temps chrono aux alentours de la 5ème ou de la 6ème place. J’étais déjà bien content. Je n’avais même pas d’objectif précis sur cette course là. Je m’étais dit “Je vais faire dans les 10, et si je ne roule pas trop mal, peut-être 5ème ou 6ème.”. Je n’avais pas la pression du résultat.

Dès le début de la soirée, à chaque fois que j’étais en bagarre pour gagner ma série ou la demi-finale, tout le public Breton était derrière moi, le speaker était vraiment chaud, j’étais le seul du club à pouvoir faire une bonne perf’ ce soir-là. Quand je suis parti en tête en finale, le speaker s’est concentré sur moi. Au début, je me suis dit que j’allais tenir quelques tours devant, puis à la mi-manche, j’ai vu que personne ne doublait, et j’ai fini par aller au bout comme ça. C’était une énorme surprise, j’avais Fabien Izoird derrière moi et j’ai tenu tout le long.

C’était vraiment une course spéciale, je ne m’attendais pas du tout à gagner, et mes adversaires ne pensaient pas que j’étais capable de faire une telle perf’. En piste, il y avait Izoird, Lesage, Coulon, Esposti, etc … Tout le monde. À cette époque-là Soubeyras était encore en GP.

C’était fou, et assez drôle, car l’année d’avant, je n’arrivais pas vraiment à me qualifier pour les finales et dès la première année avec Bruno, j’ai gagné une finale en SX Tour et c’était pour le moins inattendu. J’ai surpris tout le monde, et je me suis surpris moi-même.

Avant de connaître Bruno, j’allais m’entraîner avec mes parents mais il n’y avait rien de très professionnel. On a commencé la moto par loisir, on n’y allait pas vraiment pour performer, il n’y avait pas de contraintes, c’était “à la cool”.

Quand j’ai connu Bruno Losito, je me suis mis à faire du sport, des entraînements suivis et réguliers, beaucoup plus de moto et de travail technique. Tout de suite, je me suis professionnalisé. C’est pour ça que j’ai passé un cap.

Avant, j’allais faire de la moto sans faire de chronos, sans faire de manches, c’était un plaisir où un loisir. Malgré mes bons résultats en championnat de France National où ma présence sur l’Elite, je n’étais pas du tout professionnel.

Le weekend suivant, il y a eu Saint Valery en Caux – un Supercross qui existait avant – que j’ai de nouveau gagné devant tout le plateau du SX Tour de l’époque. Après quoi, j’espérais faire un gros résultat sur le Supercross de Bercy mais je me suis fait mal sur une grosse chute.

L’année suivante, en 2011, avec Bruno, on avait pris la décision de faire l’Europe 250 vu que j’avais fait une bonne saison en Elite MX2. J’avais passé un cap grâce au travail, au sérieux, et grâce à une moto plus aboutie.

Une course, une histoire – Charles Lefrançois

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